Votre parti, l’Undp, est en compétition avec le Rdpc dans l’Adamaoua à s’en tenir à la publication des listes par le Conseil Electoral ce 07 février 2023. Quels peuvent être les enjeux de ces sénatoriales dans l’Adamaoua ?
Je dirais déjà qu’on ne fait pas la politique parce qu’on cherche un emploi ou une occupation. Malgré la pauvreté ambiante, je crois qu’on peut avoir des convictions. Et personnellement, j’ai toujours été engagé pour le peuple. Alors, en se référant à l’environnement actuel, beaucoup de gens sont convaincus que l’Undp tient le bon bout, à s’en tenir aux chiffres. Mais si on prend en compte toutes les démissions qu’il y a eues ces derniers temps et l’ambiance qui n’est pas aussi sereine en face, on va se dire qu’en ce moment, c’est du 50- 50. La qualité des listes a aussi généré beaucoup de contestations et beaucoup de mécontents de part et d’autre. Évidemment, on ne peut pas se cacher en disant que tout va bien à l’Undp. La preuve est que notre ancien camarade Daïrou Hamadou nous a laissés parce qu’il est mécontent du fait qu’il n’avait pas été reconduit. On ne peut pas dire qu’on est serein à tous les coups. Mais le terrain est quelque chose d’extrêmement difficile ; on ne peut pas pronostiquer la victoire de l’un ou l’autre. Nous travaillons en interne à l’Undp pour que notre parti garde son leadership dans l’Adamaoua.
Qu’a l’Undp à proposer à la population ?
Nous savons tous que les électeurs ne sont pas des élus du peuple, ce sont des élus pour les collectivités. Donc, l’Undp n’a pas une proposition directe pour le peuple. Mais à travers les collectivités que nous gérons, voire même celles que nous ne gérons pas, nous pensons que nous pouvons faire le bon travail qui nous a crédibilisés dans d’autres communes. Dans l’Adamaoua, souvenez-vous que nous avons eu des victoires éclatantes dans les communes de Ngaoundéré 1er et 2e, Martap qui nous a toujours appartenu depuis sa création, Nyambaka où on a récupéré complètement, Meiganga où nous partageons avec le Rdpc, Tignère et Galim-Tignère, Banyo. Il y a quand même un certain nombre d’acquis sur lesquels on aimerait travailler et se projeter dans l’avenir en gagnant d’autres communes également.
Vous estimez avoir 50% de chance de victoire comme votre adversaire le Rdpc dans l’Adamaoua, mais l’Undp n’est-elle pas déjà dans la mise en pratique de sa stratégie pas très bruyante qui lui a souvent fait avoir le dessus, le cas des régionales de 2020 ?
C’est connu, l’Undp ne fait pas de bruits. Nous excellons par l’efficacité de nos actes et les résultats probants que nous avons généralement. C’est une stratégie globale et on dit souvent que seuls les tonneaux vides font trop de bruits. L’Undp n’étant pas un tonneau vide, nous nous abstenons de tout bruit. Nous travaillons pour le peuple, les collectivités et ça se voit dans les résultats. Si on se contente de regarder les grands électeurs, l’Undp n’avait aucune chance de gagner la région, il y a peu. Aujourd’hui aussi, on ne peut pas crier victoire parce qu’on a un ou deux électeurs de plus que le parti qui a les sénateurs sortants que je ne veux pas nommer. Nous allons donc travailler davantage sur le plan stratégique pour maintenir la confiance que nous avons obtenue et l’accroître. De fait, nous avons un sénateur nommé et notre objectif, c’est de prendre les sept sénateurs élus et d’asseoir notre hégémonie dans la région et maintenir la qualité du travail que nous effectuons depuis plusieurs années pour les populations de l’Adamaoua. L’Adamaoua est déjà sous le contrôle de l’Undp s’agissant de la mairie de la ville, du Conseil régional, de la députation, de certaines communes.
A supposer que ça bascule aussi dans l’Adamaoua en faveur de l’Undp pour le Sénat, à quoi doit-on s’attendre ?
On doit s’attendre à une révolution globale dans la gestion de nos communautés et de nos collectivités. Vous avez vu le dynamisme de notre vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Abba Alim, sur le terrain et à l’Assemblée. Nous pensons que la liste Undp est pétrie d’expériences et de jeunes talents. C’est un mix qui va faire un excellent boulot. Quand vous voyez Adji Marie Paule, c’est une élue de 1992. On se rappelle tous de ce qu’elle a dû faire à une époque où elle avait interpellé le ministre des Finances, Justin Ndioro, qui était venu au parlement les mains dans les proches ; elle lui a dit : « Monsieur le ministre, Vous vous adressez aux élus du peuple, alors retirez vos mains dans vos proches ! » Du haut de ses 32 ans à l’époque, elle s’est montrée comme une femme dynamique qui a beaucoup fait pour les populations de sa zone. Nous avons également un banquier expérimenté, Mocktar Sapada qui rejoint cette équipe-là. C’est sans oublier notre sénateur sortant, l’honorable Djafarou Mohamadou, un dinosaure en matière de représentation dans l’Adamaoua, membre du bureau politique de l’Undp. Nous sommes sans ignorer ses faits d’armes avec le ministre Adjoudji lors de la catastrophe qui a eu lieu à Meiganga du fait des vétérinaires ; il avait, grâce à sa témérité et son travail, fait rembourser les dommages et les populations sont rentrées dans leurs dus. L’Undp, c’est travail, disponibilité et l’efficacité. Alors, nous invitons les populations de l’Adamaoua à nous renouveler leur confiance et à nous donner la possibilité de les servir davantage.
Il reste quand même que l’Adamaoua a la réputation d’être une région-poussière ou tout au moins, Ngaoundéré et considérée comme une ville-poussière. Qu’en dites-vous et est-ce que quelque chose peut changer ?
La ville-poussière, ce n’est pas Ngaoundéré. La ville-poussière, c’est Maroua. Je ne partage donc pas votre assertion parce que je sais que la ville poussière au Cameroun, c’est Maroua. De toute façon, quand vous regardez ce que fait le maire de la ville de Ngaoundéré, nous pensons que d’ici deux à trois ans, les nombreux chantiers que nous avons trouvé abandonnés et que nous avons repris, vont arriver à leur terme. La plupart de ces ouvrages-là sont du ministère de l’urbanisme et nous savons que le ministre est descendu plusieurs fois sur le terrain à la demande de nos élus. Si de ville-poussière, on peut qualifier Ngaoundéré, ça ne serait qu’un héritage de nos prédécesseurs. Et bientôt, Ngaoundéré sera une ville lumière.
Interview réalisée par Bertrand Ayissi, l'Oeil du Sahel