Drame : un chef de village pendu par des preneurs d'otage

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Wed, 20 Mar 2024 Source: L'œil du Sahel n°1919 du 18 mars 2024

Sa Majesté Kétchékétché Sali, chef du village Eléphant dans l’arrondissement de Touboro, a été monstrueusement torturé et assassiné par des preneurs d’otages. Il a été kidnappé le 04 mars dernier dans son champ et conduit dans une destination inconnue. Le village a été informé de sa mort il n’y a que quelques heures. « Depuis son enlèvement le 04 mars dernier, nous sommes restés sans nouvelles de lui jusqu’au 16 mars, date à laquelle quelques-uns de ses compagnons de captivité ont réussi à s’échapper des mailles de leurs bourreaux. C’est quand ils ont rallié la localité de Touboro qu’ils nous ont donné la nouvelle de sa mort », déclare Passané Oumarou, habitant de Sassa Péthel, ex-otage.

« Ils l’ont sauvagement bastonné et ont cherché à le contraindre à marcher. Épuisé et même physiquement diminué, ce dernier ne pouvait marcher. C’est comme ça qu’ils l’ont pendu à un arbre à l’aide des câbles des freins des motos et l’y ont abandonné. Il est donc mort suspendu à un arbre », a-t-il ajouté. Et de commenter : « Nous imaginons la souffrance qu’il a endurée avant de rendre l’âme ».

L’intervention de l’armée tchadienne a été à l’origine du démantèlement du campement de ces hors-la-loi et de la libération de quelques otages. Après avoir repéré et survolé leur campement pendant trois jours successifs, l’armée tchadienne a lancé une offensive aérienne. Ils avaient pressenti le danger et ont voulu déplacer les otages. Ils leur ont ôté les chaines des pieds et des mains pour leur permettre de se mouvoir. Mal leur en a pris car l’armée est intervenue quelques minutes avant qu’ils ne quittent le campement.

« C’est grâce à l’armée tchadienne que nous sommes libres aujourd’hui. Ils ont intervenu au moment idoine. Nous qui avions mis plus d’un mois avec eux, ils nous ont ôté les chaines. Ils allaient nous déplacer. Pendant qu’ils y pensaient, l’armée tchadienne a ouvert le feu sur le camp. C’était une opération aérienne. L’armée a bombardé le site à bord d’un hélicoptère. Ce fut donc la débandade totale. C’est pendant ce moment que nous avons réussi à nous enfuir », rapporte Passané Oumarou.

On apprend qu’ils étaient au total 16 otages, tous Camerounais et pour la part résidant du Mayo Rey, mais ont été conduits en terre tchadienne d’abord. « C’est au Tchad qu’ils nous ont emmenés. Ils nous ont fait subir toutes sortes de sévices et nous faisaient déplacer régulièrement d’un site à un autre. C’est pendant ces déplacements qu’ils ôtaient les chaines aux pieds. Ayant été copieusement bastonnés, le chef d’Éléphant ne pouvait obtempérer à leurs instructions, non parce qu’ils refusaient, mais juste parce qu’il ne pouvait plus. Ils ont vu en son incapacité de marcher, un refus de se soumettre à eux. Ce qui les a poussés à le pendre deux jours avant notre libération », explique l’ex-otage. « Il a été abandonné attaché à un arbre au milieu d’une brousse. C’est pathétique », fulmine-t-il.

Le village d’Eléphant porte le deuil. La chefferie est prise d’assaut par les populations qui viennent se recueillir et rendre un dernier hommage à leur guide.

Source: L'œil du Sahel n°1919 du 18 mars 2024