Ancien candidat au poste de «représentant de la ligue départementale de football du Lom et Djerem» lors du processus de désignation du président de la Fédération camerounaise de Football (Fécafoot) en 2018, M. Angelo Jeannot Beye Bedjel est en passe de perdre cette possibilité lors de la campagne de mise en place des nouveaux dirigeants de l’instance faîtière du foot camerounais dont le couronnement est prévu le 11 décembre prochain. Pour cause : le concerné est dans la nasse de la justice. En début d’année, un juge d’instruction du Tribunal criminel spécial (TCS) a lancé contre lui un mandat d’arrêt au sujet de sa gestion controversée des fonds issus de la Facilité internationale d’achat de médicaments (Fiam), un programme porté par le ministère de la Santé publique (Minsanté).
Le jugement public de M. Beye Bedjel, considéré en fuite, s’est en effet ouvert devant le TCS le 12 novembre dernier. On lui impute un détournement présumé de 303 millions de francs. Les faits de la procédure remonteraient à la période comprise entre 2017 et 2020. A cette époque, l’accusé occupait les fonctions de régisseur (caissier) du Fiam. Lors de l’audience de la semaine écoulée, le ministère public a annoncé qu’il n’a pas de témoin à faire entendre mais compte s’appuyer sur des documents accablants pour asseoir les charges. Il a par conséquent sollicité et obtenu un renvoi pour mettre les documents en question en la forme requise par la loi. L’affaire est renvoyée au 28 décembre 2021.
Selon les informations recueillies auprès d’une source proche du dossier, les faits au centre du procès ont été découverts lorsque M. Beye Bedjel a été mis à la retraite en 2020. Ce dernier s’était abstenu d’assister à la passation de service. Mené en son absence, l’audit de sa gestion aurait permis de constater que l’accusé effectuait certaines dépenses sans requérir l’autorisation préalable du coordonnateur du Fiam. De fait, la confrontation des documents comptables que tenait M. Beye Bedjel et les ordres de paiement délivrés par le coordonnateur du Fiam a mis en lumière «un gap» de 303 millions de francs imputé au fuyard. Depuis sa création en 2012, le TCS a pris l’habitude de condamner tous ses «clients» en fuite à l’emprisonnement à vie, lorsqu’ils sont reconnus coupables.
Bon à savoir, lancée en 2006, la Facilité internationale d’achat de médicaments est financée par une contribution internationale sur les billets d’avion. Les fonds issus de ce mécanisme porté par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à travers l’initiative Unitaid sont en effet prélevés lors de la vente des billets d’avions par les compagnies internationales. L’argent récolté permet d’acquérir, au meilleur coût, des traitements pour les malades du sida, du paludisme et de la tuberculose dans les pays en développement.