Le 4 novembre 1982, le paysage politique du Cameroun a connu un bouleversement majeur, marqué par la démission inattendue du président Ahmadou Babatoura Ahidjo, suivi de l'accession de Paul Biya au pouvoir. Cette date demeure significative dans l'histoire du Cameroun, et chaque année, elle est traditionnellement célébrée. Cependant, cette année, un silence inhabituel entoure cette date mythique, suscitant des interrogations sur un possible changement de vision de la part du président Paul Biya.
La démission d'Ahmadou Babatoura Ahidjo, président en exercice depuis de nombreuses années, a pris le pays par surprise. La décision a été motivée par des raisons de santé, laissant un vide politique à combler. Le 4 novembre 1982, le Premier ministre Paul Biya, âgé de 49 ans, a été désigné pour succéder à Ahidjo, conformément à la Constitution camerounaise.
Dès sa prestation de serment en tant que chef de l'État, Paul Biya a pris des décisions cruciales pour assurer la stabilité du pays. Notamment, il a nommé Bello Bouba Maigari, originaire du nord du pays et musulman, au poste de Premier ministre. Cette nomination visait à préserver l'équilibre délicat entre les différentes ethnies et confessions religieuses au Cameroun.
Cependant, malgré ces efforts, des tensions sont apparues dans la lutte pour la succession d'Ahidjo. Paul Biya a progressivement écarté les partisans d'Ahidjo de son gouvernement, en particulier ceux originaires du nord du pays. Les relations entre Biya et Ahidjo se sont envenimées, ce dernier restant président de l'Union nationale camerounaise, le parti au pouvoir, une situation qui a généré des dissensions.
Les différends entre les deux dirigeants ont atteint leur paroxysme, et Paul Biya a accusé Ahidjo de complot contre le gouvernement camerounais. Dans cette atmosphère tendue, Ahmadou Babatoura Ahidjo a été condamné à mort par contumace alors qu'il était en exil en France.
Le 6 avril 1984, le Cameroun a été le théâtre d'une tentative de coup d'État menée par le colonel Saleh Ibrahim et des éléments de la garde républicaine demeurés fidèles à Ahidjo. Cette tentative a échoué de justesse grâce à l'intervention de l'armée. Biya a saisi cette opportunité pour renforcer son emprise sur le pouvoir, discréditant Ahidjo en prétendant que le complot émanait de lui, avec le soutien présumé des autorités françaises et de certains milieux d'affaires nordistes.
Aujourd'hui, Paul Biya demeure en poste, et son long règne est remarquable dans le contexte politique africain. Cependant, le silence entourant la célébration de cette date emblématique soulève des questions quant à l'évolution de sa perspective sur cet événement historique.