Le président camerounais Paul Biya a délivré hier samedi son traditionnel discours à l’endroit de la jeunesse dans le cadre des festivités de la fête de la jeunesse. Un discours lors duquel Paul Biya s’est prononcé sur plusieurs sujets notamment les violences dans les régions anglophones mais aussi l’usage des réseaux sociaux.
« Soyez des internautes patriotes, qui œuvrent au développement et au rayonnement du Cameroun... Et non des followers passifs ou des relais naïfs des pourfendeurs de la République », a indiqué le Chef de l’Etat Paul Biya.
Lire l’intégralité du message du président Paul Biya:
Mes chers jeunes compatriotes,
Ces dernières années n’ont pas été faciles pour notre pays. Il a dû relever simultanément plusieurs défis importants :
- faire face à la menace de Boko Haram dans nos régions septentrionales, à celle de bandes armées à notre frontière orientale ;
- accueillir des dizaines de milliers de réfugiés et de déplacés ;
- gérer les troubles qui se sont développés au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, et qui ont parfois donné lieu à des actes de violence ;
- lutter contre les conséquences de la baisse des cours du pétrole et des matières premières afin de retrouver le chemin de la croissance.
De ces combats que nous avons menés sur différents fronts, nous pouvons, je crois, dresser les premiers bilans :
- la capacité de nuisance de Boko Haram a été considérablement réduite, grâce à l’action conjuguée des forces de défense et des populations camerounaises ;
- des mesures d’accompagnement ont permis à de nombreux déplacés et réfugiés de rentrer chez eux ;
- la situation se stabilise dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, ce qui devrait permettre à la Commission pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme de s’attaquer au cœur du problème ;
- les dernières estimations laissent entrevoir une embellie de notre économie, avec une relance de l’activité dans divers domaines.
Pour tout dire, la « résilience » qui caractérise le peuple camerounais mérite encore une fois d’être saluée. Car les résultats auxquels nous sommes parvenus, il faut bien le dire, sont à mettre à son actif. Il n’a pas baissé les bras et a soutenu le gouvernement dans son action.
Nos compatriotes, dans leur ensemble, quelle que soit leur place dans la société, sont restés solidaires dans les épreuves. Et c’est à cela que l’on reconnaît une grande nation.
Vous me permettrez de souligner, une nouvelle fois, l’héroïsme de nos forces de défense et de sécurité – des jeunes pour la plupart – dont le sens du devoir et des responsabilités a été au-dessus de tout éloge.
Mes chers jeunes compatriotes,
Vous êtes fortement interpellés par la Nation. Car c’est vous en effet qui, dans les décennies à venir, serez en charge de la conduite de notre pays. Il convient donc que vous soyez à la hauteur de l’enjeu, en disposant de compétences et de l’expérience requises.
Mais il faut d’abord que vous sachiez que le « nouveau monde », qui se prépare sous nos yeux, pourrait être plus dur et plus instable que l’ancien. Les règles auxquelles celui-ci obéissait depuis plus d’un demi-siècle – rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix, régulation des échanges internationaux, solidarité à travers l’aide au développement, etc. – s’imposeront peut-être plus difficilement. En revanche, le nationalisme, le protectionnisme, l’isolationnisme risquent de gagner du terrain.
Dans un monde plus rigoureux et moins ouvert, les pays en développement pourraient connaître plus de difficultés pour protéger leurs intérêts et assurer leur progrès économique et social.
C’est pourquoi il convient de se féliciter de la tenue d’événements comme le récent sommet Union Africaine/Union Européenne d’Abidjan qui a mis au centre des discussions l’éducation et la formation des jeunes en Afrique, et en particulier l’acquisition des nouvelles technologies et la modernisation de l’agriculture.
Ces orientations rejoignent les objectifs des « nouvelles routes de la soie » présentés par la Chine et les projets d’aide au développement de pays asiatiques comme l’Inde, le Japon et la Corée du Sud. Il y a donc des raisons de ne pas céder au pessimisme.
Si le Cameroun peut compter sur la solidarité de ses partenaires extérieurs, ainsi que sur la compréhension des grandes organisations internationales, il n’en reste pas moins que l’effort principal lui revient naturellement.
Ce n’est pas en effet seulement l’affaire du gouvernement, mais bien celle de chacun et chacune d’entre nous. Et, à ce propos, je reprendrai à mon compte la formule célèbre : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays ».
Cet appel à l’effort auquel je vous exhortais il y a tout juste un an dans les mêmes circonstances, je le renouvelle aujourd’hui. Plutôt que de céder à la tentation du mirage de l’émigration clandestine et d’entreprendre un voyage périlleux dont l’issue est souvent malheureuse, je vous invite à participer activement à notre grand projet qui vise à accéder à l’émergence à l’horizon 2035.
Je crois pouvoir dire que l’Etat a beaucoup fait au cours des dernières années pour vous préparer à cette tâche exaltante.
Au plan budgétaire, les dotations confondues des trois départements ministériels chargés de l’enseignement représentent environ 15 % de la dépense publique. Qu’il s’agisse des infrastructures, des équipements scolaires, de l’offre d’enseignement, de grands progrès ont été accomplis ou sont en cours.
La carte scolaire et universitaire s’étoffe progressivement, les deux exemples les plus récents étant l’ouverture d’une faculté de médecine à Garoua et d’une école normale supérieure à Bertoua.
Désormais, chacune de nos dix régions est dotée d’un établissement public d’enseignement supérieur. De plus, dès cette année, nos universités seront connectées au cyberespace universitaire mondial.
Le programme de don d’ordinateurs à nos étudiants, qui va se poursuivre activement, leur permettra de s'y arrimer plus facilement et d'accéder à toujours plus de connaissances et de ressources.
L'option gouvernementale, orientée vers l'enseignement des métiers et les formations pratiques et techniques, commence à porter des fruits en favorisant l'auto-emploi et l’insertion socio-économique des jeunes.
Quatre cent soixante-treize mille trois cent trois (473.303) emplois jeunes ont été recensés au 31 décembre 2017. C’est mieux que l’objectif de quatre cent mille (400.000) que nous nous étions fixé. Mais nous sommes conscients qu'il en faut plus pour résorber le chômage des jeunes.
D’autre part, malgré le ralentissement de la croissance dû à des facteurs exogènes, nous avons poursuivi notre marche en avant dans différents secteurs de notre développement. 2018 sera l’année de l’achèvement de nos grands projets de première génération tels que :
- les barrages hydroélectriques bientôt complétés par des infrastructures de transport de l’énergie ;
- les projets routiers comme les entrées est et ouest de Douala, le deuxième pont sur le Wouri et divers axes routiers auxquels viendront s’ajouter les autoroutes en cours de construction ;
Déjà, une série de projets, dits de deuxième génération, ont été lancés ou sont en préparation. Ils concernent la production d’énergie, de nouvelles infrastructures de transport routier et surtout l’extension de notre réseau ferroviaire vers N’Djamena et Limbe. Il nous restera à élaborer une stratégie ambitieuse de construction de logements sociaux à la hauteur de nos besoins.
Notre programme de développement basé sur le DSCE se poursuivra, de même que le plan triennal « spécial jeunes » qui a comme priorités, depuis son lancement l’année dernière, l’accès des jeunes à l’agriculture, l’industrie, l’artisanat, l’économie numérique et l’innovation. Près de 500.000 jeunes se sont déjà inscrits auprès de l’Observatoire National de la Jeunesse pour y participer. Les financements étant déjà disponibles, la mise en œuvre de ce programme va s'accélérer en 2018.
2018 sera aussi une année décisive pour la préparation de la CAN 2019. L’Etat y a injecté des moyens considérables. Il reviendra par la suite à nos footballeurs d’être à la hauteur de leur réputation et du palmarès élogieux de leurs illustres devanciers. Ils ont montré par le passé qu’ils en sont capables.
Mes chers jeunes compatriotes,
De ma position de chef de l’Etat, j'aperçois les signes d'un frémissement qui prouvent que vous vous intéressez de plus en plus aux affaires publiques.
Les réseaux sociaux vous offrent à cet égard un champ d’expression de prédilection. Chaque fois qu’en un clic, vous empruntez ces autoroutes de la communication qui vous donnent une visibilité planétaire, il vous faut vous souvenir que vous n’êtes pas pour autant dispensés des obligations civiques et morales, telles que le respect de l’autre et des institutions de votre pays. Soyez des internautes patriotes qui œuvrent au développement et au rayonnement du Cameroun, non des followers passifs ou des relais naïfs des pourfendeurs de la République.
Le Cameroun de demain, qui se construit sous nos yeux, n’aura plus grand-chose à voir avec celui d’hier. Vous en serez les premiers bénéficiaires. Il faudra vous en montrer dignes.
Le monde est à la veille d’une mutation extraordinaire. La plupart des pays développés voient leur population vieillir. L’Afrique, au contraire, sera un continent majoritairement jeune vers la moitié du siècle.
C’est à la fois une chance et un défi. Saisissons cette chance et relevons ce défi. Je crois que notre jeunesse est capable de le faire.
Un dernier mot. Comme vous le savez, 2018 sera une importante année électorale. Tous ceux d’entre vous qui auront 20 ans ou plus, pourront – je devrais dire devront – exercer leur droit de vote. En votant, vous accomplirez un acte de citoyenneté responsable. Vous deviendrez ainsi les acteurs de votre destin.
Bonne Fête de la Jeunesse à toutes et à tous !
Vive la jeunesse camerounaise !
Vive le Cameroun !