Ils sont trois entrepreneurs, tous originaires d’Afrique, de nationalités différentes, mais avec un objectif commun: transformer les fèves de cacao en chocolat, pour en faire un chocolat 100% Made in Africa.
Le combat pour porter haut le chocolat africain, Nathalie Kpanté le mène depuis plusieurs années déjà.
Co-fondatrice de ChocoTogo, une entreprise togolaise qui travaille dans la transformation du cacao, c’est en 2013 que son aventure avec le chocolat démarre : “Nous avons été formé en entrepreneuriat agricole. C’est cette formation qui nous a permis de voyager en Italie. Donc c’est de là que le déclic est né."
De retour au pays, elle fait des recherches qui lui révèlent que le cacao du Togo n'était pas transformé, mais plutôt destiné à l'exportation. " C’est ainsi que nous avons décidé de démarrer notre activité avec les moyens de bord. Petit à petit, nous avons acquis des équipements, et nous sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui”, confie Nathalie Kpanté
Pourtant originaire d’un pays qui n’est pas réputé pour sa production en cacao, Nathalie a tout de même voulu faire connaître et frayer un chemin au cacao du Togo qu’elle définit comme étant “vraiment exceptionnel”. Un chemin aux côtés des leaders dans le domaine.
“Mon but c’est de valoriser le Made in Côte d’Ivoire”
Quand on parle de leaders, qui d’autres que la Côte d’Ivoire, qui produit à elle seule 2.2 millions de tonnes de cacao par an, et le Ghana qui produit près d’1 million de tonnes, selon l’Organisation Internationale du Cacao. Faisant ainsi du continent africain le plus grand producteur de cacao au monde.
De grands producteurs de cacao, qui peinent encore à le transformer. Un défi que Viviane Kouamé, tout comme Nathalie Kpanté, a décidé de relever.
Originaire de Côte d’Ivoire, Viviane s’est longtemps interrogée sur l’absence d’unités de transformation du cacao dans son pays. C’est ainsi qu’en 2021, elle crée sa propre entreprise, Chocovi, pour fabriquer et vendre du chocolat: “ Je suis retournée en Italie pour faire une formation sur la transformation, depuis la fève de cacao jusqu’au produit fini. À mon retour, l’aventure chocovi a démarré. Mon but c’est de pouvoir valoriser le Made in Côte d’Ivoire. Des fèves de cacao d’exception...au chocolat d’excellence”a-t-elle confié lors d'un entretien avec Reuters.
Mettre le chocolat camerounais en avant
Dieudonné Ndeh, s’est fixé les mêmes objectifs que Viviane, mais plus précisément au Cameroun, pays qui produit près de 300 000 tonnes de cacao par an.
Dans la transformation du cacao depuis 2015 et dans la production du chocolat depuis 2019, sa particularité est qu’il a decidé de transférer son savoir-faire surtout aux femmes, ceci pour des raisons précises : “Les femmes n’avaient pas de sources de revenus. On a eu cette idée de pouvoir leur donner une formation qui pouvait leur permettre de développer une source de revenus. On a parcouru pratiquement 10 localités, 10 zones rurales pour les former à la transformation du cacao, et nous sommes très heureux de voir les résultats”.
Une évolution qui présente néanmoins de nombreux défis
Si la production locale du chocolat est une fierté pour les africains, elle s’accompagne tout de même de nombreuses difficultés pour les entrepreneurs qui se lancent dans ce domaine.
“Le 1er défi, c’est l’accès aux équipements de transformation et également l’accès au financement”, confie Dieudonné Ndeh. “Si nous nous avons un minimum d’appui, nous pouvons produire le meilleur chocolat”, poursuit-il.
Pour Viviane Kouamé, la recherche d'investisseurs est indispensable pour pouvoir passer à l'échelle supérieure, étant donné que la chaine de production demande beaucoup de main d'œuvre et d'investissement.
Nathalie Kpanté quant à elle décrie surtout un défi d’ordre culturel, : “Le chocolat n’est pas dans l’habitude alimentaire du Togolais. Donc on a dû faire un travail à la base” déclare-t-elle.
Et à la question de savoir si l’activité est rentable : “Si nous sommes là depuis plus de 8 ans, cela veut dire en quelque sorte que la chocolaterie nous nourrit. La commercialisation évolue sur le plan national comme international”, confie-t-elle.
Un chocolat de qualité, malgré les défis
Produire un chocolat de qualité, c’est le leitmotiv de Dieudonné Ndeh qui ne manque pas de se réjouir de la qualité de son chocolat : “ Nous avons l’art. Pour la petite histoire, nous étions au Salon du Chocolat en novembre dernier à Paris, Porte de Versailles, notre chocolat 100% pur cacao fut l’un des chocolats les plus prisés, parce que les gens ne comprenaient pas qu’un chocolat qui n’a aucun additif, aucun ajout, pas de sucre, que du cacao pur, soit aussi agréable dans la bouche”. Et Nathalie Kpanté de rajouter : “Notre chocolat est différent, il est bon pour la santé. Dans nos produits il n’y a ni conservateurs, ni matière grasse, ni émulsifiants”.
Malgré le chemin qui reste encore à faire pour davantage valoriser le chocolat 100% Made in Africa, nos entrepreneurs se disent déjà satisfaits des résultats obtenus jusqu’ici.