Election 2018: Paul Biya poursuivi en justice aux Etats-Unis

Paul Biyaa2017 08 30t190314z 495710184 Rc1d07221cb0 Rtrmadp 3 Cameroon Politics 0 Paul Biya au pouvoir depuis plus de 35 ans veut briguer un autre mandat en octobre 2018

Sat, 6 Oct 2018 Source: cameroonvoice.com

Le 4 septembre, le CCT dirigé par le banquier et journaliste camerounais en exil Ndzana Seme, et un élément des forces de défense camerounaises, Patrice Nouma, lui aussi en exil, a assigné en justice à Washington aux Etats-Unis, l'Etat camerounais et son chef, Paul Biya, ainsi que 103 apparatchiks du régime.

Les dirigeants du CCT qui ne se sont armés que de leur courage d'oser donner un coup de pied dans la fourmilière de l'immunité diplomatique dont se prévalent les dirigeants du monde, n'y croyaient pas eux-mêmes, jusqu'à ce qu'un message d'un juge américain leur parvienne il y a quelques jours, les invitant à se rendre au Tribunal Fédéral américain pour faire entendre leur cause.

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L'un des leaders du mouvement qui s'exprime sur la vidéo ci-dessous, Patrice Nouma, en a pratiquement les larmes aux yeux, au regard de ce succès inespéré qui marque une étape importante dans la quête de justice du peuple camerounais, portée par sa diaspora vigilante et hors d'atteinte des sbires de Yaoundé.

C'est ici le lieu de souligner que si les Camerounais, soucilleux en ce qui concerne la souveraineté de leur pays, en sont arrivés à solliciter le secours pour espérer qu'un jour enfin, la liberté et le bien-être vrais –c'est-à-dire tout à l'opposé du simulacre de liberté et de bien être que la propagande gouvernementale camerounaise se vante de leur prodiguer sous forme de faveurs- auront aussi droit de cité sous leurs cieux aujourd'hui complètement assombris, du moins sauf pour ceux qui tirent avantages de leurs affinités avec le régime, c'est bien à cause de la coutumière violence rétrograde du régime réactionnaire en place au Cameroun, qui n'est là que parce qu'il peut, et non parce qu'il est voulu par les Camerounais.

La preuve en est qu'ici, nul mécontent n'a l'assurance qu'en exprimant ouvertement son mécontentement, il peut voir le gouvernement accéder à sa revendication avant d'avoir perdu la vie dans le meilleur des cas. Car dans le pire des cas, il est arrêté et soumis à des tortures inimaginables dans un pays dont le chef, pourtant présenté par ses hagiographes comme un humaniste, et dont le discours est empreint de forts relents de cette valeur, s'est toujours montré incapable de contrôler ses chiens méchants aux méthodes de tontons-macoutes qui prétendent travailler à le protéger contre le peuple qui est censé l'avoir élu, alors qu'en fait ils le desservent et l'exposent à l'infamie des violations des droits humains.

On se souviendra par exemple des centaines de morts des événements de février 2008. Il s'agissait des Camerounais descendus dans la rue pour faire entendre raison au président de la République qui envisageait de faire sauter le verrou constitutionnel de la limitation des mandats présidentiels pour s'octroyer la possibilité de demeurer à la tête de l'Etat jusqu'à la fin de ses jours, voire après, pourquoi pas !?

Et comme si cela ne suffisait pas, les officiels camerounais présentèrent cette tentative d'insurrection populaire matée dans le sang, comme étant des émeutes de la faim, prouvant par cette déformation de la vérité, ô suprême outrage, qu'ils étaient capables de répondre à des gens qui crient famine, par la répression sanglante, c'est-à-dire en leur donnant la mort pour qu'ils n'aient plus à souffrir, ou pour qu'ils cessent de déranger leur tranquillité.

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Il y a deux ans, des organisations de la société civile anglophone ont entrepris de protester contre ce qu'ils appelaient leur marginalisation en particulier, et celle de leur communauté en général. Il suffisait que le gouvernement les appelle à des négociations, et qu'il leur soit concédé ce qui pouvait l'être quitte à ce qu'à leur tour, dans le cadre d'un gentlemen agreement, elles mettent en veilleuse leur revendication dont la satisfaction eut paru difficile ou impossible.

Que fit le gouvernement du grand bâtisseur et chantre de la paix à la place ? Il envoya l'armée et la police tirer sur les protestataires, gaspillant les munitions qui pouvaient servir à combattre la secte terroriste Boko Haram. Le ministre francophone de la Justice répliqua aux avocats anglophones qui réclamaient la traduction en anglais d'un texte officiel qui n'était édité qu'en français qu'ils n'avaient pas à s'appuyer sur une langue étrangère et coloniale pour faire des revendications nationales. Seul problème, le français, langue dans laquelle était rédigé le texte querellé et que pratique le ministre en question, est une langue étrangère et restera toujours coloniale dans ce Cameroun qui n'a pas de langue nationale commune à ses plus de 250 ethnies. Comme quoi, les seuls qui ont le droit de disposer des langues coloniales et étrangères sont les plus forts actuellement au pouvoir. Autrement dit, ceux-là qui se prennent pour les propriétaires du Cameroun dont les autres ne sont que des locataires.

De ce point de vue, peut-on, tout patriote et nationaliste qu'on est critiquer une action visant à attraire le régime devant un tribunal étranger ? Il faudrait avoir un gros problème dans la tête, genre souffrir du syndrome de Stockholm, pour répondre par l'affirmative.

Source: cameroonvoice.com