Le 3 novembre 1960 marque une date tragique dans l'histoire de la lutte pour l'indépendance du Cameroun, alors sous domination coloniale française. Ce jour-là, le leader indépendantiste Félix Moumié a été empoisonné dans des circonstances mystérieuses, marquant la fin tragique de son engagement pour la cause de l'indépendance du Cameroun.
L'événement tragique s'est déroulé à Genève, en Suisse, où Félix Moumié était en exil. Il avait rendez-vous dans un restaurant nommé le Plat d'Argent aux abords du Lac Léman. Moumié était accompagné de Jean-Martin Tchaptchet, président de la section France de l'Union des populations du Cameroun (UPC), et d'un homme se présentant comme un journaliste du nom de Claude Bonnet.
Cependant, Claude Bonnet n'était pas un journaliste, mais un ancien militaire français, William Bechtel, surnommé "Grand Bill." Il faisait partie du Sdece, le service de documentation extérieure et de contre-espionnage français, et était chargé de l'opération "homo" visant à éliminer Félix Moumié.
Au cours du repas, Bechtel a versé du thallium, un poison inodore et sans goût, dans le verre de Moumié. Cependant, Moumié ne semblait pas vouloir boire, ce qui a incité Bechtel à introduire une nouvelle dose de poison dans le verre de vin du leader.
Peu de temps après avoir consommé les boissons empoisonnées, Moumié a commencé à ressentir les effets du poison. Il a été transporté à l'hôpital cantonal de Genève, où il a crié aux médecins qu'il avait été empoisonné. Malheureusement, il est tombé dans un coma profond et est décédé le 3 novembre 1960.
L'empoisonnement de Félix Moumié a suscité des questions sur les responsables et les motivations derrière cet acte criminel. Le Sdece et le gouvernement français ont été largement soupçonnés d'être derrière l'assassinat, car Moumié était un leader charismatique de l'UPC dont la voix portait dans les milieux anticolonialistes.
Cette tragédie a également mis en lumière la répression violente de l'UPC par les autorités françaises au Cameroun. Le Sdece avait envisagé d'éliminer Moumié depuis le milieu des années 1950, en raison de son influence croissante dans la lutte pour l'indépendance.
Félix Moumié est devenu le deuxième leader de l'UPC assassiné par les autorités françaises, après Ruben Um Nyobé en 1958. Ses successeurs, tels qu'Osendé Afana en 1966 et Ernest Ouandié en 1971, ont également subi des sorts tragiques.