Fonctionnaire en service au ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (Minefop), elle se faisait passer pour la proche collaboratrice du Directeur Général de la prestigieuse école pour appâter ses victimes. La dame fait l’objet de plusieurs procédures judiciaires pour avoir notamment miroité des voyages à l’étranger à ses supposés cibles.
En service au ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (Minefop), Mme Mekoula Nnanga Dang Nicole s’est permise d’organiser une escroquerie ayant pour cible des jeunes, à la recherche d’un emploi ou désireux de voyager à l’étranger. Mais, mal lui en a pris sur les cas de M. Dooh Lobe Osrad Adrien, Nneme Essougou Blaise et Mbadi Beyala Larissa, à qui elle aurait escroqué de fortes sommes d’argents. Leurs dossiers n’ayant pas aboutis, les jeunes ont alors décidé de traduire leur facilitatrice en justice à travers trois procédures distinctes, pour les faits qualifiés d’escroquerie. Le 13 juin 2022, seul M. Dooh Lobe Osrad Adrien était présent à l’audience. Les deux autres plaignants se sont fait représenter par leur avocat. Néanmoins, les débats ont été ouverts dans ces trois affaires devant le Tribunal de première instance (TPI) de Yaoundé centre administratif, et Mme Mekoula Nnanga, qui est en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé Kondengui, a plaidé coupable dans toutes les procédures.
Il ressort de l’acte d’accusation de Mme Mbadi Beyala Larissa que Mme Mekoula Nnanga s’est présentée à elle comme étant la collaboratrice du Directeur General (DG) de l’Ecole nationale d’Administration et de la Magistrature (Enam), sa commissionnaire et son portefeuille. Cette dernière l’a ensuite informée qu’elle a les moyens pour lui faciliter l’entrée dans cette prestigieuse école. Pour ce service, Mme Mekoula Nnanga lui a demandé en contrepartie la somme de 7 millions de francs. Seulement, lorsque les résultats définitifs ont été publiés, Larissa Mbadi Beyala n’a pas été admise. Elle dit avoir contacté la mise en cause enfin d’entrer en possession de ses fonds, mais, Mme Mekoula Nnanga était devenue injoignable. C’est au moment de déposer sa plainte dans une unité de gendarmerie, qu’elle a été informée que la prévenue est en détention du fait de la plainte de M. Nneme Essougou Blaise, qui lui reproche également les mêmes faits.
L’accusée, qui a plaidé coupable, a reconnu les faits, mais nie le montant escroqué. Elle a déclaré avoir reçu plutôt la somme de 2,9 millions de francs des mains de Mme Mekoula Nnanga, représentant une avance. Elle déclare qu’elle devrait percevoir le reliquat après la publication définitive des résultats. Le tribunal a donc rejeté son aveu initial, ce qu’on dénomme «plaider coupable» dans le jargon judiciaire, mais le témoignage de la mise en cause n’a pas changé.
Le temps fait défaut
Lors de sa prise de parole au cours du procès, la représentante du ministère public a requis la culpabilité de Mme Mekoula Nnanga. L’avocat de l’accusation a quant à lui demandé au tribunal de déclarer l’accusée coupable des faits qui lui sont reprochés. Pour l’avocat de la défense, Mme Mekoula est un être humain, qui s’est trompée. Il a expliqué au tribunal que sa cliente n’a aucun lien avec le DG de l’Enam et ne s’est pas approchée des plaignants pour leur faire des offres. Au contraire, ce sont eux qui ont pris contact avec elle, par l’intermédiaire de leurs proches, qui ont eu satisfaction de ses services. «Elle s’est trompée, on doit lui donner une chance. Nous sommes en voie de remboursement. Où sont les présumées victimes qui ont donné de l’argent pour obtenir un service ? Avant de venir en justice, il faut se rassurer qu’on a les mains propres» , a déclaré l’homme en robe noire. Le verdict de cette affaire est attendu le 25 juin 2022.
Pour ce qui est de la procédure de M. Dooh Lobe Osrad Adrien, le plaignant dit avoir été approché par Mme Mekoula Nnanga Dang Nicole, qui lui a proposé un voyage en Europe et l’obtention d’une bourse d’études pour le Maroc. M. Dooh dit avoir remis la somme de 3 millions de francs à l’accusée. Seulement, il n’a pas pu voyager et n’a pas également obtenu son visa. «Comme elle n’a pas pu me faire voyager pour une bourse, elle m’a proposé l’entrée à l’Eman. Cela n’a toujours pas abouti. Jusqu’à présent, je croyais qu’on devrait trouver un compromis. Depuis 2020, je vis un cauchemar. Je suis le mouton noir de ma famille et un complice qui a escroqué son père» , a déclaré le plaignant.
Lors de son témoignage dans cette seconde affaire, Mme Mekoula Nnanga a reconnu les faits. Elle a expliqué au tribunal que lorsque les projets de voyage et d’entrée à l’Eman n’ont pas abouti, elle a demandé à M. Dooh Lobe Osrad Adrien d’attendre l’année prochaine. Entre temps, elle lui a trouvé un emploi, et prenait en charge tous ses besoins. «Ils ne m’ont pas donné le temps» , est-elle défendue. L’affaire a été renvoyée au 25 juin 2022 pour que le tribunal se prononce sur l’aveu spontané de la mise en cause.