L’Etat camerounais a consenti d’investissements colossaux en 2009 pour fournir cette denrée aux populations.
Les réalisations faites ne sont pas mises en service… Le spectacle est ahurissant. Des châteaux d’eau trônent majestueusement à Nyalla dans l’arrondissement de Douala III et à Logpom dans l’arrondissement de Douala V. Des travaux de constructions de canalisations ont été menés dans plusieurs artères de la ville de Douala.
Dans les ménages, les robinets sont à sec. Aucune goutte d’eau potable coule. Alors que les projets d’installation des usines de traitement de l’eau, dénommés Yato 1 et Yato 2 devaient augmenter les capacités de la ville à distribuer 150 mille m3 d’eau par jour, pour une demande totale de 280 mille m3 non satisfaite.
Contre toute attente, la fourniture en eau potable dans la capitale économique reste une gageure. Vincent Yede, conseiller municipal issu des rangs du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) à la mairie de Douala III, lève un coin de voile sur la mise en fonction des réalisations dans le secteur de la four- niture d’eau potable, qui pose problèmes.
Des investissements colossaux ont été engloutis. Beaucoup d’argent, issu de la dette, a été investi, sans un retour sur investissement. «Le Cameroun s’est endetté pour avoir de l’eau et cette eau-là n’est jamais arri- vée dans les ménages. Il faut interroger les gestionnaires de ces marchés.
Pourquoi les châteaux d’eau n’ont pas été mis en service jusqu’à présent ? Certains experts parlent de défauts dans la structuration de ces ouvrages. Des canalisations ont été creusées un peu partout dans la ville de Douala. De Bonabéri jusqu’à Nyalla, en passant par Deido, de Bonabéri à Koumassi…L’état a consenti d’énormes sacrifices, pourtant l’exécution de ces réalisations pose problèmes». Fulmine cet élu local.
Des questions
Lorsqu’on gratte la couche de vernis sur cette situation qui pue la gabegie, il appert qu’ «il s’agit des difficultés liées à la mise en œuvre des politiques publiques dessinées par le gouvernement. Des investissements de 210 milliards avaient été consentis en 2009 pour la fourniture d’eau potable sur l’ensemble du territoire. Un montant octroyé par la Chine et le marché exécuté par une entreprise chinoise.
Malheureusement, cette entreprise adjudicataire a démontré son incompétence». Illustration : des défauts dans la concep- tion des châteaux d’eau. «Comment peut- on construire un château d’eau et au moment de sa mise en service, l’on se rend compte qu’il ne peut pas distribuer de l’eau» s’interroge, avec une mine déconfite, le conseiller municipal.
Pourtant, le contribuable a été lourdement endetté. «Cette entreprise chinoise qui a fait ce mauvais travail doit rendre gorge. La responsabilité est celle de maître d’ouvrage, en l’occurrence celle de Camwater qui devrait s’assurer de la per- tinence de la réalisation de ces travaux ».
Conclut Vincent Yede. Pince-sans-rire ! Construit depuis 2014, le château d'eau de Nyalla d'une capacité de 3.000m3 n'est jamais entré en fonction. Pire, il est tota- lement à l'abandon au milieu d'une bananeraie. La mise en fonction de ce château d'eau tout comme celui de Logpom qui a également la même capacité, devait apporter un supplément en eau dans la ville de Douala. Surtout quand on sait que, c'est dans ces deux arrondissements que sont prévus tous les projets d'extension de la ville, on est en droit de se poser des questions.