Une enquête périlleuse révèle les dessous d'une tentative de coup d'État fomentée dans l'ombre de la succession de Paul Biya.
L’enquête de notre confrère Thomas Dietrich aurait dû lui coûter la vie. Alors qu’il enquêtait à Douala sur des rumeurs de putsch, le journaliste français a échappé de justesse à une embuscade. Son crime ? Avoir découvert les preuves d’une opération secrète visant à renverser le pouvoir à Yaoundé, impliquant des mercenaires et, dans l’ombre, des intérêts français.
Le scénario semble tiré d’un thriller géopolitique. À la frontière entre le Cameroun et la Centrafrique, environ 300 mercenaires tchadiens et centrafricains, vétérans de conflits dans la région, ont été embauchés par un mystérieux commanditaire camerounais. Leur mission : infiltrer le pays munis de fausses cartes d’identité, neutraliser les postes de contrôle stratégiques sur l’axe Garoua-Boulaï/Yaoundé, et ouvrir la voie à une colonne blindée devant s’emparer de la capitale.
« L’idée était de profiter du vide ou des troubles suivant la disparition de Paul Biya pour installer un clan favorable au commanditaire », explique une source sécuritaire sous couvert d’anonymat. Des enregistrements audio, que Thomas a pu écouter, détaillent avec une précision glaçante le plan d’action : distribution d’uniformes de gendarmes, horaires d’assaut et points de prise de contrôle.
Au cœur de ce complot, une figure bien connue des réseaux franco-africains : Roger Sebbagh. Ce « barbouze » français, impliqué dans la tentative de putsch de 2015 au Burkina Faso, apparaît dans des enregistrements en train de donner des instructions aux mercenaires. Son implication suggère que des intérêts français, officieux, pourraient soutenir une reconfiguration du pouvoir à Yaoundé.
La présidence camerounaise, contactée par nos soins, n’a pas répondu à nos sollicitations. Du côté de l’Élysée, on affirme « suivre la situation avec attention » sans autre commentaire.
Cette révélation intervient dans un contexte de flou total autour de l’état de santé du président Biya, dont la dernière apparition publique remonte au 4 septembre. Alors que les clans se déchirent pour sa succession, cette menace putschiste, bien réelle, illustre la fragilité extrême d’un pays au bord de l’implosion.