Enlèvement et vi0ls de mineure : Rotary Club Cameroun cité dans une sombre histoire

Une mineure violée

Tue, 9 Aug 2022 Source: LA NOUVELLE N° 660 du lundi 8 août

C’est l’histoire d’une petite fille âgée de 12 ans, Marie Chantal Manuela Bella, enlevée à Yaoundé, va se retrouver à Douala. Ses ravisseurs viendront par la suite la laisser à Yaoundé, au terme des enquêtes conjointes menées par les forces de sécurité dans les deux capitales politique et économique camerounaises. Parmi les suspects, l’on retrouve curieusement le nom de la présidente du Rotary club du Cameroun, Delphine Koussoukmack. Enquête.

L’Organisation non gouvernementale (Ong) dénommée Rotary international est connue comme une association caritative. Son objectif se décline ainsi qu’il suit : « cultiver l’idéal de servir auquel aspire toute profession honorable et, plus particulièrement s’engage à : premièrement : mettre à profit L les relations et les contacts pour servir l’intérêt général ». Seulement, dans ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler l’affaire Ananga Christine, cet idéal prôné par le fondateur du Rotary club international, Paul Harris est dévoyé. C’est d’ailleurs le sentiment partagé par tous ceux qui ont pris connaissance de cette rocambolesque Tout commence dans l’après-midi du 22 mai 2021 lorsque Christine Ananga et son compagnon Fernand Jean Claude Mvondo Enyegue, constatent la disparition au quartier Manguier à Yaoundé, de Marie Chantal Manuela Bella, la fille de Christine Ananga que son compagnon avait pris le soin d’adopter. La dame est alors très loin de s’imaginer que Mvondo Enyegue va se retrouver plus tard parmi les suspects du kidnapping de sa fille. On se croirait dans un véritable scénario hollywoodien.

Selon nos sources, c’est le premier message de paiement de rançon contre la libération de Manuela qui permet à Christine Ananga de se rendre à l’évidence qu’elle est dans l’engrenage d’un réseau d’enlèvement d’enfants. Face aux échanges qui vont suivre avec les ravisseurs, c’est curieusement Mvondo Enyegue qui prend les commandes à travers son téléphone Orange qui répond au 695 115 5…Voici d’ailleurs ce qui ressort des échanges le compagnon de Christine Ananga et l’un des ravisseurs qui répond au numéro de téléphone 656 737 3.., un contact téléphonique qui va se révéler au fil des enquêtes comme étant celui de la présidente du Rotary Club au Cameroun et de son fils, mais aujourd’hui suspendu par l’opérateur de téléphonie mobile.

CAMPEMENT

Lundi 31 mai 2021 à 09h29mn. « Bonjour, Manuela est avec nous, chercher 5 millions, vous fete (sic) le dépôt à ce numéro. Le nom du compte c’est Mvogo Aboudi ». Réaction de Mvondo Enyegue à 12h26mn. « Puis-je avoir Manuela ? » Réponse du ravisseur : « Elle est au campement. Elle sera libre quand vous allez envoyé (sic) l’argent. Il faut l’argent ». Mvondo Enyegue : « Il faille que je me rassure que j’envoie l’argent à celui qui a mon enfant ». Réponse du ravisseur : « Et on retire l’argent avant qu’elle soit libéré (sic) ». Mvondo Enyegue : « Je suis d’accord, mais je voudrai d’abord la voir même appel vidéo ». Réplique du ravisseur : « quand vous envoyez l’argent, je pars montrer (sic) au boss et vous allez la voir. Envoyez avant 15 h. » Lundi 31 mai 2021 à 16h02mn. Mvondo Enyegue poursuit sa conversation avec les kidnappeurs. « Svp estce que je peux parler à ma fille au téléphone pour me rassurer qu’elle est bien vivante ? Je suis en train de chercher à réunir la somme svp », relance le compagnon de Christine Ananga. Réponse du ravisseur : « Elle est vivante. Réunissez l’argent et envoyez avant midi. » Mvondo Enyegue : « Je suis dehors pour réunir les sous. Mais je souhaite la voir svp. Pitié ». « A demain matin, je retourne au campement », rétorque le ravisseur. Mvondo Enyegue : « Le campement c’est quoi svp ? » Réponse du kidnappeur : « Dès qu’il y a l’argent, elle a une puce et elle va vous appeler pour venir la prend (sic) kelke (sic) part à l’agence ».

LES SUSPECTS

Mardi 1er juin 2021. La conversation entre le kidnappeur et sieur Mvondo Enyegue reprend de plus belle. « Bonjour faite (sic) les effort (sic) d’envoyez (sic) l’argent, sinon on va prendre le même montant ailleurs. En informant la police et autre (sic), ça ne vous servira à rien. Je rentre au campement, je ressors à 11 heures », indique le ravisseur qui reviendra à la charge à 13 heures. « Bonsoir dites-nous s’il n’y a pas d’argent on quitte sur ça. Ok bye pour le silence. Votre fille risque de traverser (sic) la frontière Nigéria demain s’il n’y aura pas d’argent. Pour le moment elle se porte encore très bien ». Mercredi 2 juin à 17h04 », indique le ravisseur qui va envoyer un ultime message à son interlocuteur : « Si vous n’envoyez pas l’argent demain avant midi, vous allez avec elle (sic) pour la dernière fois demain ». Des sources proches de l’enquête indiquent que si les kidnappeurs ont jusqu’ici évité de converser avec Christine Ananga, c’est lorsqu’il a été question de verser la rançon que son compagnon Mvondo Enyegue va lui passer le téléphone. La mère de la petite Manuela finit ainsi par comprendre qu’elle était non seulement bien connue des ravisseurs, bien plus que ceux-ci étaient au courant que c’est elle qui détenait les cordons de la bourse dans le couple. C’est d’ailleurs sur ces entrefaites que Christine Ananga et Jean Claude Mvondo Enyegue déposent, le 24 mai 2021, une plainte « contre inconnu pour séquestration et enlèvement » auprès du commandant de brigade du poste de gendarmerie de Manguier à Yaoundé.

Au terme de l’exploitation des différents éléments mis à sa disposition, les suspects de l’enlèvement de la petite Manuela sont repérés à Yaoundé et à Douala. La majorité des suspects est mise aux arrêts et puis curieusement relâchée. Parmi ces suspects on retrouve : Delphine Koussoukmack (présidente du Rotary-Cameroun, d’origine Banen, épouse d’un Nigérian) ; Martial Bahel alias Boris (fils de Delphine Koussoukmack. De sources proches de l’enquête l’on apprend que c’est lui qui gardait la petite Manuela en captivité) ; Tatiana Mvogo Atangana alias Koko (proche de Mvondo Enyegue, elle est adoptée par Christine Ananga. Elle va se révéler au cours des enquêtes comme un maillon du réseau de kidnapping de la petite Manuela) ; Baudouin Kamdem alias Kam’s (c’est un faux gendarme mis aux trousses de Christine Ananga pour brouiller les pistes de l’enquête) ; Samuel Atha Eto’o (selon nos sources, c’est lui qui demandait la rançon) ; Ernest Kartouang (il est cité parmi ceux qui menacent aujourd’hui Christine Ananga de mort); Benoît Njoh Maka alias Bedel (c’est le « scamar » du groupe. Celui-là même qui pirate tous les contacts téléphoniques. Il est présenté dans l’enquête comme le petit frère du kidnappeur) ; Fabrice Njama A Nyama alias Nyam Macair (laborantin ayant travaillé avec Dr Christine Ananga dans son officine); Gabriel Embolo (ex-bailleur de Christine Ananga. Il serait soutenu par une grande élite du département du Mfoundi dont nous taisons pour le moment le nom); Cyril Dicko alias le Tchuiss (un élément du corps de la police, voisin de Christine Ananga. Il serait au cœur du kidnapping de la petite Manuela).

VIOLS

Mis à découvert, Christine Ananga vit dans une peur permanente. Dans une requête aux fins d’intervention adressée par Christine Ananga auprès du procureur général près la Cour suprême en date du 27 décembre 2021, l’on va apprendre que « la majorité de ces suspects a été arrêtée et relâchée », avant même que l’enquête ne soit bouclée. Plus grave, « depuis leur libération, je n’ai plus de vie. Ils me menacent de mort, ils portent des plaintes contre moi avec des motifs mensongers et obtiennent des mandats d’amener contre moi. Dieu merci, pour le moment le délégué à la Santé du Littoral m’a logée sous la demande du procureur général du Wouri parce que je n’ai plus de source de revenu, ils ont même vendu mon centre médical pour que je n’ai plus de moyens financiers pour les poursuivre en justice ou même survivre avec mes enfants. Ils sont tellement protégés qu’ils sont libres et continuent de me menacer de mort, de prison etc. (…)», déclare Christine Ananga. Tout simplement pathétique. Alors question : que va devenir la petite Manuela ? Des indiscrétions glanées à très bonnes sources, nous apprenons qu’après avoir établi une très grande proximité entre Baudouin Kamdem alias Kam’s et sa fille adoptive, Tatiana Mvogo Atangana de son petit nom Koko, Christine Ananga va aussitôt informer le commandant de brigade de Nkololoun à Douala.

Interpellée, Tatiana Mvogo Atangana va passer aux aveux. Bien plus elle va révéler avoir dit à l’enquêteur de la Pj de Yaoundé que son téléphone se trouve entre les mains de Baudouin Kamden alias Kam’s. Le commandant de la brigade de gendarmerie de Nkololun ne va pas hésiter à appeler le commandant de compagnie de Bonanjo. Le pot aux roses est découvert. Dans ses aveux, Tatiana va dénoncer tout le gang. Elle ira encore un peu plus loin en indiquant que lorsque le laborantin de Christine Ananga leur avait fait des prélèvements, c’est lui qui découvre que la petite Manuela ne « connaissait pas encore les hommes ». Donc une cible potentielle pour son réseau. C’est dans la foulée que le commandant de compagnie de Bonanjo instruit l’arrestation de tous les suspects. Seulement, le commandant de brigade de Manguier à Yaoundé va décider de libérer Gabriel Embolo, le bailleur de Christine Ananga pourtant cité parmi les suspects de l’enlèvement de la petite Manuela.

C’est ce même jour, apprend-on, que le suspect Cyril Bicko va entamer des négociations avec le commandant de la brigade de Nkololun pour la libération de la petite Manuela. Aux environs de 1 heure du matin, il passe un coup de fil au commandant de brigade de Nkololun pour lui dire que la fille de Christine Ananga se trouve déjà devant le domicile de sa mère à Yaoundé. Le commandant de la brigade de Manguier saisi par son collègue de Douala va dépêcher ses éléments sur le terrain. Ceux-ci vont confirmer la présence de la petite Manuela sur les lieux. Seulement, au terme des visites effectuées après son kidnapping, le rapport médical indique que la petite Manuela a subi des viols et des actes de sodomie après avoir ingurgité de la drogue. Affaire à suivre.

Source: LA NOUVELLE N° 660 du lundi 8 août