Ce ne sont pas les résultats officiels de l'enquête sur le décès de Martinez Zogo, mais une analyse fondées sur les faits qu'a pu rassembler le très contesté Dr Dieudonné Essomba.
Dans un tribune publiée il y a quelques heures, l'ancien économiste en fonction au Minfi devenu consultant pour Vision4, a réussi à trouver l'erreur dan le raisonnement du Lieutenant colonel Justin Danwé qui accuse Jean Pierre Amougou Bélinga d'être le commanditaire du meurtre de Martinez Zogo.
Pour l'Ekang Dieudonné Essomba, Danwé a son propre réseau au sein du DGRE qu'il utilise pour vendre les informations et s'enrichir illicitement.
"Le colonel Danwe a très probablement créé une sorte d’excroissance au sein de la DGRE pour mener des activités de chantage et de vente d’informations, en marge du fonctionnement normal de l’institution", écrit l'analyste.
"Dans cette activité, il y a des relais notamment dans les milieux de la presse et auprès des personnalités, et beaucoup d’argent circule. C’est à l’occasion de cette activité mafieuse que Martinez aurait trouvé la mort... Mais très vite attrapé, le colonel Danwe manipulera l’opinion comme il a manipulé ses camarades pour commettre le meurtre. Il a fait croire à ses collègues que ce meurtre est exigé par la hiérarchie alors qu’il le fait dans le cadre de ses activités ripou", ajoute Dieudonné Essomba.
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"Comme j’ai eu à le dire, aucun scénario fondé sur un commanditaire ne peut expliquer les faits saillants connus sur le meurtre de Matinez Zogo :
-le caractère grotesque d’un crime qu’aurait commis par un meutrier venant d’être l’objet d’une violente dénonciation de Martinez Zogo : aucun criminel ne se comporte ainsi !
-l’implication des hautes et vieilles personnalités dont la moralité n’a jamais été mise en doute et dont les intérêts bien compris ne peuvent pas engager dans des aventures criminelles de nature aussi grossière et aussi risquée
-l’innocuité des dénonciations de Martinez Zogo sur les prétendus commanditaires, dénonciations qui n’étaient que simples ragots sans impact sur leur statut politique ou judiciaire
-l’assassinat d’un journaliste prêtre, ami du défunt, et qui aurait dès les premiers jours indiqué à Amougou Belinga qu’il n’a rien à avoir avec cette affaire. Assez paradoxalement, personne n’en parle !
-la terreur inspirée à Martinez qui aurait sollicité une protection de la police, et qui a tenté désespérément de se réfugier dans une gendarmerie, ce qui est bien la preuve que sa peur n’était pas inspirée par des menaces spéculatives de ses victimes, mais par des menaces réelles parfaitement identifiées et qu’il a effectivement reconnu spontanément ses assassins. Une hypothèse improbable pour un meurtre commandité.
-la soumission d’un service de haute sécurité de l’Etat à un homme d’affaires sans pouvoir politique, et ceci sans ma moindre résistance des meurtriers
-les aveux trop spontanés du principal meurtrier, totalement incompatible avec sa personnalité et son statut de colonel d’armée et surtout, de barbouze en chef
-la violence du crime qui tient davantage du règlement de compte des milieux mafieux et que de l’assassinat politique
Toutes ces données et bien d’autres sont totalement incompatibles avec l’existence d’un commanditaire.
Il faudrait donc lire dans ce crime l’action personnelle d’un individu particulièrement sanguinaire, manipulateur et mythomane. Le colonel Danwe a très probablement commis son meurtre dans le cadre d’un détournement de l’institution à des fins strictement privées. La DGRE est un service hautement sensible et surtout, redouté en tant que digne successeur de la redoutable DIRDOC (et du CENER) de triste mémoire. Susciter l’attention de cette institution inspire une véritable terreur.
Entre les mains d’un ripou, une telle institution devient un redoutable outil de chantage et de trafic d’informations sensibles.
Profitant de l’ambiance glauque de succession qui existe au Cameroun et d’un assouplissement du contrôle de l’Etat, le colonel Danwe a très probablement créé une sorte d’excroissance au sein de la DGRE pour mener des activités de chantage et de vente d’informations, en marge du fonctionnement normal de l’institution.
Dans cette activité, il y a des relais notamment dans les milieux de la presse et auprès des personnalités, et beaucoup d’argent circule. C’est à l’occasion de cette activité mafieuse que Martinez aurait trouvé la mort…
Mais très vite attrapé, le colonel Danwe manipulera l’opinion comme il a manipulé ses camarades pour commettre le meurtre. Il a fait croire à ses collègues que ce meurtre est exigé par la hiérarchie alors qu’il le fait dans le cadre de ses activités ripou.
En outre, du haut de son poste, il connaît parfaitement les Camerounais et anticipe leur comportement : il sait qu’Amougou Belinga cristallise toutes les haines d’un grand nombre de segments sociologiques au Cameroun et qu’en fait, les gens n’attendent qu’une telle accusation qu’il va proférer spontanément.
Cela lui permet de relativiser sa propre culpabilité, de brouiller les pistes et de donner un caractère politique à un crime crapuleux.
Ii est difficile de savoir exactement comment les choses se sont passées, mais seul ce scénario est conforme aux faits, à la psychologie des personnes et aux intérêts bien compris des uns et des autres.
Tout autre scénario conduit à des choses impossibles.
Ce criminel manipulateur et mythomane a donc conduit les enquêteurs sur une fausse piste. Le meurtre de Martinez Zogo est le fait d’un colonel ripou, une canaille qui a instrumentalisé la DGRE à des fins strictement privées avec une petite équipe, et qui a également manipulé l’opinion publique et les institutions de sécurité.
Le scénario du commanditaire conduira clairement à une impasse. Le désir absolu de retrouver un commanditaire, notamment après les instructions du Président de la République, poussera les enquêteurs à un zèle excessif, des arrestations en cascades, une surinterprétation des indices les plus anodins, et surtout un désir absolu de confirmer la culpabilité des suspects en rappelant d’autres faits n’ayant aucun rapport avec le meurtre…
Les services d’enquête devraient relever le défi posé par cet imposteur sanguinaire".