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Enquête sur la radio pirate de Boko Haram

24637 XStudio Radio Bamena Camerou.pagespeed.ic.6f8cjuP6MY Photo utilisée à titre d'illustration

Sat, 25 Jun 2016 Source: camer.be

Le réveil de Boko Haram n’est pas seulement sur le terrain militaire. Ces derniers jours, il a également envahi l’espace médiatique à la faveur de deux actualités majeures : Le «scoop» sur la camerounité du nouveau prétendu leader de Boko Haram, Bana Blachera - lequel se trouve être un ressortissant nigérian du village Blacheréa dans l’Etat du Borno - et la radio clandestine de la secte terroriste captée dans une localité camerounaise de la région de l’Extrême-Nord.

Des médias nationaux et internationaux affirment qu’une radio pirate de la secte Boko Haram émet on ne sait d’où et qu’elle a été captée, bien qu’irrégulièrement, par des habitants du village Tolkomari, dans l’arrondissement de Kolofata. La petite bourgade de quelques 3.000 âmes, qui a été à plusieurs reprises la cible du groupe terroriste nigérian, est située à 15 km environ de la frontière avec le Nigeria.

Quelle est la fréquence utilisée par la radio pirate de la secte ? Selon les médias nationaux qui ont traité l’information, en six mois, celle-ci a pu être écoutée sur les bandes 03.4 Fm, 91 Fm, 106.1 Fm et 96.8 FM. Adama Kassou, sous-préfet de l’arrondissement de Kolofata dont dépend la bourgade de Tolkomari, est formel.

«Nous avons vérifié par nous-mêmes, interrogé les populations. Tolkomari est une petite localité et il n’est pas difficile d’obtenir des précisions sur ce type d’informations. Personne n’a jamais rien écouté de tel là-bas. Il se pourrait qu’il existe une radio pirate de Boko Haram, je n’en sais rien à propos, mais je vous assure que personne n’a rien capté de tel à Tolkomari. Les populations écoutent des radios, mais rien de spécifique à Boko Haram. Si cela avait été le cas, nous l’aurons signalé à la hiérarchie afin que des contre-mesures soient prises.  Mais là, j’ai beau remué ciel et terre, alors rien», indique le chef de terre.

Avant cette sortie, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord avait déjà abondé dans le même sens. «Je ne suis au courant de rien. Vous vous doutez bien qu’une telle évolution de la situation aurait eu un traitement particulier», a indiqué en substance Midjiyawa Bakary. Même les comités de vigilance de Tolkomari, qui collectent au quotidien des informations pour les autorités administratives et militaires, sont aussi surpris de l’information.

«Chaque famille a au moins une connaissance parmi les membres des comités de vigilance. Cela n’a donc pas été difficile de vérifier l’information sur la radio de Boko Haram d’autant plus que faute d’électricité dans notre localité, très peu de personnes écoutent la radio. Il faut se procurer des piles, qui sont rares. Leur acquisition est même suspecte puisqu’elles sont utilisées dans la fabrication des bombes. Personne n’a rien suivi ici, ni nous comités de vigilance, encore moins les habitants. Même les déplacés qui sont ici n’ont jamais rien suivi de tel», indique un proche du président du comité de vigilance de Tolkomari.

Nulle trace donc d’un «auditeur» de la radio de Boko Haram. Même rengaine au camp militaire installé à Tolkomari. «Nous faisons aussi de la collecte du renseignement, mais nous n’avons pu mettre la main sur personne qui soit, un fois seulement, tombée sur une radio se revendiquant de Boko Haram», explique un officier . Le lamido de Kolofata, dont dépend traditionnellement la localité de Tolkomari, est tout aussi catégorique. «Je peux vous dire sans aucune hésitation que cette information est fausse. J’ai vérifié, aucune radio de Boko Haram n’a jamais été captée par qui que ce soit à Tolkomari. Nous avons recherché l’information, mais il est clair que rien de tel ne s’est jamais produit», explique Sa Majesté Seini Boukar Lamine.

HYPOTHÈSES

«Les langues les plus usitées chez Boko Haram sont le kanuri et le haoussa. Si la secte devait disposer d’une radio, même pirate, il va sans dire qu’elle émettrait dans ces dialectes pour conforter son assise dans ces communautés », explique Ousmane, un habitant de Tolkomari.

Source: camer.be