Invité aux échanges organisés par le Club des journalistes politiques du Cameroun, le candidat à l’élection présidentielle a fait le round-up de l’actualité.
Hier jeudi 07 juin à Yaoundé, Akere Muna était l’invité du café po du Club des journalistes politiques du Cameroun (Club po). Le candidat à l’élection présidentielle de cette année et leader du «Mouvement Now», a échangé avec les journalistes sur des sujets qui font l’actualité nationale. La corruption, la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’élection présidentielle de cette année et la situation économique du Cameroun sont les sujets qui ont été abordés au cours de cet échange.
Crise anglophone
Sur la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la revendication qui porte sur le retour au Cameroun du corps de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, est la preuve que la crise qui sévit dans ces deux régions du pays, est le résultat de la «mauvaise gouvernance» d’après Akere Muna. En guise de solution à la crise anglophone, l’ancien Bâtonnier de l’Ordre estime que cette dernière révèle la mauvaise gestion de l’héritage culturel colonial et le défaut de proximité des dirigeants. Lesquels ne sont pas au fait des préoccupations des gouvernés. Il propose ainsi un fédéralisme à deux Etats. «Le système fédéral nous a permis de construire l’unité nationale», se sou- vient-il des termes prononcés par le président Ahmadou Ahidjo en 1972.
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Akere Muna estime à ce sujet que «le mal est systémique au Cameroun» et par conséquent, nécessite une politique de lutte globale. Ce qui selon lui, n’est pas encore le cas. «Nous n’avons pas un système de lutte contre la corruption», dénonce-t-il, avant de regretter le manque de vision qui caractérise cette action. Le non-respect de l’indépendance du pouvoir judiciaire à l’égard du pouvoir exécutif et l’absence d’une «loi-cadre sur la corruption» constituent en partie les obstacles joints à la lutte contre la corruption selon Akere Muna.
Interpellé sur l’arrestation, au mois de mars dernier, de certains hauts responsables de l’administration tels que l’ancien ministre Basile Atangana Kouna, ou encore l’ancien recteur de l’Université de Douala, Bruno Bekolo Ebe, dans le cadre de l’«opération Epervier», Akere Muna ne cache pas son embarras quant à la l’objectif visé par cette opération, ainsi que le procédé par lequel elle est conduite. L’avocat pense que le détournement des fonds publics peut se régler dans la cadre d’un «procès civil» afin que les mis en cause restituent le corps du délit. De plus, le fait de condamner certaines personnes et laisser en liberté d’autres contrevenants, est de nature à créer les tensions sociales. A cet effet, l’ancien Bâtonnier affirme que «pour le moment, l’opération Epervier, c’est de la sensation».
L’annonce, le 07 octobre 2017, de la candidature de Akere Muna a également donné matière à réfléchir. Le candidat à la présidentielle pense que la législation actuelle en matière électorale ne favorise pas les candidatures indépendantes. La seule option qui lui reste, serait de se présenter sous la bannière d’un parti politique légalisé. Seulement, il entretient tout de même l’incertitude sur le choix du parti qui pourra l’investir pour la prochaine élection présidentielle. «Avant la fin de ce mois, vous le saurez», avance-t-il. Réticent quant à l’idée d’affronter Paul Biya à l’élection présidentielle de 2011, Akere Muna par la suite, a changé d’avis. Arguant que les données ont complètement changé. Le chef de file du «Mouvement Now» dit être «motivé par l’échec de la politique de [notre] pays». Le fils de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Solomon Tandeng Muna, dit ne pas avoir pris part au vote à l’élection présidentielle de 2011. La raison étant qu’aucun des candidats à cette élection n’a, selon lui, présenté un projet pouvant améliorer les conditions de vie des Camerounais.
Coalition de l’opposition
Sur les modalités de désignation d’un candidat unique de l’opposition, Akere Muna milite pour le choix sur la base d’un ensemble de critères et non à l’issue d’une élection primaire tel que voulu par d’autres. Il pense que les primaires ne sont pas adaptés au contexte camerounais. «L’organisation des primaires, c’est du copier- coller», pense-t-il. Lesdits critères devront être arrêtés par les différents leaders des partis politiques d’opposition. Les discours à forte coloration tribaliste, tenus par certains leaders politiques sur l’espace publique, ont été soumis à l’appréciation de Akere Muna. En cela, ce dernier voit un aveu d’impuissance. D’après lui, «ceux qui se replient sur leurs identités ethniques sont des faibles. Ils espèrent bénéficier de la sympathie de leurs proches».
Croissance économique
Parlant de la situation économique, Akere Muna articule sa politique sur trois axes que sont «la production, la conservation et la transformation». Amené à proposer un plan pour le remboursement des 560 milliards Fcfa, représentant la dette intérieure de l’Etat à l’endroit des Petites et moyennes entreprises (Pme), selon le patronat Ecam (Entreprises du Cameroun, Ndlr), Akere Muna pense qu’il faut «doubler le taux de croissance actuellement de 4%, et injecter un minimum de fonds pour relancer les Pme». Il milite pour un investissement important dans les Technologies de l’information et de la communication (Tic). La résolution du problème que pose la surtaxe de certaines entreprises nationales passe par «l’élargissement de la base fiscale», recommande-t-il.
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En somme, les échanges avec le candidat Akere Muna, dans le cadre des activités du Club po, renseignent sur le fait que «le Cameroun a besoin des journalistes responsables, qui abordent les questions d’actualité politique, économique avec une certaine efficacité. Ce qui s’est passé aujourd’hui [hier, Ndlr] avec le Club des journalistes poli- tiques, montre bien que la presse est consciente de ses responsabilités», conclut Georges Alain Boyomo, le président dudit Club.