Éducation : comprendre le gros scandale au Gce Board 2023

Accusés sans preuves de fraude et suspendus pour un an

Mon, 7 Aug 2023 Source: Le Messager

Accusés sans preuves de fraude et suspendus pour un an, les 33 candidats inscrits au sous-centre de la Fierté Bilingual International College crient à l’injustice, puisqu’à ce jour, aucun élément matériel et aucune notification officielle de cet Office n’ont été produits. Parents et élèves demandent l'intervention du Premier ministre si ce n’est le Chef de l'Etat. Jeudi 3 août 2023, des parents d’élèves, de retour de Buea où ils sont allés plaider auprès des responsables du Gce Board, avaient à cœur de mettre au courant tous ceux n’ayant pas effectués le déplacement.

Pendant de longues heures, ils ont rendus fidèlement compte de ce qui ressort de ce voyage initié pour crier à l’injustice. Le cadre pour ces échanges est le collège bilingue la Fierté de Yaoundé, retenu comme sous-centre de l'examen querellé. Problème ? Ils sont une trentaine de candidats inscrits au General certificate education (Gce) advanced level (A/Level) de la session 2023, mais qui ont perdu le sommeil depuis la publication des résultats le 24 juillet dernier par le Gce Board, organe en charge d’organiser les examens du second cycle du sous-système anglophone au Cameroun. Inscrits au sous-centre de la Fierté Bilingual International College, un établissement scolaire ouvert à Yaoundé, ces élèves, pour la plupart, ont la particularité d'être des meilleurs de leur établissement, à en croire les témoignages des responsables de l’administration. Plus intrigant, ils ont été sanctionnés et suspendus pour un an à toute participation au Gce.

« Honnêtement, je n'arrive pas à comprendre comment on peut me dire que j'ai échoué ou triché alors que j'ai appris ; j'ai passé des nuits blanches pendant neuf mois pour obtenir cet examen. Mes parents m'ont acheté toutes mes fournitures scolaires ; j'ai réussi normalement à tous les examens blancs. J'ai été très choqué de ne pas voir mon nom sur la liste des admis et encore plus choqué quand on me dit que j'ai triché. Depuis que je fréquente, je ne connais pas ce mot. Les surveillants étaient assez rigoureux il n’y avait pas de place pour la tricherie ou à la communication avec un camarade », s’indigne l'un des élèves qui n’arrive pas à digérer cette situation.

Si chez les enfants c'est la tourmente, c'est également le cas chez plusieurs parents qui ne savent plus à quel saint se vouer face à ce qu'ils considèrent comme étant une véritable mafia. « Après la proclamation des résultats le 25 juillet dernier, mon fils qui a toujours été le premier de son établissement avec une moyenne de 17/20, n’a malheureusement pas eu son résultat. A présent, je ne sais pas ce que je vais faire de son avenir car en réalité, il ne peut composer qu'en 2025. Pour un jeune de son âge, j'ai peur qu'il sombre dans la dépression, la mauvaise compagnie etc », craint un parent dépité.

Arrogance et mépris

Ce n'est pas faute d'avoir tenté de rencontrer les responsables de cet office dans l'une de leur base de Buea. Malheureusement, les parents feront face à des fonctionnaires extrêmement arrogants et à la limite, méprisants. « Allez inscrire vos enfants au Nigeria ! Nous ne pouvons plus rien faire pour vous. La situation est irrévocable », aurait lancé un responsable aux quatre parents du collectif venus de Yaoundé pour tenter d’avoir des réponses et des explications à leurs questionnements. «Au départ, j’ai cru ma fille avait échoué. Mais, lorsque j’ai appelé un examinateur du Gce, connaissant les performances scolaires de cette dernière, l’examinateur m’a dit qu’il est impossible que ma fille ne soit pas admise à son examen. C’est lui qui m’a donné l’information selon laquelle le Gce Board a suspendu plusieurs candidats et que ma fille faisait partie du lot », renseigne un parent d’élève qui promet espère que lumière sera faite sur cette affaire qui défraie déjà la chronique à Yaoundé.

Il s’agit en effet de 33 candidats qui sont concernés par cette situation qui a pour épicentre la Fierté Bilingual International College. Le lendemain de la publication des résultats, soit le 24 juillet, les parents des élèves concernés ont pris d’assaut l’établissement scolaire situé au quartier Nkoabang pour s’enquérir de la situation. « Après une première réunion il y'a plus d'une semaine avec les parents, nous nous sommes rapprochés de l’antenne régionale du Gce Board du Centre. À ce niveau, nous avons été informés que nos élèves ont été sanctionnés pour fraude massive parce que des similitudes ont été observées entre les réponses, notamment sur l’épreuve de Mathématiques. Une fraude qui, d’après les responsables de cette antenne, n’a été observée que par les correcteurs. Car, le rapport du chargé de mission fait foi. Et pour le cas d'espèce, le chargé de mission dit n'avoir rien vu comme fraude », indique un conseiller pédagogique à la Fierté Bilingual International College.

Courroucés, les parents disent ne pas comprendre comment le Gce Board peut sanctionner des candidats sans enquête préalable encore moins sans avoir écouté les candidats. Bien plus, ces derniers affirment qu’on ne peut parler de fraude massive parce qu’il y a eu des similitudes sur l’épreuve de Mathématiques ; les Mathématiques étant une science exacte. Les candidats dans la détresse Les 33 candidats concernés dont l’âge varie en 15 et 17 ans étaient dans des salles d’examen différentes. « On nous accuse d’avoir triché en Mathématique parce que nous avons les mêmes réponses. Pourtant je sais qu’il y a un cheminement dans cette matière qui mène au même résultat. Encore qu'avant les examens, on ne se voyait plus avec d'autres camarades », raconte un des candidats.

Face à cette situation qui plonge davantage les candidats dans la détresse, les parents déplorent la lenteur des responsables de cet établissement scolaire qui semblent ne pas prendre au sérieux la situation dans laquelle se trouvent les candidats. Pourtant, le temps réservé aux requêtes ne cesse de s'effriter. Suffisant pour conclure que l’établissement scolaire incriminé a plus le souci de sauver son image que celui des enfants en détresse. « Depuis le 26 juillet dernier que nous nous sommes retrouvés pour une première réunion de crise, nous avons l’impression que rien n’avance. Nous sommes d’ailleurs surpris qu’aucune requête formelle n’a pas encore été acheminée au siège du Gce Board », se plaint un parent. Ce qui en rajoute à la suspicion vis-à-vis de cet établissement scolaire. « La Fierté Bilingual International College n’était pas le seul établissement concerné par ce problème au niveau du Gce. Nous connaissons deux autres où les responsables se sont aussitôt mobilisés après la publication des résultats et les candidats ont immédiatement été établis dans leurs droits, sans l'intervention des parents », ajoute un autre parent qui pense qu’il s’agirait d’une sanction pécuniaire à l'encontre de l'établissement.

Au cours de la 3e réunion de crise tenue le 1er août dernier entre les responsables de ce collège, dont le vice principal et le conseiller pédagogique, « il a été convenu de commun accord qu’une délégation composée des responsables de l’établissement et d'un parent devrait se rendre au siège du Gce Board à Buea ce 02 août pour en savoir davantage sur la procédure à suivre pour que les résultats des candidats concernés soient validés », confie le conseiller pédagogique au sortir de la réunion.

Réseau mafieux ( ?)

Les parents se disent prêts à tout pour que le problème soit résolu, même s’il faut saisir les juridictions compétentes, car même les responsables de l’établissement reconnaissent que ces élèves n’ont pas échoué, mais ont été quand même sanctionnés. Pourquoi donc ? Certaines sources nous laissent croire qu'un vaste réseau mafieux d'achat des pourcentages existe au Gce Board depuis de longues années et serait entretenu par les chefs d'établissements. Info ou intox ? Les parents réunis au sein d'un collectif, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. A preuve, ils ont saisi le ministre des Enseignements secondaires, le Premier ministre chef du gouvernement et le Chef de l'Etat pour que justice soit faite. Affaire à suivre !

Source: Le Messager