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Education: la leçon magistrale de Paul BIYA

Paul Biya

Fri, 25 Mar 2022 Source: Le Quotidien N° 850

Dans une tribune paru ce vendredi 25 mars dans la parution N° 850 du journal Le Quotidien, l'éditorialiste Jean Atangana relève de l'attitude du chef de l'Etat, des leçons qu'il partage avec les Camerounais, dans le cadre de la crise qui secoue le secteur de l'éducation.

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Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger». Le bel aphorisme est tant et si bien incarné par le Président de la République, Paul BIYA, qu’il a réitéré à ses «chers jeunes compatriotes», le 10 février 2022, combien leurs problèmes lui tiennent à cœur. Il vient d’en faire la démonstration en administrant aux enseignants en grève, une leçon magistrale d’écoute et de réceptivité, de dialogue avec les acteurs sociaux, et de résolution des conflits dans la paix et la non-violence. Puissions-nous tous prendre inscription à cette belle école de vie qui fait lever 200 milliards de francs CFA pour restaurer l’honneur des Seigneurs de la craie. Du primaire et du secondaire !

N’est pas « meilleur élève » qui veut ; encore faut-il aspirer à devenir « bon maître». Lui, enfant, a été écolier, élève, répétiteur, boursier de l’État. Écolier, il a connu l’éloignement familial et la chaleur de l’hospitalité dans sa nouvelle famille d’accueil. Celle de son maître d’école, Raphael MFOU’OU EBO’O, instituteur et tuteur de classe de CM2 à l’école catholique de Nden dans la Région du Sud (Cameroun). C’est là qu’il obtient son premier diplôme, le Certificat d’Études Primaires Élémentaires (CEPE). «J’ai vécu avec lui pendant un an et demi ; je l’ai vu pour la dernière fois en 1947 ; je savais bien qu’un jour, j’allais le revoir ; et lorsque je l’ai vu tout à l’heure, j’ai pleuré, j’ai versé des larmes… « ( cf le quotidien national Cameroon Tribune, édition du jeudi 20 janvier 2011).

Le maître d’école avait, en effet, été gratifié d’une audience que lui avait accordée le Président de la République, Paul BIYA, lors du Comice agropastoral d’Ebolowa. En janvier 2011. Il est décédé, centenaire, le mardi 18 septembre 2012. Après avoir touché de ses doigts «l’enfant de la promesse». Et chanté «le Benedictus». Comme le vieux Siméon... Au fil des années, l’enfant a grandi. Il est devenu Président de la République. Chef d’État. Lorsqu’il intègre la fonction publique camerounaise en 1962, il est nommé à son premier poste comme Chargé de Mission à la Présidence de la République. Puis, il est promu Directeur de Cabinet, Secrétaire Général du Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse et de la Culture (janvier 1964-décembre 1967). La suite de l’histoire est bien connue.

Au regard de ce parcours exceptionnel, rien de ce qui touche à l’éducation ne saurait être étranger à Paul BIYA, le Président de la République. Il en connaît l’histoire et la géographie, la géométrie et la grammaire. D’où, assurément, la promptitude et la sollicitude présidentielles dont il a entouré les sollicitations des enseignants grévistes, et la mansuétude du Père de la Nation qu’il a manifestée à leur endroit pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. A domicile comme dans les champs de l’éducation où ils dispensent les savoirs, le savoir-être, le savoir-vivre, le savoir-faire.

Leçon numéro 1 :

La non-violence constitue une arme de négociation massive et peut soulever les grandes masses. A condition que l’on soit à deux (au moins) pour dire «non» au droit de la force, «oui» à la force du droit. En grève depuis trois semaines, les enseignants ont pris l’option de ne rien faire qui perturbe l’ordre public sur la voie publique. C’est à leur lieu de service qu’ils observent leur mot d’ordre de «craie morte». Les résultats ne se sont pas fait attendre. Après plusieurs jours de concertations et de concessions mutuellement consenties, entre pouvoirs publics et mouvements/syndicats d’enseignants, les retombées du train de mesures financières et administratives, instruites par le Chef de l’État, devraient se faire liquides et palpables. Dès la fin de ce mois de mars 2022. La République est mobilisée. Pour la bonne cause. Comme on a pu s’en rendre compte lors du point de presse conjoint MINCOM-MINFIMINFOPRA-MINESEC-MINEDUB tenu le 10 mars 2022 à Yaoundé. Autant le reconnaître : s’il y a des privilégiés dans cette République comme certains le laissent croire (à tort), les enseignants viennent de rejoindre le club. Malgré les contraintes budgétaires imposées par différentes crises (sécuritaires, sanitaires, économiques, financières) et autres impératifs régaliens (l’organisation en terre camerounaise des compétitions sportives internationales, CHAN 2020, CAN 2021...), ils ont trouvé oreille attentive auprès du Président de la République. Leurs revendications ont été reconnues «légitimes». Et quoi qu’il en coûte à l’État, le Chef de l’État a marqué Son Très Haut Accord pour redonner force et vigueur, honneur et respectabilité à cette profession qui formate les esprits, et prépare à des carrières les plus illustres : la profession d’enseignant. On parle d’un «déblocage» de 200 milliards de francs CFA. En faveur des enseignants du primaire et du secondaire.

Leçon numéro 2 :

Rien n’est impossible tant que le dialogue reste possible. L’aggiornamento en cours est à encourager. Il gagnerait cependant à prendre de l’amplitude et de l’ampleur. En cherchant à anticiper la résolution de certains autres problèmes connus dans d’autres secteurs d’activité. Sinon, il faudrait s’attendre à un cycle infernal de mouvements sociaux, de mots d’ordre de grève, de séquences de dialogue social, de résolutions concertées et de solutions quasiment obtenues à l’arraché. Pour éviter l’impression de saupoudrage et de solutions parcellaires/ sectaires, que perçoivent certains esprits pourtant bien-pensants, il peut être suggéré, sans prétention à formuler une solution-mirable, d’accélérer l’autre haute instruction présidentielle, relative à la modernisation de l’Administration Publique Camerounaise et à l’amélioration des conditions de travail.

Les résultats, hautement positifs enregistrés jusqu’ici au regard des retombées des initiatives en cours d’implémentation au MINFOPRA, inclinent à penser que l’heure est venue de se saisir de ces dossiers longtemps laissés en jachère. L’harmonisation des statuts de la Fonction Publique peut-elle participer (le cas échéant) des solutions à long terme qui sont recherchées ? Vaste question. Immense chantier... Leçon numéro 3 : plus jamais le spectacle dramatique et tragique de Amidou. Il a reçu en 60 minutes ce qu’il a espéré en...10 ans : son intégration comme maître d’EPS.

« Dès que j’ai vu sa photo et le bout de papier sur lequel il présentait sa situation, j’ai demandé qu’on me trouve son contact. Je l’ai eu au téléphone, on s’est parlé et il m’a dit qu’il manque deux papiers dans son dossier. Effectivement, il manquait l’attestation de présence effective et sa première prise de service en 2011. Dans les trente minutes qui ont suivi, Amidou nous a envoyé ces documents ; et dans les trente autres minutes qui ont suivi, j’ai intégré Amidou et je lui ai envoyé également, son arrêté d’intégration et une lettre de félicitation pour son dévouement au travail. Il a travaillé pendant longtemps dans des conditions difficiles », rapporte, non sans émotion, le Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative (cf Le Quotidien du 10 mars 2022). Aujourd’hui, les enseignants.

Demain les infirmiers. Comme cela se murmure. Beaucoup désespèrent même de bénéficier des récentes décisions prises par le Président de la République de proroger l’âge de départ à la retraite des fonctionnaires et agents de l’État engagés dans le secteur de la santé. Je connais personnellement le cas de Dame MEYONO MENGUE Odile, infirmière à l’Hôpital Général de Yaoundé (HGY). Matricule 0270. Recrutée sous contrat pour une durée indéterminée à compter du 1er juillet 2001. Suite à un accident de la circulation qui lui a coûté une jambe du fait des négligences de l’hôpital qui l’emploie, elle est aujourd’hui, sous prothèse. Grâce à une évacuation sanitaire en Europe, instruite par le Président de la République et diligentée par le Directeur Général de l’époque. Sous prothèse et sans solde. Sans salaire et sans emploi depuis juin 2019. Le Directeur Général de l’HGY, Pr. Vincent de Paul NDJIENTCHEU, ayant décidé de sa radiation pure et simple des effectifs de l’hôpital. Sans aucune notification écrite. Les multiples recours et contacts personnels engagés par l’intéressée et par son époux, en direction du Directeur Général lui-même, du Président du Conseil d’Administration, du Ministre de la Santé Publique, la tutelle technique de l’HGY, sont restés lettre morte. Ni les civilités administratives d’usage, ni l’humanisation des pratiques, scandée dans les hôpitaux, n’ont eu assez de poids pour daigner inspirer aux illustres destinataires, la moindre réponse à Dame MENYONO MENGUE Odile. Faudrait-il attendre que la mort emporte l’intéressée pour que le Gouvernement s’intéresse (enfin) à ce cas de dénégation des droits inaliénables de la personne humaine et de défiance abjecte à l’autorité de l’État ? Question de conscience.

Source: Le Quotidien N° 850