Des soldats en patrouille dans le Noso
Dans un grand reportage titré "Cameroun: le fléau du 'calé calé', ou quand les forces de l'ordre rackettent les civils", Radio France International (RFI) a exposé le honteux business auquel s'adonnent plusieurs éléments de l'armée, de la police et de la gendarmerie du Cameroun dans les régions en guerre du Noso.
Dans le reportage réalisé par un envoyé spécial de RFI à Buea, plusieurs camerounais ont affirmé avoir été plusieurs fois arrêtés sans raisons et en pleine journée par des hommes en tenue qui leur ont pris tout ce qu'ils avaient sur eux et pris 50000 FCFA de rançon avant de les libérer.
Dans le reportage, notre confrère cite Sally Ndape, fondatrice de l'ONG Community Initiative for Developmental Action (CIDA), qui affirme avoir recensé plus de 800 civils raflés par les forces de l'ordre ces derniers mois.
Voici quelques témoignages
"Quand ils veulent nous prendre, quand on entend qu'ils arrivent, on court. On va dans la forêt… Puis, certains vont vérifier, et si ça se calme, alors on rentre".
" Chaque fois qu'ils arrêtent les gens, ils leur prennent de l'argent. Calculez 50 000 francs CFA multiplié par 50 personnes, ou 50 000 francs CFA multiplié par 300 personnes… C'est un business, c'est une façon d'extorquer de l'argent à une population qui souffre déjà du conflit. S'il s'agissait de lutter contre les groupes armés, de réduire la violence, ils procèderaient aux arrestations, interrogeraient les gens puis les laisseraient simplement partir. Mais ce n'est pas ce qu'il se passe".
"Quand vous êtes arrêté, vous pouvez être gardé au commissariat ou en cellule pendant 15 jours renouvelables. En septembre, plus de 80 civils ont été arrêtés dans un village appelé Bonakanda. Ils ont finalement libéré un bon nombre d'entre eux, mais 25 ont été emmenés au tribunal militaire…"