Enlèvement et assassinat : le pire s'est encore produit

Enlèvement de personnes

Fri, 3 Nov 2023 Source: L'Œil du Sahel n°1866 du 1er novembre 2023

Malla Zamba, Kaldaoussa Tchamayé Malachie, Abassi et sa fille, tous habitants de la localité de Mayo-Nda dans l’arrondissement de Touboro, ont été enlevés par des individus lourdement armés le 31 octobre 2023. Ils ont été cueillis dans leur domicile aux premières heures de la journée.

« C’est aux environs de 4h du matin que ces derniers ont lancé l’offensive sur la localité et ont littéralement assiégé les domiciles de leurs victimes. Le domicile du délégué Malla Zamba a été assiégé en premier. Ils ont défoncé la porte de la chambre où ce dernier s’était retranché et l’ont cueilli dans son lit. Ils l’ont trainé avec eux et ont poursuivi leur opération. Ils ont atterri au domicile du frère Kaldaoussa Tchamayé Malachie et ont en vain tenté de défoncer la porte de sa chambre. N’ayant pas réussi à l’ouvrir, ils ont dû percer le mur pour accéder à l’intérieur de la maison et l’extraire de là. Ils étaient armés de marteaux, barre à mine, pioches et bien d’autres matériels. Ce n’est qu’après avoir percé le trou sur le mur qu’ils sont entrés et ont mis la main sur le bien aimé. Après l’avoir maitrisé, ils ont jeté leur dévolu sur la concession d’Abassi. Ils se sont également saisis de lui et de sa jeune fille. Ils les ont tous contraints d’aller avec eux. C’est comme ça qu’ils les ont conduits dans une destination inconnue », rapporte Adama Emmanuel, habitant de Mayo Nda.

La localité de Mayo Nda est un véritable sanctuaire pour les preneurs d’otages. Les enlèvements sont récurrents. Une quarantaine de personnes y a été enlevée au cours de l’année 2023. « Ces gens sont quasi permanents dans le village. Nos frères et sœurs sont enlevés au quotidien et des colossales sommes d’argent sont versées en rançon. C’est pour la troisième fois en moins d’un an que ces gens entrent et enlèvent des personnes dans la concession du frère Kaldaoussa Tchamayé Malachie. À chaque fois qu’ils prennent une personne, c’est ce frère qui se bat pour sa libération. Sa tante a été enlevée puis son père et aujourd’hui c’est lui-même qui est enlevé », renseigne Boukar Chétima, habitant de Mayo Nda.

Indiquant que cet otage « réside à Touboro avec sa famille. Il est venu à Mayo Nda pour des travaux champêtres. C’est là qu’ils l’ont capturé. C’est la même scène qui s’est produite avec son père. Lui aussi était venu pour un bref séjour puisqu’il réside Mofaré, mais ces gens l’ont calculé et l’ont pris en otage ». Avant de conclure que « tout porte à croire que ces gens-là agissent avec la bénédiction de la population locale. Il y aurait des individus qui leur filent des informations sur les mouvements des uns et des autres. Sans cela, il est difficile d’expliquer ce qui se passe sur nos terres aujourd’hui ».

Faut-il souligner que la localité de Mayo Nda est l’une des plus importantes agglomérations du migrant nord de l’arrondissement de Touboro. Elle est la mamelle nourricière de l’arrondissement et compte en moyenne 1 700 âmes. « Nous sommes des oubliés de la modernité. Nous ne pouvons aller et venir librement comme sous d’autres cieux. Nous marchons toujours et à tout temps sur la pointe des pieds. Nous avons peur en permanence d’être ravi par ces gens-là. Quelle vie ! Dans un aussi grand village, le gouvernement aurait pu créer une base militaire. Il n’en a pas été jusqu’ici question. C’est comme si notre sécurité ne fait pas partie de ses priorités », peste Boukar Chétima.

Il convient de préciser également que la localité de Mayo Nda est située à 64 kilomètres de Touboro. Pour la sécurité des habitants, deux militaires sont déployés de temps en temps. Un dispositif qui ne satisfait pas et ne rassure pas les populations.

Source: L'Œil du Sahel n°1866 du 1er novembre 2023