Etoudi 2018: ça se bouscule 'dangereusement' dans les locaux de la RDPC

Rdpc Mentors Cameroun Cameroun Les poids lourds du RPDC

Thu, 6 Sep 2018 Source: Essigan N°117

Depuis la convocation du corps électoral par le chef de l’Etat, le siège de son parti grouille de monde, de manœuvres et de démarches visant à impliquer ou non des militants et cadres dans les équipes de campagne.

Le siège du Rassemblement démocratique du peuple camerounais aux abords du Lac municipal fait l’objet d’une sollicitation particulière depuis que le président de la République a donné un coup d’accélérateur au processus électoral au Cameroun. Entre coups de fil avec certains barons et des cadres des régions, et des incessants passages pour de curieuses dé- marches de militants parfois de base, on se perd en conjectures.

C’est qu’ils sont nombreux: hauts commis de l’Etat, cadres des administrations publiques et privées, à vouloir figurer dans les différentes listes constituées pour les équipes régionales, départementales et communales de la campagne électorale présidentielle de Paul Biya. Comme en 2011 par exemple, la bataille fait rage entre les directeurs, directeurs adjoints, sous-directeurs et chefs de service.

LIRE AUSSI: Elèves kidnappés et 'tués' en Ambazonie: un habitant de Bafut répond à Tchiroma

Chacun y va de son entregent pour se retrouver dans ce cercle considéré par certains comme le sein des saints. Depuis la publication des principaux dirigeants de la commission nationale de supervision de campagne, des responsables (prési- dent et vice-président) des commissions régionales et départementales, dans les rangs, tout le monde joue des coudes pour la suite. Il s’agit de faire partie des autres membres. Chacun y va de son rang. De la capacité de ses entrées et sorties et parfois de sa surface financières. Comme lors des investitures où des protégés se font aider par des parrains parfois à coups de dizaines de millions de Fcfa. A écouter les témoignages dans les allées et couloirs du Comité central du Rdpc, si au som- met tout semble plus tranquille, la vraie bataille a cours pour l’accès dans les équipes au niveau communal. «Vous savez, nous qui sommes sur le terrain tra- vaillons pour la bonne marche du parti. Et ne pouvons pas nous croiser les bras lorsqu’arrive le moment de récompenses», se laisse aller un militant croisé dans l’esplanade du siège du parti.

Souci de carrière

Si l’interlocuteur du reporter d’Essingan dit absolument vouloir rencontrer le secrétaire général du Comité central, Jean Nkuete, c’est pour lui dire qu’il est président de sous-section, proviseur d’un lycée et souhaite figurer dans la commission communale. A la question de savoir pourquoi donc voir le secrétaire général, l’homme tire de sa serviette une chemise et brandit trois ou quatre correspondances dans lesquelles il dit avoir par le passé mis au courant le chef de la délégation permanente départementale du Comité central dans son ressort politique de l’exclusion dont il fait l’objet. «Les hauts cadres que l’on nomme à partir de Yaoundé ne se préoccupent pas de savoir qui anime le parti à la base. Quand ils viennent, c’est juste pour donner des injonctions. Les militants que nous représentons, ont pourtant des doléances», fulmine le président de sous-section.

LIRE AUSSI: Epervier: l'homme du sérail qui oriente les enquêtes et 'fabrique' des preuves

D’autres cadres et militants du parti rencontrés veulent voir leurs noms dans les listes pour d’autres rai- sons. Certains par simple prestige. D’autres par souci de carrière. C’est le cas de Etienne Moune pour qui, «une telle présence peut par la suite ouvrir les portes. Après plus personne ne peut dire ne vous avoir jamais vu», avance- t-il par exemple. Un autre attend de savoir quels sont les montants fixés pour les différentes catégories socioprofessionnelles. «On m’a dit que les chefs de service doivent donner 15 000Fcfa. Je suis venu m’assurer pour déposer le moment venu, ma contribution. Je vais moi-même passer me signaler au niveau des commissions compétentes. Par le passé personne n’a voulu me recenser». Pendant ce temps, certains barons du parti ont ouvert le marché. Et des noms que personne ne veut ouvertement citer, circulent. Parmi eux des hommes de l’ombre mais très puissants du Comité central. Preuve que cette campagne présidentielle du Paul Biya promet. Un peu plus que celle de 2011 et ses devancières.

Source: Essigan N°117