Essimi Menye: un journal français dévoile le complot derrière la condamnation de l’ex ministre

Essimi Menye

Mon, 22 Nov 2021 Source: Horizons Nouveaux Magazine - N° 159

L’ancien Ministre des Finances au Cameroun, accusé de délits de détournements de fonds, a été doublement condamné à la peine d’emprisonnement à perpétuité par le justice camerounaise, dans le cadre de l’Opération Épervier. Aujourd’hui en exil aux Etats-Unis, Essimi Menye continue de clamer son innocence.

Cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre depuis 2011, a été passée au crible par les chroniqueurs du journal Médiapart. Selon ces derniers, l’ancien cacique du régime d’Etoudi aurait été sacrifié pour couvrir les exactions de la célèbre compagnie française, le Groupe Bolloré. Dans sa parution du 12 février 2020, le journal Essigan annonce que “l'histoire racontée par la journaliste Fanny Pigeau ressemble à un polar: intrigues, enquêtes, contre-enquêtes et suspense sont enchevêtrés”.

D’après cet article de Médiapart dédié à l’affaire de l’ex Ministre des Finances (Minfi), Essimi Menye aurait servi de bouc émissaire au gouvernement camerounais. En effet, il a été avancé que le Ministre, ayant l’ambition de remettre sur les rails l’économie camerounaise, aurait découvert les manœuvres frauduleuses du Groupe Bolloré, impliqué dans une affaire de fraude fiscale à 92 milliards de FCFA sur la période 2005-2010. ‘’

Réputé austère et peu dispendieux, contrairement à plusieurs de ses prédécesseurs, il s'est fixé un objectif: redresser les finances du pays, en éliminant les dépenses superflues et en recouvrant des créances de l'État. C'est dans cette optique qu'il crée en 2008 une «mission de vérification et de validation des cautions douanières » peut-on lire dans les colonnes du journal Essigan qui a repris cet article du site français. Ce serai donc ainsi que ‘’ La mission fut créée, alors composée de treize personnes. Il y avait parmi elles, des fonctionnaires de la Douane et du Ministère des finances. Il y avait également dans l’équipe des experts du cabinet de conseil de M. Tchakui. Ce dernier est déjà décédé. Et c’était lui le chef de l'équipe. Il devait donc faire un état des lieux des cautions douanières « en attente d'apurement » . Face au scandale qu’allaient entraîner toutes ces découvertes, il aurait été décidé de mettre en rade le Ministre bien trop zélé. Essimi Menye est alors sorti du gouvernement le 9 décembre 2011. Il sera par la suite accusé d’avoir détourné la somme de 938 millions de FCFA, et condamné à la peine d’emprisonnement à perpétuité.

AFRIQUE ENQUÊTE Au Cameroun, les arrangements de Bolloré avec les droits douaniers 3 FÉVR. 2020 PAR FANNY PIGEAUD

Selon des documents longtemps gardés secrets, le groupe Bolloré aurait falsifié, au cours des années 2000, des centaines de formulaires administratifs, afin d’éviter de payer des droits douaniers. Les responsables qui ont mis au jour ces présumées irrégularités sont les seuls à avoir été poursuivis : l’un est mort, l’autre, condamné à la prison à vie, vit en exil aux États- Unis. Le groupe assure aujourd’hui n’avoir commis aucune faute.

Lorsqu’ils ont ouvert l’audience ce 17 janvier 2019, les magistrats du Tribunal criminel spécial (TCS) du Cameroun, dédié aux affaires de détournement de fonds publics, ne s’attendaient certainement pas à ce scénario. Devant eux, en plein tribunal, le prévenu qui était jugé ce jour-là s’est subitement effondré. François Tchakui, 59 ans, ne s’est jamais relevé : l’hôpital où il a été transporté n’a pu que constater son décès.

Alwihda Info | Par Nestor Nga Etoga - 18 Mai 2018

L'agence digitale d'informations africaines a annoncé vendredi que la presse française intéresserait à l’affaire Essimi Menye, François Tchakui et le cabinet Challenger Corporation contre l’Etat du Cameroun, particulièrement dans l'affaire des prestations de la Société Générale de Surveillance(SGS),des cautions douanières ,de la cession des actions du Crédit Agricole dans la Banque SCB des règlements au profit du Trésor public et celui des primes des produits pétroliers. Cameroun: L’affaire qui fascine la presse française Selon nos confrères de l'agence digitale d'informations africaines:"Plusieurs ingrédients ont rendu cette affaire si intrigante aux yeux de nos confrères français qui veulent en savoir ce qu’est devenu l’audit des droits de douane et impôts, réalisés par le cabinet challenger corporation sur des prestations de la Société Générale de Surveillance(SGS),des cautions douanières ,de la cession des actions du Crédit Agricole dans la Banque SCB des règlements au profit du Trésor public et celui des primes des produits pétroliers. Au regard de la classification des titres de paiement dégagés à l’enquête préliminaire, ceux-ci correspondraient aux frais engagés dans la mission de vérification et de validation des cautions douanières. Nos confrères de La Lettre du Continent, de Mediapart, du journal Le Monde ou encore du très sérieux hebdomadaire Le Point ; cherchent à comprendre comment un expert qui découvre des détournements de fonds publics se retrouve-t-il en prison alors que les fossoyeurs sont toujours libres? Les médias français, déjà, très mobilisés au sein des différentes rédactions cherchent également à comprendre pourquoi la justice camerounaise semble indiquée que le Cabinet Challenger n’a pas travaillé mais aurait indument été payé par l’ancien ministre Essimi Menye ?

Nos confrères des médias français sont intrigués sur le fait que les témoins affirment avoir recouvré 1,8 milliards de Fcfa, autant d’argent, et que la partie civile estime que le cabinet challenger corporation n’a pas travaillé. Les mêmes confrères s’interrogent pourquoi l’Etat du Cameroun ne veut pas recouvrer ses 45 milliards de Fcfa auprès de la SGS ? Où est le problème du Cabinet Challenger ou celui de l’ancien Ministre camerounais des Finances Essimi Menye ? A en croire des sources, l’Etat, par l’entremise de l’audit des droits de Douane et impôts, réalisés par le cabinet Challenger Corporation, avait découvert que la SGS a détourné 45 milliards de Fcfa. Des curiosités et bien d’autres qui suscitent la forte mobilisation de nos confrères français. Pour l’agence digitale d’informations africaines (www.lescoopsdafrique.com) qui a également mené son enquête: l'objectif essentiel des procès et cabales qui durent contre Essimi Menye est clair : que fasse florès la réputation de détourneur de deniers publics prêtée à cet ancien serviteur de l’Etat intègre, compétent, rigoureux et incorruptible.

Il faut rappeler au gré des souvenirs qu'un mandat régulièrement acté par les autorités compétentes avait été donné audit Cabinet Challenger tant pour réaliser une mission d'intelligence fiscalo-douanière auprès des banques, que pour identifier, en vue de leur préservation, les actifs résiduels des ex ONCPB, ONPC et REGIFERCAM, ce contre une rémunération contractuelle adossée au résultat. Que le 21 décembre 2017, le juge d’instruction WO’OMINKO Blaise assisté du greffier d’Instruction Maitre NDA NGONO Patrice, dans une ordonnance de renvoi devant le Tribunal Criminel Spécial(Tcs) instruisait l’ouverture d’une information judiciaire contre François Tchakui et Essimi Menye pour détournement de biens publics et complicité. A en croire l’ordonnance de renvoi devant le TCS : « il résulte de la procédure que dans le cadre d’un contrôle de la régularité des paiements effectués, les autorités des services financiers ont mis la main sur les titres matérialisant des paiements faits à Tchakui François et au cabinet Challenger Corporation dont il est le promoteur, en l’absence de pièces justificatives des montants perçus ». La même source judiciaire indique : « la dénonciation des paiements et l’enquête préliminaire menée par le Corps spécialisé d’officiers de Police Judiciaire du Tribunal Criminel Spécial à l’issue de laquelle Tchakui François avait été interpellé ».

Interrogé, Tchakui François avait nié les faits, expliquant qu’il dispose d’un contrat avec le Ministère des Finances dont l’objet porte sur l’audit des droits de douane et impôts, en relevant que c’est dans le cadre de l’exécution de celui-ci qu’il a effectué les travaux d’audit notamment celui des prestations de la Société Générale de Surveillance(SGS),des cautions douanières ,de la cession des actions du Crédit Agricole dans la Banque SCB des règlements au profit du Trésor public et celui des primes des produits pétroliers. Au regard de la classification des titres de paiement dégagés à l’enquête préliminaire, ceux-ci correspondant aux frais engagés dans la mission de vérification et de validation des cautions douanières. La mission sur les cautions douanières consistait à se déployer dans les treize banques émettrices des cautions au profit de la douane si lesdites cautions avaient été effectivement reversées au bénéficiaire qu’était le Trésor Public, ou non, mission à l’issue de laquelle l’équipe de son cabinet Challenger Corporation a signé les procès-verbaux avec les banques concernées. François Tchakui déclare ne pas connaitre Foumgai François dont le nom était porté sur certains titres ; ce dernier n’ayant pas fait partie de son équipe.

Quant au mécanisme de paiement, il présentait le budget au chef de la mission qui le validait, vu qu’en matière de prestation intellectuelle, il n’y a pas de cahier de charges et ces marchés portant sur les cautions douanières avaient la spécificité qu’ils étaient payés sur le résultat, une disposition prévoyant dans le contrat que les besoins de la mission étaient transmis au Ministre des Finances de l’époque (Essimi Menye) pour paiement. Compte tenu des délais très courts dont son équipe et lui (Tchakui) disposaient pour accomplir la mission, ces paiements se justifiaient en espèces, vu leur caractère urgent, ajoutant qu’après chaque étape, ils soumettaient un rapport d’étape au Ministre des Finances et lui proposaient un calendrier pour la mission suivante, ce après quoi il marquait son accord et autorisait le paiement. Les frais de mission lui étaient avancés en vue de supporter la mission et ils étaient appelés à être déduits de ses honoraires dont la facture déposée dans le cabinet du ministre retrace lesdits frais en avance de ses honoraires attendus.

Selon la justice : « il y a lieu d’en déduire que la somme totale de 1 756 570 380 Fcfa payée à l’inculpé au moyen des titres et virements bancaires l’a été en l’absence de contrepartie… ». A préciser que l’ancien ministre Essimi Menye à qui on reproche les mêmes faits n’a jamais été entendu, encore moins désigné des témoins. Depuis l’ouverture au Tribunal Criminel Spécial du procès contre l’ancien Ministre des Finances du Cameroun, au moins deux témoins ont été entendus : un certain Jacques Siakeu, Inspecteur principal des douanes, Chef de la mission de finalisation des suites contentieuses des cautions douanières, et Mahamat Mey en service à la Paierie générale de Yaoundé. Le premier a déclaré avoir recouvré 1,8 milliards de FCFA à la suite des travaux du cabinet challenger et le second a relevé que des 15 paiements allégués, deux seulement d’un montant de 140 millions étaient effectivement payés à François Tchakui, promoteur du cabinet Challenger corporation ; 09 paiement à un certain Foumgai pour un total de 436 millions FCFA et 03 paiements destinés à TCHAKUI en programmation pour paiement. Des individus que François Tchakui encore moins Essimi Menye disent ne pas connaitre. Il faut le dire tout haut, n’en déplaise à certaines personnes, l’ancien ministre des finances puis de l’agriculture du Cameroun, actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt international ainsi que François Tchakui, promoteur du Cabinet Challenger en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé ; subissent la traque d’une justice aux commandes parce qu’ils ont découvert les casseroles du cabinet Atou et son mentor.

Au regard des faits, il s’agirait ici d’un procès en sorcellerie contre Essimi Menye et François Tchakui. Les deux personnalités sont victimes de leur rectitude morale. Sinon, comment comprendre qu’un expert qui découvre des détournements de fonds publics se retrouve –t- il en prison alors que les fossoyeurs soient toujours libres ? Une autre curiosité dans cette affaire est que la justice semble indiquée que le Cabinet Challenger n’a pas travaillé et aurait indument été payé par l’ancien ministre Essimi Menye.

De l’autre côté, les témoins de sieurs MOUGNAL SIDI et MBANG OLIBOKO honoré, respectivement chef de la division des affaires juridiques du ministère des finances et cadre au sein de ladite division, constitués comme partie civile affirment qu’ils ont recouvré 1,8milliards de Fcfa. Comment comprendre que sans travail du cabinet Challenger, on aurait recouvré autant d’argent ? On s’interroge par exemple: si l’Etat ne veut pas recouvrer ses 45 milliards de Fcfa auprès de la SGS, où est le problème du Cabinet Challenger ou celui du Ministre Essimi Menye ? D’où la mobilisation des journalistes français qui enquêtent sur cette affaire. En un mot comme en mille et au plan personnel, Essimi Menye et François Tchakui sont totalement étrangers au mouvement de fonds évoqué sans bonheur d'analyse et n'ont, implicitement ou expressément, garanti au nom de l'Administration ou à son détriment, les ambitions spéculatives d'une société dénommée « Business Informations Technologies » (BIT), même s’ils peuvent comprendre que certains échecs de casting pouvaient engendrer des réactions contreproductives".

Source: Horizons Nouveaux Magazine - N° 159