Dans une affaire qui ébranle le secteur énergétique camerounais, des sources proches du dossier ont révélé à notre rédaction des soupçons de malversations financières au barrage hydroélectrique de Mekin. Le directeur général, M. BIYA MOTTO, est au cœur d'une controverse qui soulève de sérieuses questions sur la gestion des infrastructures énergétiques du pays.
Depuis la semaine dernière, le barrage hydroélectrique de Mekin, situé dans la région du Sud du Cameroun, est totalement à l'arrêt. La cause ? Une panne des pompes qui paralyse l'ensemble de l'installation. Face à cette situation critique, une réunion de crise s'est tenue sur le site même du barrage, rassemblant les principaux responsables de l'infrastructure.
C'est lors de cette réunion que M. BIYA MOTTO, directeur général du barrage, aurait proposé une solution pour le moins surprenante et qui suscite aujourd'hui la polémique. Selon nos sources, le directeur a annoncé son intention de louer une motopompe au prix de 100 000 FCFA par jour, et ce pour une durée de 5 mois, afin d'évacuer l'eau et permettre les réparations nécessaires.
Un rapide calcul permet de mettre en lumière l'aberration financière de cette proposition. Sur une période de 5 mois, soit environ 150 jours, le coût total de cette location s'élèverait à 15 millions de FCFA. Cette somme astronomique dépasse largement le prix d'achat d'une, voire plusieurs motopompes neuves de qualité industrielle.
"Il s'agit d'une volonté manifeste de vol", nous confie une source proche du dossier sous couvert d'anonymat. "Comment peut-on justifier une telle dépense alors qu'avec une fraction de cette somme, nous pourrions acquérir l'équipement nécessaire et le conserver pour des utilisations futures ?"
Pour comprendre l'ampleur de cette affaire, il est nécessaire de replacer cet incident dans le contexte plus large de l'histoire tumultueuse du barrage de Mekin :
- Initialement, la mise en service du barrage était prévue pour 2015, promettant de renforcer considérablement la capacité énergétique de la région.
- Après cinq longues années de retard, marquées par des dépassements de budget et des problèmes techniques récurrents, l'inauguration a finalement eu lieu en 2020.
- À peine deux ans après cette mise en service tardive, en 2022, le barrage a connu un premier arrêt majeur, soulevant déjà des interrogations sur la qualité de sa construction et de sa maintenance.
- Et voilà qu'en 2024, soit quatre ans seulement après son inauguration, le barrage est de nouveau à l'arrêt, cette fois-ci pour une panne qui semble plus grave encore.
Cette série de retards, de dysfonctionnements et maintenant de soupçons de malversations financières jette une ombre inquiétante sur la gestion globale de ce projet d'envergure nationale.
L'arrêt prolongé du barrage de Mekin n'est pas sans conséquences pour la population et l'économie locale. Plusieurs villages et entreprises de la région dépendent de cette infrastructure pour leur approvisionnement en électricité. Les coupures de courant répétées affectent non seulement la qualité de vie des habitants, mais aussi la productivité des entreprises locales.
"Nous ne pouvons plus travailler normalement", se plaint Jean K., propriétaire d'une petite menuiserie dans un village voisin. "Les coupures sont fréquentes et maintenant, avec cet arrêt total, nous sommes obligés de recourir à des générateurs coûteux. Combien de temps cela va-t-il encore durer ?"