L’hebdomadaire édité à Paris présente dans son édition en kiosque cette semaine le parcours, les forces et faiblesses du leader du MRC.
L’une des couvertures de l’édition numéro 3009 de Jeune Afrique en kiosque cette semaine est consacrée au professeur Maurice Kamto.
L’hebdomadaire parisien s’interroge sur les chances de victoire de ce candidat à la prochaine élection présidentielle. La journaliste Clarisse Juompan-Yakam répond dans un long article intitulé « Maurice Kamto peut-il battre Biya ? ». Bien que notre consoeur écrive dans le chapeau que « le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun s’est imposé comme le plus sérieux adversaire du président sortant », elle relève qu’il n’est « pas sûr, pourtant, qu’il ait vraiment les moyens de l’emporter le 7 octobre ».
Pour montrer la force de Maurice Kamto Jeune Afrique fait état des réactions proches de la panique que le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) suscite au sein du pouvoir. « Officiellement, si Maurice n’est pas encore en campagne. Mais à Yaoundé, on s’inquiète presque de l’hyperactivité de cet ancien ministre délégué à la Justice qui a réussi la prouesse de faire oublier à ses partisans qu’il avait servi le président Paul Biya de 2004 à 2011.
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On se rassure en rappelant que son parti est jeune (il a été créé en 2012) et qu’il ne dispose que d’un seul siège à l’Assemblée nationale. On répète qu’aucune campagne de terrain, aussi efficace soit-elle, ne peut véritablement concurrencer l’implantation locale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti dont Paul Biya est une nouvelle fois le candidat. On en veut pour preuve le fait que personne ne se risque à pronostiquer la défaite d’un président dont l’administration contrôle aussi étroitement – et depuis aussi longtemps– l’organisation des élections. Mais tout de même… », rapporte le journal panafricain.
Jeune Afrique met en avant les tournées qu’effectue dans le pays depuis près de trois ans la « caravane de la renaissance » dans le but de se faire davantage connaître des potentiels électeurs. « Lorsqu’il décide de commencer à arpenter le pays, en novembre 2015, il n’a donc qu’une idée en tête : implanter le MRC sur l’ensemble du territoire pour être en mesure de peser le moment venu ».
Jeune Afrique souligne que les persécutions subies de la part des autorités ont l’effet inverse. Elles donnent de la visibilité à un Muarice Kamto surtout connu jusque-là pour avoir supervisé le règlement du différend avec le Nigeria à propos de la presqu’île de Bakassi. Même s’il n’a pas l’adhésion des élites, Kamto se voit créditer d’une capacité de séduction qui va au-delà de son département d’origine.
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« Sa principale force est toutefois d’être parvenu à débarrasser le MRC de l’étiquette de parti régionaliste que l’on a tenté de lui accoler. Une prouesse dans un pays où les leaders politiques ont toujours eu du mal à recruter au-delà des frontières de leur région. Lui-même est originaire de la petite ville de Baham, dans l’Ouest, mais les cinq vice-présidents du parti sont issus de l’Extrême-Nord, du Centre, du Littoral, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest », indique le journal de Béchir Ben Yahmed.
A celui qui « est parvenu à insuffler un nouveau dynamisme à l’opposition », les détracteurs rappellent qu’il ne peut parler de changement alors qu’il est comptable du bilan de Paul Biya.
Pour ce qui est des moyens financiers du parti de Maurice Kamto, Jeune Afrique fait oarler l’économiste Christian Penda Ekok : « Ceux qui ont de l’argent le font savoir, en particulier quand ils donnent au RDPC. Mais je ne suis pas sûr qu’ils n’en donnent pas pour autant au MRC. Aucun homme d’affaires ne prendrait le risque de claironner qu’il le finance. » A ceux qui estiment que Maurice Kamto est peu visible à l’international, Jeune Afrique fait lire cette réponse de l’universitaire : « Le Cameroun ne se conquiert ni de l’étranger ni sur les réseaux sociaux, rétorque Kamto.
Mettre sur Facebook mes selfies avec les grands de ce monde, quel intérêt ? » Et le journal d’énumérer « les clichés ne manqueraient pas : sa décoration par l’ex-chef de l’État nigérien Mamadou Tandja, ses rencontres avec les présidents nigérians de ces trois dernières décennies, sa collaboration avec Kofi Annan et Ban Ki-moon lorsqu’ils étaient secrétaires généraux des Nations unies. Il a aussi présidé la Commission du droit international de l’institution, un organe subsidiaire de son Assemblée générale, et participé à la rédaction des statuts de la Cour pénale internationale. « Avec ça, conclut l’un de ses proches, s’il ne dispose pas d’un solide carnet d’adresses… »