Drame de Mbankolo : un grand journal camerounais livre le vrai coupable

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Wed, 18 Oct 2023 Source: La nouvelle

Cet incivisme érigé en vertu

Les pluies torrentielles enregistrées ces derniers jours dans la capitale camerounaise sont certes à l’origine du drame de Mbankolo, mais il faut davantage décrier l’incivisme des populations qui se traduit par l’occupation des zones non constructibles. Et ce, en dépit parfois des différentes sonnettes d’alerte des autorités administratives ou de la société civile.

a soirée du 8 octobre 2023 et les fortes précipitations qui se sont abattues ce jour-là ont fait de très nombreux dégâts et semé la mort au quartier Mbankolo à Yaoundé. A première vue on pourrait afficher une attitude de résignation et se dire que quand les éléments de la nature se déchaînent, l'humain n’y peut rien. Pourtant, à regarder et à analyser avec froideur cette catastrophe, tout laisse penser qu'elle était prévisible et qu'il était même consigné quelque part que cela finira par arriver. Surtout lorsque l’affreuse réalité du développement urbain vient contredire les concupiscences de ceux qui veulent avoir absolument l’accès à la propriété foncière, cela donne ipso facto les scènes apocalyptiques comme celle vécue le 8 octobre dernier au quartier Mbankolo. Maintenant que cela est donc arrivé, à qui la faute ? Qui en porte la responsabilité ? Il ne s'agit aucunement de trouver des boucs émissaires faciles comme certains non outillés le font allègrement. Il est question ici d'aller à la genèse du mal. Le Cameroun comme de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne connaît une urbanisation galoL pante du fait de facteurs croisés. Ce qui exerce une forte pression sur l'offre foncière. Ce phénomène donne donc lieu à des constructions qui défient généralement toutes les lois de la physique et toutes les règles en matière d'urbanisme. Tout espace devient constructible : marécages, flancs de collines, vallées inondables... Tout y passe. Pourtant des textes réglementaires existent en la matière, mais personne n'en a cure. Si les autorités qui détiennent chacune une parcelle de pouvoir et ayant voix au chapitre ne font rien, les citoyens qui veulent à tout prix, voire à tous les prix, s'installer en zone urbaine en profitent. Le drame de Mbankolo n'est qu'une infime illustration de cette incurie qui n'est plus rampante, mais plutôt galopante qui enserre la société. Pour ce qui est de Mbankolo, comment expliquer que les nombreuses alertes données à ce sujet depuis des années et notamment ce cri d'alarme du confrère Jean Robert Fouda, du journal Repères, en 2019, n’ait attiré l’attention de personne ? « Alerte rouge au pied du mont Mbankolo à Yaoundé », écrivait-il, avant d’ajouter : « Bientôt si aucune mesure n'est prise, le Cameroun va pleurer d'autres morts. Un de commandement territorial, les mairies d'arrondissement et encore moins les populations, personne n’a pris en compte cet avertissement.

Manifestement personne. Pour de nombreux observateurs, Mbankolo est en réalité un tout petit morceau choisi de cette délinquance urbaine ambiante que l'on retrouve pratiquement partout aujourd’hui dans les grandes villes camerounaises. Pour revenir à la question des constructions anarchiques dans les zones non constructibles, des bâtiments poussent au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités et sans la moindre conformité à la réglementation jusqu’au jour où, sous l’effet d’une pluie diluvienne, elles s'écroulent et sèment mort et désolation. Alors question : les pouvoirs publics vont-ils enfin, résolument, prendre le taureau par les cornes pour nous éviter des scénarios comme celui de Mbankolo ? C’est ce que laisse croire le gouvernement au terme de la réunion de crise organisée la semaine dernière par le Premier ministre, Chief Doctor Joseph Dion Ngute. éboulement géant peut survenir à n'importe quel moment ». Il poursuivait en déclarant sentencieux : « Il faut absolument que les autorités fassent quelque chose ». Du chef du gouvernement, au chef de quartier, en passant par les différents ministres et autres représentants de la chaine

Source: La nouvelle