Eric Tataw Tano
Jeune Afrique scrute de près l'arrestation d'Eric Tataw Tano, un personnage-clé de la crise anglophone au Cameroun, survenue aux États-Unis le 5 septembre 2023. Ce sécessionniste, longtemps accusé de financer les rebelles ambazoniens, est désormais confronté à des accusations de détournement de fonds liés à la pandémie de Covid-19. Une arrestation aux répercussions inattendues.
Les origines de cette arrestation remontent à une affaire bien différente, liée au programme de protection des salaires (Paycheck Protection Program - PPP) initié en 2020 sous le gouvernement de Donald Trump. Eric Tataw Tano fait maintenant face à des accusations de détournement de fonds Covid, le plaçant en détention provisoire aux États-Unis, rappelle Jeune Afrique. Une demande de libération sous caution est en cours d'examen, prévue pour ce vendredi 8 septembre.
Pourtant, l'homme n'est pas étranger aux regards inquisiteurs. Outre ses ennuis judiciaires aux États-Unis, Eric Tataw Tano est également sous le feu des projecteurs au Cameroun, où il est accusé d'être co-responsable d'attaques à la bombe artisanale à Yaoundé, Douala et Ebolowa. En 2020, il avait appelé à intensifier ces attaques sur le sol camerounais.
Le séparatiste fait également l'objet d'un mandat d'arrêt pour son implication présumée dans la guerre civile sévissant dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Il est accusé de financer le terrorisme, ce qui l'a conduit à figurer sur une liste de leaders sécessionnistes à neutraliser, rédigée en 2018 par la Délégation à la Sûreté nationale de Martin Mbarga Nguélé et partagée avec les missions diplomatiques camerounaises dans le monde, y compris aux États-Unis, note Jeune Afrique dans son analyse.
L'arrestation d'Eric Tataw Tano aux États-Unis soulève des questions quant à la nature réelle de ses problèmes juridiques outre-Atlantique. Bien que l'arrestation ne semble pas liée au dossier camerounais, il a fait face à plusieurs plaintes aux États-Unis, dont certaines émanant de l'avocat camerounais Emmanuel Nsahlai, qui représente activement Yaoundé devant les tribunaux américains. Son objectif : obtenir la condamnation d'Eric Tataw Tano pour sa prétendue implication dans la guerre des séparatistes ambazoniens.
L'avenir de cet acteur clé de la crise anglophone reste incertain, avec des conséquences potentiellement inattendues pour la situation au Cameroun et dans la région.
