Comme à son habitude, c'est dans une ambiance d'indescriptible paranoïa que le président de la République sortant et candidat à sa réélection a débarqué au centre de vote de Bastos à 12 heures (heure de Yaoundé), en compagnie de son épouse et de son fils aîné, Frank Emmanuel, encadré par un forte escorte de sa garde prétorienne, des soldats de la Garde présidentielle armés jusqu'aux dents.
Dès les premières heures de la matinée, des groupes artistiques divers chantant et dansant à la gloire du président sortant et brandissant des gadgets floqués de son portrait et des spécimen de son bulletin de vote ont envahi l'esplanade de l'école publique de Bastos, centre de vote où monsieur Biya et de nombreux membres du gouvernement exercent leur droit civique, pour donner la fête à ce candidat pas comme les autres. Dans le même temps, des éléments des unités spéciales de la police, passaient tous les usagers de la route et les électeurs au peigne fin au moyen des détecteurs de métaux pour compléter les fouilles personnelles et les contrôles de pièces d'identité, question de montrer au président candidat naturel du Rdpc combien les Camerounais dont il est le "leader bien aimé", constituent un danger pour sa vie.
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On ne le dira pas assez, cette manifestation de courtisanerie élaborée par les pontes de régime pour théâtraliser le fait électoral et faire passer le reste des Camerounais pour de fieffés terroristes dont les proximité est un risque pour la présidentielle vie, s'est faite comme à l'accoutumée, en totale et flagrante violation non seulement de la loi électorale qui fixe la fin de toute manifestation participant à la promotion d'un candidat à la veille du scrutin (au plus tard à 23 heures 59 minutes), mais aussi de l'Arrêté N° 000022/A/MINAT/SG/DAP du 05 octobre 2018 réglementant l'exercice de certaines libertés et activités à l'occasion de l'élection présidentielle du 07 octobre 2018.
Un arrêté dont nous publions ci-dessous le fac-similé, signé par le très biyaïste ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji présenté par une certaine opinion au Cameroun comme l'auteur intellectuel d'un faux sondage exécuté par son frère cadet, qui donnait récemment le président Paul Biya vainqueur de l'élection présidentielle avec au moins 80% des suffrages.
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Le non respect volontaire de la loi électorale et de l'arrêté susmentionné par les partisans de Biya, au nez et à la barbe du MINAT et des forces de l'ordre, à quel degré la panique s'est emparée du camp du président sortant, à telle enseigne qu'ils soient obligés de faire feu de tout bois pour passer en force, indépendamment des résultats des urnes.
Car pour un président que ses partisans –les profiteurs du régime- présentent comme l'homme politique le plus populaire, il est difficile de saisir les motivations d'une telle mobilisation folklorique et ostentatoire sur fond de surenchère, à la fois de l'armée et des groupes de soutien autour d'un électeur dont la voix au demeurant ne compte qu'une seule fois, comme celle de n'importe quel électeur.
Avant le vote cérémonieux de Paul Biya, les élèves de l'école publique de Bastos ont été sevrés des enseignements pendant deux semaines, pour que l'établissement reçoive un coup de neuf dans la perspective de l'accueil du super électeur Paul Biya.
Cérémonieux et ceremonial aura été le vote du president candidat, un candidat-électeur pas comme les autres
Au pays des abus, l'élection présidentielle a une fois déroulé les excès d'un homme-dieu qui aime à s'embarrasser volontiers des manières d'Ubu-roi.