Entre rumeurs et réalités : la course à la succession de Paul Biya

Qui, par exemple, portera le duvet du RDPC

Fri, 28 Apr 2023 Source: Le Quotidien

En route vers l’après-sénatoriales du 12 mars 2023... Pas moins de quatre échéances électorales sont en vue. En 2025. Sauf dérogation spéciale. Année électorale par excellence, 2025 sera décisive et déterminante. Le Cameroun devrait organiser, successivement ou de façon groupée, en fonction de la conjoncture, les élections municipales et législatives autour du 09 février ; présidentielles autour du 07 octobre ; régionales autour du 06 décembre.

A 22 mois des municipales et législatives, à 30 mois de la présidentielle, à 32 mois des régionales, le secret de l’homme providentiel demeure entier. Quitte à assumer quelque marge d’erreur comme dans tout exercice de prospective, rien n’interdit de lever quelques pans de voile. Sur la résilience des uns et sur l’impatience des autres. Qui, par exemple, portera le duvet du RDPC face aux prétendants de l’opposition en cet hiver électoral qui s’annonce glaçant ? Tentative de décryptage.

1. Le calendrier électoral en pointillé.

A l’heure actuelle, différents thinktanks ont probablement déjà proposé divers scénarii possibles. Entre respect en l’état du calendrier électoral, organisation d’élections générales ou groupées, ou anticipées, le débat est loin d’être tranché. La décision la plus éclairée devant dépendre, à la fois, des contraintes économiques et/ou financières au regard de la conjoncture, de la capacité de résilience des protago nistes, et... des aléas de la vie humaine. L’homme propose, Dieu dispose. Il n’empêche : en 2020, en pleine crise de la pandémie du Covid-19, le Cameroun avait déjà réussi l’exploit d’organiser trois élections dans l’intervalle de neuf mois, dont deux élections groupées. La force de l’expérience acquise le placerait donc en terrain connu, voire conquis. A la seule réserve que la mère des élections qui avait eu lieu en 2018, est ici encadrée au stabilo rouge. C’est l’élément perturbateur sur l’échiquier.

Du coup, cette donnée peut faire changer de perspective d’autant qu’elle complexifie la nouvelle donne. Que décidera, en dernier ressort, le Président de la République, et non moins Président National du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), candidat naturel du parti à l’élection présidentielle ? Que fera le RDPC de son écrasante majorité au Sénat : pratiquement 94 sièges, tout bien considéré, contre six que se partagent l’ANDP, l’UNDP, le MDR, le FSNC, le SDF et l’UPC ? L’opposition camerounaise est-elle condamnée à bivouaquer en hiver lors des échéances électorales de 2025 ? Sauvera-t-elle son honneur perdu en se jetant, corps et âme, dans la préparation des élections de proximité, les seules qui soient véritablement à sa portée ? Sa survie politique en dépend largement. Selon la loi des séries, les victoires d’aujourd’hui préparent ou préfigurent celles de demain. Et inversement !

2. Société de l’information à l’ère du Paléolithique !

Paradoxe : à l’ère du tout-info, personne ne semble prêter foi à l’information, la vraie, quelle que soit sa source ! Paul BIYA, Président de la République, Chef de l’État, a beau appeler à la patience, ceux qui brûlent de savoir s’il sera candidat à sa propre succession ou s’il se retirera «au village», des personnalités de légende se plaisent à écouter l’actualité aux portes de l’histoire en marche, et à se désaltérer dans les ragoûts des ragots qui rampent à l’escargot. Quand ce n’est pas Paul qui est propulsé dans l’arène pour prendra le trône de Pierre, ou le fils pour s’emparer du siège du père, c’est, selon les saisons, untel qui fut Leonais et roi, ou tel autre, descendant de la lignée des prophètes, ou tels autres encore, issus de l’ordre des tertiaires ou de la caste des apôtres... En fonction des printemps, la «blacklist» change de noms, d’objectifs et de cibles. Définie comme «une société qui fait un usage intensif des réseaux d’information et de la technologie de l’information, produit de grandes qualités de biens et de services d’information et de communication, et possède une industrie de contenus diversifiée», la société de l’information semble reproduire les ombres du Paléolithique. Comme à la première période de la préhistoire, il y a près de trois millions d’années ! Alors même que le calendrier électoral est régulièrement respecté, certains protagonistes préfèrent se bourrer le cerveau par des supputations et se perdre en conjectures. Drôle, et même drolatique, que tout cela ! Résultat des courses : le Code BIYA reste indéchiffrable, et «cet homme hors du commun», indécodable (François MATTEI). «Et comme le chiffre 4 structure la sémiotique arithmétique de l’actant Paul BIYA, il est loisible de déduire que cet actant (système de signes onomastiques) est un phénomène articulé autour d’un axe syntaxmatique pertinent» (Jacques FAME NDONGO). Si le lecteur, au 3ème degré, peut en juger en jouissant et en jouir en jugeant, c’est que le sujet actantiel, porté en objet d’étude, présente un intérêt qui va au-delà du «cobaye scientifique» pour lui conférer les propriétés du «nombre d’or», cet «idéal envoyé du ciel» (op cit). Ce spécimen dénommé Paul BIYA, je l’ai rencontré au hasard de la lecture des textes proposés à la méditation en ce dimanche des Rameaux (02 avril 2023).

3. L’art du silence appliqué à la maïeutique socratique

Face aux bourreaux qui alimentent sa Passion, depuis la haute trahison de Judas jusqu’à la lâcheté de Pilate en passant par le prétoire de Caïphe, Jésus excelle dans l’art oratoire qui alterne, au gré des circonstances, l’éloquence des silences et l’énonciation suggestive de la maïeutique socratique. En effet, chez le philosophe grec, Socrate, la maïeutique consiste en «l’art du questionnement dont l’objectif est de montrer à celui qui se croit ignorant qu’il est en réalité savant ou sachant».

Levée de rideau

Scène première : le soir venu, Jésus se trouve à table avec les Douze. Jésus : «Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là !» Judas (celui qui le livrait) : «Rabbi, serait-ce moi ?» Jésus : «C’est toi-même qui l’as dit !» Scène deuxième : chez Caïphe, le grand prêtre où s’étaient réunis les scribes et les anciens. Caïphe: « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ?» Mais Jésus gardait le silence. Caïphe: «Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si c’est toi qui es le Christ, le Fils de Dieu». Jésus : «C’est toi-même qui l’as dit ! En tout cas, je vous le déclare : désormais vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel». Scène troisième : chez Pilate, le gouverneur. Pilate: «Es-tu le roi des Juifs ?» Jésus : «C’est toi-même qui le dis». Mais, tandis que les grands prêtres et les anciens l’accusaient, il ne répondit rien. Pilate : «Tu n’entends pas tous les témoignages portés contre toi ?» Mais Jésus ne lui répondit plus un mot... « Paul BIYA, le Président le plus insulté au monde» (Françoise FONING, femme politique) Le récit de la Passion ressemble, par certaines séquences, au «marronnier» de la gifle que reçut de plein fouet, un certain Paul BIYA de la part d’un de ses compagnons politiques. Peu importe le lieu du crime de lèse-majesté (il était Premier Ministre). Dans un bureau ou sur la place publique ? Les versions varient sur ce point précis. Mais, il reste constant que l’infortuné ne répliqua point ni «ne répondit un mot». Stoïque et taiseux comme son Maître, transcendant et résilient comme son parangon, il alla son chemin et poursuivit son destin. Et Isaïe de prophétiser : «Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu» (Isaïe 50, 5-7).

Oui, assurément, là est le secret de l’homme. De sa configuration au Christ, il tire à l’évidence, la force de l’expérience, la sagesse du Roi Salomon à qui furent accordés, de surcroît, pouvoir, richesses et longue vie. Quatrième (nombre d’or) fils du roi David, Salomon succéda à son père à l’âge de 15 ans et régna pendant 40 ans («nombre d’or et proportion divine»). Mais, il y a ici bien plus que Salomon...

Source: Le Quotidien