Alors que le Cameroun s’apprête à de nouvelles échéances électorales, une pratique bien rodée persiste au sein des forces de défense : le vote forcé en faveur du RDPC. Témoignages et mécanismes révèlent une fraude institutionnalisée, particulièrement au sein de la Garde présidentielle, où les militaires sont contraints de voter sous pression financière et sous menace de sanctions.
En 2018, au lycée d’Etoug-Ebe, un scénario bien huilé se répétait : des militaires de la Garde présidentielle (GP) entraient dans le bureau de vote, prenaient tous les bulletins, mais ne glissaient dans l’urne que celui du RDPC. Les autres bulletins, soigneusement dissimulés dans leur tenue, servaient ensuite de preuve pour toucher une prime.
Le prix de la loyauté forcée :
30 000 FCFA pour les militaires du rang
40 000 FCFA pour les sous-officiers
50 000 FCFA pour les officiers
Mais gare à celui qui oserait rapporter le bulletin du RDPC parmi ceux non déposés : sanctions immédiates, rétrogradation vers l’armée "ordinaire" (considérée comme un "dépotoir"), gel des promotions, voire affectation disciplinaire.
Avec près de 8 000 hommes, la GP n’est qu’un maillon d’un dispositif bien plus large. Dans d’autres unités, les commandants de compagnie s’assoient près des bureaux de vote, notant qui a voté… et qui a osé s’abstenir.
Les civils présents dans ces bureaux fermeraient les yeux, préalablement "motivés" pour laisser passer la manœuvre. Aucune vérification n’est faite pour s’assurer que les bulletins non utilisés sont jetés.
Ce mécanisme ne serait pas le fruit du hasard, mais bien une opération coordonnée au plus haut niveau de la hiérarchie militaire et politique. L’objectif ? Garantir un vote massif en faveur du pouvoir en place, quel qu’en soit le prix pour la démocratie.