En pleine crise des enseignants, des ministres de Biya décident de prolonger le 2e trimestre ; des enseignants protestent

Le calendrier du départ en congé du deuxième trimestre a été modifié

Tue, 5 Apr 2022 Source: Mutations n° 5555

En pleine crise des enseignants, des ministres de Biya décident de prolonger le 2e trimestre ; des enseignants protestent

Le calendrier du départ en congés pour le compte de la fin du deuxième trimestre des élèves du primaire et ceux du secondaire vient d’être modifié.

C’est l’œuvre des ministres de l’Education de base (Minedub), Laurent Serge Etoundi Ngoa et sa collègue des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga.

Les deux ministres ont signé conjointement le 1er avril dernier un arrêté y afférent. Ledit texte qui vient modifier et compléter le calendrier de l’année scolaire 2021-2022, prévoit l’arrêt des cours le vendredi 08 avril à 15h30mn et le vendredi 15 avril à 15h30mn, respectivement pour le Minedub et pour le Minesec.

La reprise pour ces deux ordres d’enseignement étant fixée pour le lundi 25 avril prochain à 7h30mn. En plus de cette décision, cette modification du calendrier prévoit que les élèves qui ne présentent pas d’examens officiels soient mis en congés le 17 juin prochain. Ce prolongement d’une semaine du deuxième trimestre dans les enseignements secondaires vise ainsi à rattraper la couverture des programmes perturbée par « l‘opération craie morte », lancée le 21 février dernier par le mouvement « On a trop supporté (Ots) ».

Un mouvement d’humeur suspendu provisoirement le 25 mars de l’année en cours par les représentants du Mouvement Ots qui appelaient leurs collègues à reprendre la craie. Décision qui faisait suite aux mesures prises par le président de la République, répondant aux préoccupations formulées par les enseignants, ainsi qu’aux propositions faites par certains membres du gouvernement au cours des différentes concertations.

Sauf qu’aux enseignements secondaires, l’on regrette déjà d’avoir suspendu l’opération craie morte, car il se murmure que la Minesec veut « mesquinement » faire rattraper les cinq semaines de perturbations de cours. « Repousser les congés est tout simplement stratégique. On peut y lire plusieurs choses.

Tout d’abord, La ministre voudrait que nous avancions un peu plus vers la couverture des programmes aussi redoute-t-elle, que le gouvernement ne réagisse positivement à la requête d’Ots ; c’est pourquoi elle tente de limiter les dégâts au niveau des apprenants. Enfin, le gouvernement croit que les enseignants n’ont pas le courage de boycotter les examens », analyse un enseignant.

Décidé à ne pas suivre cette semaine de cours supplémentaires, un autre enseignant pense que le gouvernement estime que la grève après le 25 avril n’aura pas d’impact significatif dans le déroulement des examens. « C’est dommage qu’au lieu de chercher des solutions pérennes, le gouvernement essaie de jouer au jeu d’échec », déplore-t-il.

Un autre croit savoir que le 3e trimestre c’est deux semaines et généralement à cette période, plusieurs enseignants ont déjà terminé leurs programmes. « Ils nous ont lu et nous connaissent. Ots ou encore craie morte après le 25 avril ne serviront plus à rien à moins que nous adoptions une nouvelle stratégie comme Ots boycott des examens ou Ots opération 20/20 », suggère une enseignante.

Elle croit d’ailleurs savoir que le gouvernement n’est pas aussi malin que ça car en réalité cette prolongation du trimestre donne sur trois jours de cours seulement. « Le 15 avril étant férié, nous remettrons les carnets de notes le 14 ce qui induit que le dernier jour de cours sera le 13 avril. Ce n’est donc pas en trois jours ou en une semaine qu’on achèvera les programmes », conclut-elle.

En rappel, la suspension de la grève par les enseignants intervient après l’évaluation par ces derniers, sur la base d’informations fiables recueillies auprès des services compétents du ministère des Finances et du degré de mise en œuvre des engagements inscrits dans l’échéance de cette fin du mois de mars 2022.

Ils affirmaient notamment avoir constaté que « sur les 21 000 cas de compléments de salaires prévus, 20 499 ont pu être effectivement traités, ce qui représente un taux de réalisation de 97,61% ; plus de 5000 enseignants n’ayant pas jusque-là des matricules ont pu être pris en charge sur le fichier solde de l’Etat ».

Ces syndicalistes disaient attendre du gouvernement ; que l’échéancier du règlement spécifique à l’éducation de base repositionne le traitement des avancements et l’apurement des arriérés induits en 2022 et non en 2023 et qu’une date soit enfin fixée pour la tenue du forum national de l’éducation.

Source: Mutations n° 5555