Le ministre de la Communication (Mincom) qui a donné une conférence de presse sur l’accident de train très tard dans la soirée du 25 octobre 2016 à Yaoundé, a parlé d’un bilan de 76 morts pour 599 blessés.
Sceptiques, les journalistes ont écouté le Mincom s’exprimer sur l’accident de train de la Cameroon railway (Camrail). Aucun dirigeant de la compagnie ferroviaire à ses côtés ni de ministre de Transports, Edgar Alain Mebe Ngo’o. Un ministre des Transports dont on s’est pourtant délecté des contradictions sur les ondes de la Crtv, radio et télévision gouvernementales camerounaises. Et pourtant, il n’échappe à personne que le vendredi dernier, l’ancien ministre de la Défense qui avait d’abord déclaré avoir ordonné à Camrail d’augmenter le nombre de voitures après l’effondrement de la chaussée sur la route Yaoundé – Douala, s’était ensuite rétracté après la boucherie humaine d’Eséka, et mis l’initiative au seul compte de Camrail.
Acculé par le journaliste Armand Okol sur l’absence du président de la République aux cérémonies ayant ponctué la journée de deuil national de lundi dernier décrété par lui-même, ou sur le fait qu’il n’ait jamais daigné faire le déplacement d’Eséka, moins encore une visite aux blessés hospitalisés, Issa Tchiroma Bakaray a répondu que Paul Biya « attelle le Cameroun à lui où qu’il se trouve, et que les membres du gouvernement qui le représentent à différents actes publics, suffisent.
Paul Biya est partout ». Riche en révélations, la prestation de Issa Tchiroma Bakary, nous apprend aussi que Paul Biya, n’a jamais violé la Constitution, s’en fout éperdument de la presse camerounaise, et qu’érigé sans doute en dieu, il « ne se trompe jamais sur ce qu’il fait ». « Le président de la République n’obéit pas aux injonctions de la presse. Vous pouvez écrire ce que vous voulez », lancera-t-il aux Hommes de média.
Le porte-parole du gouvernement, a aussi indiqué que morts et blessés de l’accident de train d’Eséka, « seront indemnisés à hauteur des prescriptions de Camrail avec ses assureurs ». Toutefois, le Mincom s’est montré prudent sur la prise en charge par la filiale du groupe Bolloré, des charges liées aux obsèques des victimes. Relativement à la révision du contrat de concession de Camrail, Issa Tchiroma Bakary affirme que « Camrail agit toujours en conformité avec les lois et règlements des lois du pays ».
Et sur la commission d’enquête mise sur pied par le président de la République sur les causes de l’accident, les Hommes de média, ont vivement exprimé leur scepticisme quant à sa quelconque utilité. « Comme d’habitude, de la poudre aux yeux », pouvait-on entendre les confrères ruminer par-ci, par-là.
« Où sont les résultats de la commission d’enquête de l’affaire du bébé de Vanessa Tchatchou (2011), le terrible accident de circulation meurtrier de Bertoua, la mort Louis Koum Koum, journaliste de Reporters sans frontières, la défenestration après sodomie et supplice au fer à repasser (2005) depuis le 8ème étage de l’hôtel Hilton de Yaoundé, de l’étudiant Djomo Pokam », demandent les journalistes au Mincom. Une infinité d’expériences qui a fini par convaincre la presse que la Commission d’enquête chapeautée par le Premier ministre Philemon Yang à qui il est donné 30 jours pour rendre sa copie, empruntera les mêmes parcours dialectiques.
De toute façon, même si Issa Tchiroma a semblé un peu plus cohérent et pudique que son collègue des Transports, il n’en demeure pas moins évident que personne, ne croit vraiment à ce bilan officiel de 76 morts. Connaissant aussi les pratiques des pouvoirs publics camerounais qui ont fait du déni systématique leur axe de communication, en lieu et place de l’explication qui de notre humble avis de communicateur, est plus efficace. Des personnes ayant survécu au drame, ainsi que des secouristes de première minute, parlant pourtant presqu’à l’unisson d’un bilan oscillant entre 300 et 400 morts.