L'affaire a failli échapper totalement aux médias, n'eut été le mécontement perceptible de certains cadres de la hiérarchie militaire du Cameroun effarés par la démarche du régime qui risque de coûter cher à tous ceux qui sont obligés au nom du devoir afférent à leurs fonctions au sein de l'appareil d'Etat de le protéger.
D'où la fuite. Depuis la veille du lancement de la campagne électorale de l'élection présidentielle du 7 octobre, Le ministère de la Défense du Cameroun a décrété la consignation des militaires dans les casernes.
La mesure qui prend effet dès le jour même du lancement de la campagne court jusqu'au 15 novembre, soit une huitaine après la prestation de serment du président élu.
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L'instruction est inscrite dans un message porté du ministre de la défense adressé au Secrétaire d'Etat à la Défense chargé de la Gendarmerie Nationale, au au Secrétaire d'Etat à la Défense chargé des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre, au Chef d'Etat-major des Armées, et au Secrétaire Général du MINDEF que l'on peut lire ci-dessous.
Alors que pareille mesure n'a jamais été prise au Cameroun où quatre élections présidentielles ont déjà été organisées, la décision du ministre de la Défense qui intervient à un moment où courent des bruits faisant état du ralliement envisagé d'une frange importante de l'armée -lassée de tirer sur les citoyens pour défendre le régime- à une possible insurrection populaire au cas où le Biya voudrait fausser le jeu électoral en sa faveur, fait craindre un éventuel coup de force électoral après le scrutin, actuellement en préparation dans les milieux du pouvoir.
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Des sources du ministère de la Défense à Yaoundé que nous avons contactées jeudi après-midi, ont diversement réagi à notre démarche pour en savoir davantage. Pour certaines, le message porté n'a jamais existé, et pour d'autres, « il ne s'agit que d'une mesure de routine que la presse n'a pas besoin d'interpréter outre mesure ». Et pourtant, il y a quelques mois, juste après la déclaration de candidature du président Biya, des rumeurs ont fait état du mécontentement de l'armée dont certains éléments songent de plus en plus à intervenir sur la scène politique pour écarter un régime qui a fait son temps et doit dégager pour permettre au Cameroun de résoudre ses problèmes.
La consignation de l'armée dans les casernes vise-t-elle à mettre ses éléments dans une situation telle qu'ils puissent être efficacement contrôlés ? Peut-être. Surtout que selon d'autres sources revendiquant une proximité certaine avec le chef de l'Etat sortant, les éléments des forces spéciales (dont le fameux et tristement célèbre Bataillon d'Intervention Rapide) ne seraient « pas concernés par la mesure de consignation, et pourront s'occuper efficacement des fauteurs de troubles qui tenteraient de remettre bruyamment en cause les résultats des urnes favorables au président Biya ».
Une déclaration qui fait froid dans le dos, en même temps qu'elle montre que l'élection présidentielle de 2018 au Cameroun n'aura pas fini de surprendre son monde.
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