Le gouvernement et la Banque mondiale veulent instaurer un livre par matière. Les éditeurs s’en inquiètent.
Le projet agite la communauté des éditeurs camerounais depuis quelques semaines. Il n’est pourtant pas nouveau. Il commence même à dater, à dire vrai. « Cela fait au moins vingt ans que le gouvernement du Cameroun conduit une réflexion sur ce projet, avec l’aide de la Banque mondiale.
Plusieurs inspecteurs de pédagogie, dont ma modeste personne, ont dans ce cadre participé à des séminaires-ateliers dans différents pays où cette politique est déjà mise en œuvre, dans le but de nous en imprégner : Mali, Sénégal, RDC, notamment.
Il s’agit à chaque fois d’évaluer ce qu’une telle politique peut apporter au pays, aux élèves et aux parents », explique un inspecteur national de pédagogie en service au ministère de l’Education de base, sous anonymat.
La réflexion part d’un constat de la Banque mondiale : les livres inscrits au programme sont trop nombreux par matière. Edités à l’étranger pour la plupart, ils coûtent chers et sont mal distribués sur le territoire national. « Dans les pays que nous avons visités, la Banque mondiale et les gouvernements concernés ont réussi à ramener chaque livre scolaire du primaire à 500 F ou moins.
Ainsi, il est établi dans certains de ces pays qu’un parent n’a que 3000 F à dépenser par an pour l’achat des livres d’un enfant. Du coup, le nombre d’élèves possédant tous leurs manuels scolaires est très élevé », assure notre source. Dans nos contrées, les parents privilégient les ouvrages des matières principales –mathématiques, lecture- au regard des tarifs pratiqués sur les marchés. Les ouvrages d’histoire, géographie, sciences, Tic, grammaire, conjugaison, anglais restent ainsi accessoires.
Edifié sur les mécanismes permettant de baisser considérablement les coûts du livre scolaire, le gouvernement camerounais doit prendre sa décision. Ce qui du reste n’est pas aisé, au regard des nombreux enjeux pesant dans la balance : la survie des maisons d’éditions locales, les partenariats avec des maisons d’éditions étrangères, le pouvoir d’achat des familles, l’acquisition des connaissances par les élèves.