Fruit du hasard ? Enoh Meyomesse est sorti hier après midi du lundi 27 avril 2015 de la prison centrale de Kondengui. Il a regagné les siens libre, après quatre années d’emprisonnement pour «recel aggravé».
Quelques heures plus tôt ce même lundi, l’ex détenu avait adressé depuis la prison centrale de Kondengui, une lettre ouverte à Paul Biya, président de la République du Cameroun.
L’écrivain et homme politique camerounais se plaignait du fait qu’il était toujours maintenu en détention, douze jours après que la Cour d’appel du centre a ordonné sa libération.
« Je me permets une seconde fois de vous adresser une lettre ouverte pour me plaindre de nouveau de la persécution dont je continue à être l’objet de la part d’une poignée d’individus, ennemis de la justice et de la démocratie, qui figurent dans votre gouvernement. J’ai été condamné, à tort naturellement, sur la forte pression de ces personnes, à une peine de quarante mois (40) d’emprisonnement ferme, pour « recel aggravé », par la Cour d’Appel du Centre, le 16 avril 2015, alors que cette accusation avait déjà été disqualifiée par le juge d’instruction – juge à part entière au même titre que les juges de jugement – trois années auparavant. Il s’est ainsi agi d’un joker que conservait lâchement dans la poche le ministère public, afin de contrer, le moment venu, l’acquittement évident qui devait clôturer mon procès » écrit d’entrée, l’essayiste avant d’exposer au président du Conseil supérieur de la magistrature les faits qui ont conduit à sa condamnation. « Ayant été arrêté à l’aéroport de Nsimalen le 22 novembre 2011, à ma descente d’avion en provenance de Singapour via Bangkok et Nairobi, la peine de quarante mois (40), qui venait de m’être infligée, a ainsi pris fin le samedi 22 mars 2015, soit il y a un long mois. En toute logique, je ne devais plus retourner en prison que pour faire mes bagages, et non plus y passer une seule nuit. Actuellement, malheureusement, à la date du lundi 27 avril 2015, soit onze (42) longs jours après ma date de libération, et je continue à me trouver toujours en détention. A supposer même que la date prise en considération par la justice camerounaise soit celle de mon arrivée à la Prison Centrale de Kondengui, à savoir le 22 décembre 2011, ma peine a également dans ce cas pris fin le mercredi 22 avril 2015. Je me retrouve par conséquent dans cette hypothèse à plus de cinq longs jours après ma libération par la Cour d’Appel du Centre, toujours en prison. Monsieur le Président de la république, une fois de plus je viens solliciter votre haute intervention pour que je puisse enfin recouvrer ma liberté, quarante mois à Kondengui, vous ne pouvez savoir ce que c’est pour un être humain. Votre vie s’arrête.» a conclu Enoh Meyomesse.
Est-ce que sa libération intervenue hier après midi est la conséquence de cette correspondance adressée au président de la République ? Mystère et boule de gomme ! Toutefois, la prorogation de la détention du célèbre blogueur au pénitencier de Kondengui serait le fait d’une lenteur administrative.
« On a perdu le temps entre le Tribunal qui doit délivrer le document indispensable pour sa libération et la prison de Kondengui» indique Bergeline Domou, présidente du Collectif pour la libération de Enoh Meyomesse.