• Entre le Mali et la France la donne a fondamentalement changé
• La fin d’une époque est prononcée
• Le Gouvernement malien décida finalement de l’expulsion de l’ambassadeur de France
Entre le Mali et la France la donne a fondamentalement changé et c’est désormais la fin d’une époque qui est prononcée. Et comme premier corolaire, l’expulsion de l’ambassadeur français de Bamako le lundi passé.
En effet, depuis le discours du Premier ministre malien, Choguel Maïga, au cours de la 76e session ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations Unies tenue le 25 septembre 2021 où il a accusé Paris d’avoir abandonné en plein vol le Mali, la situation n’a fait que se détériorer entre les deux pays avec une agitation verbale sans précèdent.
Tout cela s'explique par la coopération intensive entre le Mali et la Russie d'une part et l'exigence de la junte militaire malienne de procéder à la relecture de l'accord de défense entre le Mali et la France.
« L’opération Barkhane annoncée par le président français, Emmanuel Macron, décidée sans consultation ni concertation avec nos autorités, la nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane plaçant le Mali devant le fait accompli, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de nos populations de manière autonome avec d’autres partenaires », avait déploré le PM malien à la tribune de l'ONU.
Ces propos de Choguel K. Maïga n'ont pas du tout été du goût de l'Elysée
« Il n’y a pas de désengagement français, je tiens à commencer par rétablir des contre-vérités (…). Quand on a 5000 soldats et qu’on se désengage de trois emprises et qu’on a l’intention d’en laisser encore plusieurs milliers, lorsqu’on déploie au sahel des blindés dernier cri (…), ce n’est pas l’attitude normale d’un pays qui a l’intention de s’en aller », a affirmé Mme Florence Parly, ministre des armées françaises.
Après elle, c’est autour du Président Emmanuel Macron de lui emboîter le pas en qualifiant de « honteux » et « inacceptables » les propos du PM malien.
« C’est une honte et ça déshonore de ce qui n’est même pas un gouvernement issu de deux coups d’Etat », dira le Chef d'Etat français. Selon lui, la France s’est engagée à lutter contre le terrorisme et pour la sécurité au Mali. Et la France est au Mali « parce que l’Etat malien l’a demandé. Et, sans la France, le Mali serait entre les mains des djihadistes », a-t-il ajouté.
Le 25 janvier, la Ministre française des armées Florence Parly a déclaré, que la « junte multipliait les provocations ». Après le retrait du contingent danois, son collègue des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qualifiait la « junte militaire malienne d’illégitime » et ses décisions d’irresponsables ».
Jean Yves Le Drian, le PM français tiendra les mêmes propos hostiles le lundi 27 janvier. Il va fustiger les « mesures irresponsables » d’une junte « illégitime », après que les Autorités maliennes aient demandé le retrait des soldats danois qui venaient d’être déployés dans le pays.
La contre-attaque malienne
Le gouvernement malien n'a pas hésité à répliquer à ces propos peu diplomatiques de l'état français. Suite aux propos du Président Macron, le chef de la diplomatie malienne a convoqué l’ambassadeur de France au Mali, le mardi 5 octobre 2021, au département des affaires étrangères. Il a invité « les autorités françaises à la retenue, en évitant des jugements de valeur », après avoir exprimé le mécontentement des autorités maliennes suite aux « propos inamicaux et désobligeants », tenus par Emmanuel Macron. Exprimant par la même occasion une “vive protestation contre ces propos regrettables”.
Le ministre des affaires étrangères a quant à lui appelé la France à « se concentrer sur l’essentiel, notamment la lutte contre le terrorisme au Sahel », dans un communiqué.
« Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation », a déclaré Abdoulaaye Maïga, Ministre de l'administration territoriale et porte-parole du gouvernement, évoquant les sanctions de la CEDEAO. Accusant par-là, la France qui cherche à diviser les maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». « Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État » ajouta-t-il.
Jean-Yves Le Drian, s'est fait vivement condamner par Abdoulaye Diop : « ce sont des propos empreints de mépris. Ce sont des propos que je condamne qui sont inacceptables. Et je crois que les insultes ne sont pas une preuve de grandeur. Nous sommes disposés à discuter avec la France ou d’autres sur des questions de substances. Il ne s’agit pas de questions irresponsables. Ce que nous essayons de faire, c’est de défendre les intérêts de notre pays. Toute présence étrangère au niveau du Mali doit répondre aux règles maliennes, doit aussi aller dans le sens des intérêts supérieurs du Mali, surtout pour la présence des forces étrangères ».
Le Gouvernement malien décida finalement de l’expulsion de l’ambassadeur de France.
« Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures », précise le communiqué du Gouvernement.
L'expulsion de Joël Meyer, 60 ans, « fait suite aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des affaires étrangères tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées ». A expliqué les autorités maliennes concernant l’ambassadeur de France au Mali, en poste à Bamako, depuis octobre 2018. « Persona no grata désormais ».