Il n’échappe à personne que l’origine de la création du poste de Secrétariat général de la présidence de la République (SG/PR) du Cameroun, poste créé par décret No 60-5 du 21 juin 1960. Suite à la Réunification en 1961, ce poste a été supprimé et ses attributions dévolues au Cabinet civil. Il a été remis sur pied en 1965 et 18 Camerounais se sont succédés à sa tête depuis lors. Mais depuis que Ferdinand Ngoh Ngoh, a été élevé au rang de ministre d’Etat, le natif de Minta est l’abattoir au moment où le chef de l’Etat a plus que jamais besoin de fidèles et loyaux collaborateurs à ses côtés.
Ils sont nombreux pour interpréter tous les faits et gestes du chef de l’Etat. Pour ceux qui lisent certainement dans la boule de cristal, la période des “hautes instructions du Chef de l’Etat” est désormais révolue. Paul Biya procède, lui-même à ses propres nominations, snobant ainsi le Secrétaire général de la présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh. Pour ces gens, depuis plusieurs jours, Paul Biya procède à des nominations dans tous les secteurs tant dans les ministères que dans les entreprises et services publiques camerounais. Le 04 octobre dernier, il a nommé plusieurs personnalités, membres des Conseils d’administration de deux sociétés appartenant à l’Etat. Il s’agit des membres du Conseil d’Administration de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA). En tout 7 personnes dont des représentants de la présidence, de la primature et autres institutions. Dans la foulée, des membres du Conseil d’administration du Fonds d’Amortissement Autonome ont aussi été nommés. Les même personnes nommées au CAA sont les mêmes qui sont également nommés par Biya au Conseil d’administration du Fonds d’amortissement. Bien avant, plusieurs Officiers avaient été nommés au ministère de la Défense sans oublier les membres du Conseil d’Administration du Centre Pasteur du Cameroun, les responsables à la mission militaire près l’Ambassade du Cameroun aux Etats-Unis d’Amérique et le Haut-Commissariat du Cameroun au Canada pour ne citer que ceux-là. Pour ces prophètes qui donnent l'impression d'être animés par une haine viscérale, ces nominations illustrent le gros ménage enclenché par Paul Biya avant le remaniement ministériel qui devrait consacrer le départ du ministre d’Etat, Sg/Pr. Ferdinand Ngoh Ngoh gêne tellement qu’on a fini par oublier qu’il n’est pas à l’origine de la création du poste de Secrétariat général de la présidence de la République (SG/PR) du Cameroun, poste créé par décret No 60-5 du 21 juin 1960. Suite à la Réunification en 1961, ce poste a été supprimé et ses attributions dévolues au Cabinet civil. Il a été remis sur pied en 1965 et 18 Camerounais se sont succédés à sa tête depuis lors. Les prérogatives sont bien contenues dans le décret n°2011/408 du 09 décembre 2011 portant organisation du gouvernement. Le secrétariat général de la présidence de la République est dirigé par un secrétaire général (Sg) assisté par 02 secrétaires généraux adjoints. Le Sg assiste le président de la République dans l’accomplissement de sa mission. A ce titre, il reçoit du président toutes directives relatives à la définition de la politique de la Nation; suit l’exécution des décisions prises par le président ; coordonne l’action des Administrations rattachées à la Présidence ainsi que précisées aux articles 5 et 37 du décret suscité ; instruit les dossiers que lui confie le président de la République et suit l’exécution des instructions données ; … assure la mise en forme, en liaison avec le SG des Services du Premier ministre (PM) ou des Ministres concernés, des projets de loi à soumettre à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Il veille à la réalisation des programmes d’action approuvés par le président et impartis aux chefs de départements ministériels et aux services relevant de la Présidence ; prépare les conseils ministériels, en liaison avec le secrétaire général des Services du Pm, les conseils restreints, les conseils et commissions présidés par le président de la République ; assure l’enregistrement des actes réglementaires signés et des lois promulguées par le président, ainsi que leur publication au Journal Officiel ; assure la tenue et la conservation des archives législatives et réglementaires ; exerce le rôle de conseil juridique de la Présidence de la République et des Administrations rattachées.
Qui est Ferdinand Ngoh Ngoh ?
Dans son numéro en kiosque le 11 septembre 2019, La Lettre du Continent est allé jusqu’à affirmer que le Secrétaire Général de la Présidence de la République (SG/PR), Ferdinand Ngoh Ngoh, est le véritable numéro 2 du gouvernement. Le magazine fera un rapprochement entre ce diplomate de formation et la Première dame, Chantal Biya. Il oublie de souligner que l’article 10 de la Constitution stipule en effet, en son alinéa 2 que ” Le Président de la République peut déléguer certains de ses pouvoirs au Premier Ministre, aux autres membres du gouvernement et à certains hauts responsables de l’administration de l’Etat, dans le cadre de leurs attributions respectives. En cas d’empêchement temporaire, le président de la République charge le Premier Ministre ou, en cas d’empêchement de celui-ci un autre membre du Gouvernement, d’assurer certaines de ses fonctions, dans le cadre d’une délégation expresse” . La Lettre du Continent ne voudrait dire que la fonction de Sg de la président de la République est assurée depuis le 09 décembre 2011 par Ferdinand Ngoh Ngoh, en remplacement de Laurent Esso, qui s’y trouvait depuis 2006. La petite histoire voudrait d’ailleurs que le fils de Minta, localité située dans le département de la Haute-Sanaga, région du Centre, a débuté sa carrière au Cabinet civil de la présidence de la République entre 1997 et 1998. De 2002 à 2006, il a mis le cap sur les États-Unis, où il était premier conseiller de la mission permanente du Cameroun auprès des Nations Unies à New-York. Le 31 août 2010, il a été nommé SG du ministère des Relations extérieures (MINREX). Le 04 janvier 2019, le diplômé de l’Institut des relations internationales (IRIC) a été promu au rang de ministre d’Etat, avec la délégation de signature du chef de l'État, Paul Biya. Depuis lors, il n’a cessé d’alimenter des polémiques au sujet de l’étendue de son pouvoir.
Affaire de la délégation permanente de signature
Depuis le 5 février 2019, Ferdinand Ngoh Ngoh a, comme ce fut le cas de ses prédécesseurs, le pouvoir d’agir en lieu et place de Paul Biya, grâce à une délégation permanente de signature. Ce décret du chef de l’État lui donne le pouvoir de signer « toutes pièces et correspondances relatives aux affaires administratives courantes ». En plus, le SGPR peut prendre des actes d’intégration, de rabaissement de classe ou grade, de révocation et de mise en retraite des fonctionnaires de police et « nommer jusqu’aux fonctions de directeur adjoint à la présidence de la République ». Pourquoi estiment, à tort, que c’est lui qui est à l’origine de ce décret qui n’enlève en rien la confiance placée en lui par Paul Biya. En août 2022, certains observateurs ont pollué l’air sur l’utilisation de l’expression « sur très hautes instructions du président de la République » dont il use régulièrement dans les correspondances. Il n’en fallait pas pour que l’on prétende que cette formule désormais connue de tous les Camerounais, mettrait en mal la place et le rôle du Premier ministre, Joseph Dion Ngute. Ces langues estiment que cette mise à l’étroit du chef du gouvernement aurait pour but de masquer l’incapacité du président de la République, à prendre les commandes.
Homme de confiance de Paul Biya
Dans un extrait du livre publié en 2016 par Jean-Marie Atangana Mebara, l’ancien SGPR (de 2002 à 2006) soutient qu’il est dans les prérogatives dudit poste de transmettre les instructions du chef de l’Etat aux membres du gouvernement. « La plupart des ministres recevaient les instructions présidentielles que je leur transmettais, sans manifester d'humeur particulière. La formule était généralement : "le Chef de l'Etat me charge de vous demander de bien vouloir…" » . C’est bien ce qu’explique Jean-Marie Atangana Mebara, autre ancien SGPR, dans un ouvrage fort documenté, verbatim de son expérience à cette fonction : Le Secrétaire général de la Présidence de la République, Entre mythes, textes et réalités. Il y évoque, dans cette matière, au détail près, l’exercice par Paul Biya de pouvoirs délégués par Ahmadou Ahidjo à chaque fois qu’il se rendait à l’étranger notamment pour des raisons médicales. Le Sg doit rendre compte au PR de l’exécution de ces tâches. Les contrevenants s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion du gouvernement dans un remaniement inopiné. En un mot comme en mille, il ne s’agirait donc que de polémiques stériles dans la mesure où le Sgpr exerce simplement ses fonctions comme ses prédécesseurs. Ce postulat est fondé tant sur les textes en vigueur que sur le témoignage des anciens occupants du même poste. Pour l’heure, d'aucuns pensent que Ngoh Ngoh a tenu bon là où certains ne lui donnaient pas un an. Un article de Jeune Afrique relevait le fait que Ferdinand Ngoh Ngoh est « l’homme de confiance de Paul Biya » , un homme « insaisissable qui prend soin de n’afficher aucune ambition malgré le soutien de la première dame dont il bénéficie ».