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Epervier : depuis la prison de Kondengui, Olivier Bibou Nissack fait trembler Paul Biya et ses ministres

le MRC ne conçoit pas le défilé du 20 mai comme une simple exhibition de pancartes

Jeu., 25 Mai 2023 Source: Le Messager

Dans une tribune relayée par le confrère le Messager et dont Camerounweb a reçu copie, le membre du Mrc aujourd'hui incarcéré à la prison de Kondengui expose et met à nu le régime de Paul Biya qui estime rempli de farfadets et de détourneurs de deniers publics.

« Imaginez que vous rencontrez une femme dans la rue. Elle ne vous connait pas et ne vous a jamais vu. Mais la première chose que vous faites est de lui dire : « Tu es ma femme dès aujourd'hui et nous sommes très amoureux.» À votre avis, qu'est-ce qui va se passer ? À moins que vous soyez profondément stupide, vous-mêmes vous n'allez pas croire un seul instant qu'elle vous aime déjà alors que vous l'avez littéralement kidnappée, et que vous n'avez entrepris aucune démarche authentique pour la séduire. Il en est de même pour l'unité camerounaise.

Le régime Biya est constitué de farfadets qui pensent que l'unité se décrète et se proclame sur papier, même si sur le terrain un geyser de sang a déjà englouti plus de 6 000 de nos concitoyens dans la partie occidentale du pays, à cause d'une guerre absurde dont l'absence de dialogue fraternel (et donc d'unité) fut précisément la cause. Et même si des ministres d'État se font les principaux incubateurs du tribalisme et du rejet de l'autre, au nom d'un « socle granitique » qui n'a rien à envier au nazisme hitlérien d'entre 1933 et 1945 en Allemagne. Et même si quelques poubelles électroniques appelées « chaînes de télévision » distillent au quotidien le même message subliminal de stigmatisation, sous le regard absolument coopératif du ministère de la communication et de son compère d'inutilité, le CNC.

Morceaux choisis

Manaouda Malachie est impliqué jusqu'au cou dans la sombre affaire de détournements des fonds dédiés à la lutte contre le Covid, mais il semble qu'il est un bon patriote et un symbole de l'unité, puisqu'il a appelé à la candidature de Paul Biya en 2025 (en ayant au passage pris soin de rassembler sa « communauté » septentrionale à Yaoundé pour ce faire).

Dans le même temps, Bibou Nissack n'est concerné par aucun scandale financier (ni par aucun scandale tout court), mais ses enfants sont condamnés à passer 7 années de leur toute jeune vie sans père, parce que ceux qui ont volé les fonds Covid et les fonds de la CAN ont décidé qu'il méritait la prison. Car lui, n'a pas été séduit par la toquade biyayiste. C'est donc cette unité en papier mâché que vous sert le régime de Yaoundé, exactement comme cet homme qui vous sert un amour proclamé, mais dépourvu de construction et de cheminement romantique. Au Cameroun, on pense qu'il suffit de décrocher son plus beau costume de la penderie et de parader devant Paul Biya au boulevard du 20 mai pour que l'unité soit. Or, de la même manière que ce 20 mai naquit dans la tromperie et la ruse du tandem Yaoundé - Paris (Ahidjo - Pompidou) et que les décennies suivantes ont été marquées par une rancœur latente de nos frères anglophones, c'est ainsi que les célébrations artificielles de ces dernières années drainent avec elles le spectre de toutes ces libertés opprimées et de toute cette injustice.

Et ceux qui subissent, ce sont les seuls vraies patriotes, le peuple du changement. Voilà pourquoi le MRC ne conçoit pas le défilé du 20 mai comme une simple exhibition de pancartes frappées de slogans vides (et surtout pas comme une « fête »), mais comme un rappel à chacun que l'unité véritable se pense, se façonne, se fabrique et s'entretient. L'unité repose sur des règles solides et surtout sur l'acceptation par tous les citoyens de la validité de ces règles-là.

Le tout sans coup bas ni fourberie. Car à partir du moment où il y a injustice ou rejet de l'autre, on ne parle plus d'unité, mais de bombe à retardement. Dans son livre « Pensées » paru à titre posthume en 1670 (soit 8 ans après sa mort), Blaise Pascal écrit que « l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie ».

Cela signifie que ce n'est pas le dîner de gala retransmis le soir à la CRTV qui prouve que les Camerounais sont unis, mais c'est l'application concrète des mêmes valeurs pour tout le monde. Les plus grandes de ces valeurs étant l'égalité des chances politiques et le respect de la vie et de la dignité humaine. Si seule une minorité profite de la liberté, de la paix et de la vie pendant qu'elle torture, brise et tue autrui, on est bien en tyrannie. De son côté, quand le MRC défile, il pense à Florence Ayafor, à Rodrigue Ndagueho, à l'enseignant Hamidou, au drame d'Eseka, aux tueries du NOSO, à Monique Koumatekel et à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de jouir des évacuations sanitaires, des Dom Pérignon, des jets privés en argent public et de la paix de Mvomeka, au milieu des ananas. Il ne défile pas devant Paul Biya, mais devant le vert rouge- jaune et devant l'Histoire, et marque sa volonté de créer un avenir où le pays profitera à tout le monde.

C'est le fruit de la noblesse de l'âme ; c'est une philosophie étrangère aux biyayisme qu'on appelle l'humanisme. Car, loin de l'humanisme, le biyayisme au contraire n'est qu'un odontolisme. Ekanga Ekanga Claude Wilfried (Quand tu leur demandes pourquoi Bibou Nissack est en prison, ils te disent que « l'État dispose d'éléments que nous n'avons pas.» C'est comme si quelqu'un disait : « Je me suis marié hier, mais je ne sais plus avec qui.»).

*Ancien porte-parole de Maurice Kamto.

Ecroué à la prison centrale de Kondengui »

Source: Le Messager