Les élections générales entamées mercredi se sont poursuivies jeudi en République démocratique du Congo, dans des bureaux de vote qui n'avaient pu ouvrir la veille.
Des problèmes logistiques ont entravé le bon déroulement du scrutin dans plusieurs localités.
Il était difficile jeudi d'estimer combien de bureaux, sur un total d'environ 75.000, étaient concernés par la prolongation du vote.
Près de 44 millions d'électeurs, sur un total d'environ 100 millions d'habitants, étaient appelés aux urnes pour choisir parmi plus de 100.000 candidats sur les rangs pour le quadruple scrutin.
Dans un communiqué, le gouvernement a reconnu "le retard constaté dans l'ouverture de certains bureaux de vote". Mais il a félicité le peuple congolais pour sa "mobilisation" et la CENI pour sa "détermination" à organiser des élections qui se sont selon lui "globalement" bien déroulées.
Cinq candidats de l'opposition à la présidentielle ont en revanche exigé "la réorganisation de ces élections ratées, par une CENI autrement composée".
Dans la localité de Kanyaruchinya et ses environs, des Congolais déplacés en raison des affrontements ont inondé les centres de vote. Pour la plupart venus de Rutshuru et Masisi, ils ont été exclus des bureaux de vote. Ce qui a suscité frustration et colère parmi les déplacés.
"Je suis étonné, on vient de me dire que je ne peux pas voter parce que je viens de Rutshuru. Est-ce que nous qui sommes de Rutshuru, on aura à voter un jour. Je voulais voter, le candidat président et député de mon choix. J’ai mal au cœur et mon candidat vient de perdre un électeur. Je ne suis pas content", s’exclame Nzabonimpa Oscar, un déplacé de Kanyaruchinya originaire de Rutshuru.
Oscare fait partie des déplacés enrôlés par la CENI en mars dernier. La CENI avait installé des bureaux de vote dans des sites des déplacés en fonction des antennes de la CENI à Rutshuru, celle de Nyiragongo et Masisi. La CENI avait promis également de poursuivre les opérations graduellement dans les territoires touchés selon l’évolution sécuritaire.
Murekatete, une électrice, arborant un foulard rouge et blanc, a visité plusieurs centres de vote pour exprimer son choix. Cependant, sa crainte s'est concrétisée lorsque les agents de la CENI lui ont rappelé qu'elle était de Rutshuru et exclue de ces élections.
"Partout où je suis passée, on m'a rappelé que je suis de Rutshuru et que je ne suis pas concernée pour choisir mon président", regrette-t-elle. "Pourtant, j'avais pris ma carte ici dans ce centre."
Les déplacés de Rutshuru et de Masisi, représentant environ 10 % de l'électorat total de la province du Nord-Kivu, se sont retrouvés exclus de ces élections cruciales. Certains ont même plaidé pour la possibilité de voter pour le président maintenant et les députés ultérieurement, lorsque la paix sera rétablie et qu'ils pourront regagner leur foyer naturel à Rutshuru ou Masisi. Ces exclusions risquent de jeter une ombre sur la légitimité des résultats dans une région où la voix de chaque électeur compte dans le paysage politique selon des observateurs.
Un responsable de la commission électorale (Céni) a indiqué jeudi que les premiers résultats de la présidentielle seraient publiés vendredi.
"Demain nous commençons à publier les résultats", a déclaré sur la Radio Top Congo Didi Manara, deuxième vice-président de la Céni. "Je parle des tendances", a-t-il précisé.
Après sept désistements, dix-neuf candidats au total étaient sur les rangs pour la présidentielle.
Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis début 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans.
Parmi ses principaux adversaires figurent Moïse Katumbi, ancien gouverneur de la province du Katanga (sud-est), Martin Fayulu, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, ou encore Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018 pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre.