Enfant décapité à Yaoundé: la peur s’installe au quartier Eleveur

Poubelle Yaoundé La mère de l'anfant décapité a été mise aux arrêts par la police

Fri, 31 Aug 2018 Source: camer.be

L’indignation n’est pas retombée dans ce quartier à Yaoundé où une fillette a été décapitée.

Les habitants du lieu-dit « Dépôt de sable », au quartier Eleveur à Yaoundé, ne sont pas prêts d’oublier la découverte macabre de la tête sans corps de Julienne Ntep le 27 août dernier. La fillette de 10 ans aurait été décapitée par sa mère, la nommée Jeanne Ngo Bayiha. Les voisins sont encore sous le choc. « Les femmes sont courageuses. L’argent fait des choses », lance, avec dégoût, un homme assis dans un restaurant de fortune situé en face du domicile de la présumée auteure du crime, non loin du bac à ordures où la tête a été retrouvée.

Des plats de beignets et haricot à bout de bras, des habitants sur le drame n’arrêtent pas de commenter la découverte bouleversante. C’est l’actualité du coin. Chacun a quelque chose à dire et veut que sa version des faits soit écoutée. Des témoignages naissent au fur et à mesure qu’un client de « Mami makala » s’intéresse au sujet.

Certains en rient, d’autres s’en désolent et trouvent cet acte irrationnel. « Quel courage ! Elle tue son enfant pour se rendre en Europe ! », s’exclame une dame. Les yeux écarquillés, le ton menaçant, celle-ci prononce des paroles en sa langue maternelle. Elle maudit Jeanne Ngo Bayiha et le peuple bassa. Des qualificatifs péjoratifs fusent.

Lorsqu’on décide de se rendre dans l’immeuble à deux niveaux où a vécu la fillette décédée, aucun bruit ne filtre dans les maisons alentour.

Les habitants guettent les passants à travers les rideaux. Ils ont peur d’être mêlés à cette affaire sanglante. Non loin de l’entrée de l’immeuble, un adolescent joue dans la cour sous le regard attentif de sa génitrice. A l’approche des visages inconnus, cette dernière serre la mine et devient méfiante. Malgré cette atmosphère tendue, le reporter parvient à « arracher » l’information sur la localisation de l’appartement. « C’est au 2e », lance apeuré l’adolescent. Sauf qu’ « au 2e», il y a plus d’un appartement. Et des portes fermées sans aucun scellé apposé. Difficile donc d’identifier le lieu de résidence de Jeanne Ngo Bayiha. Un acte qui balaie en brèche la version selon laquelle on aurait retrouvé des corps dans un congélateur de sa maison.

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Sans domicile fixe

Revenue sur nos pas, un homme assis dans un débit de boisson (‘‘Samuel Eto’o Bar’’, Ndlr) situé devant l’immeuble va délier sa langue. « Plusieurs personnes vont et viennent depuis lundi (27 août dernier, Ndlr) et nous agacent avec leurs multiples questions », lâche-t-il, courroucé. Avant de déclarer : « Elle n’habitait pas ici. C’est sa grand-mère qui loue cet appartement. Elle est en déplacement depuis près d’un mois ».

A en croire ce consommateur, souffrante, la grand-mère en question s’est rendue chez sa fille au quartier Ngousso, pour suivre ses soins, fermant ainsi sa porte. « Après son départ, cette dame et sa fille erraient. Nous avons appelé sa grand-mère. Elle nous a confié que sa petite-fille dérange. Par compassion, elle a dû laisser sa fille chez Antonio (un voisin, Ndlr) », relate-t-il. C’est d’ailleurs l’épouse de Antonio qui va identifier la fillette à partir de sa tête découverte lundi dernier.

Sûre d’elle, elle va mettre la puce à l’oreille du voisinage, qui va demander à la présumée meurtrière de venir confirmer ou infirmer cette déclaration au lendemain de la découverte. « Lorsqu’on l’a joint au téléphone, elle a paniqué et a commencé à balbutier », déclare un autre témoin. Après une forte pression, la mère de Julienne Ntep accepte de se rendre au lieu-dit « Dépôt de sable » à Eleveur.

Une fois arrivée sur les lieux, elle affirme que ce n’est pas sa fille. « Mon enfant est chez mon amie à Nkoabang (un quartier de Yaoundé, Ndlr) », dira-t-elle. Quelques minutes plus tard, elle change de version: « Ma fille est chez ma sœur à Douala », va-t-elle lâcher. Son auditoire qui ne croit pas à son histoire lui demande de passer un appel vidéo.

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Aveux

A bout de force, elle serait passée finalement aux aveux. Selon notre interlocuteur, elle a commis cet homicide parce qu’elle voulait se rendre en Europe avec son amant. « Ils devaient d’abord se rendre au Nigeria avec le reste du corps de fillette », étaye-t-il.

Son projet de partir pour l’étranger était également connu de son employeur, tenancier de « Jésus Restaurant », un espace spécialisé dans la commercialisation du « Eru », et situé non loin du fameux bac à ordures. Alerté, le Nigérian descend immédiatement sur les lieux et dit ne rien savoir sur le meurtre. Des propos qui ne sont pas très rassurants, puisque le reste du corps sera retrouvé derrière son restaurant.

Celui-ci va être vandalisé. N’eût été l’arrivée des éléments de la Division régionale de la police judiciaire (Drpj), son employée et lui auraient (peut-être) fini comme la petite Julienne Ntep. L’enquête à la Drpj sur cette rocambolesque affaire suit son cours.

Source: camer.be