Etoudi : Paul Biya parle (enfin) à Macron

Paul Biya parle à Macron

Mon, 27 Jun 2022 Source: La Nouvelle N° 654

Après la cinglante déculottée de sa formation politique ; La République en marche (Lrem), aux dernières législatives, de nombreux analystes estiment qu’Emmanuel Macron, petit donneur de leçons de démocratie devrait plutôt s’inspirer du modèle Biya. Et comment ? Décryptage.

La politique. La vraie est un jeu. Oui un jeu dont la pratique requiert de nombreuses qualités pour ceux qui s'y engagent. La sagesse, la finesse, l'habileté, la clairvoyance, la détermination et l'humilité en sont les atouts-maîtres. Nulle place ici pour l'arrogance, la grossièreté, l'obscénité, l’outrance, la condescendance qui caractérisent selon le mot du philosophe et essayiste français, Michel Onfray, l’actuel président français Emmanuel Macron. Ah oui ! Au regard du nouveau paysage politique français dessiné par la dernière élection à l'hémicycle du palais Bourbon, nombreux sont ceux des analystes politiques pointus qui prédisent un quinquennat extrêmement difficile pour le mari de Brigitte Macron. En effet, estiment ces analystes, sans majorité absolue et sans véritables atomes crochus - du fait du personnage Macron - avec les autres acteurs politiques hors de sa mouvance, le président français apparaît de plus en plus comme le nain politique qu'il est en réalité. Esprit brillant certes pour certains, tel un algorithme, selon le mot d'une ancienne cadre du parti de Macron, La République en marche (Lrem), le locataire de l'Elysée est toutefois incapable de s'adapter à des situations non programmées. D'où tout le mal qu'il a à gouverner son pays. Gouverner pour ceux qui l'auraient oublié, c'est d'abord et avant tout gérer des humains. Et quoi de plus imprévisible qu'un être humain ? Le scénario devant lequel se retrouve le jeune président français aujourd’hui est inédit sous la 5ème République. Emmanuel Macron va devoir compter et faire avec les extrêmes : à droite avec le Rassemblement national (Rn) de Marie Le Pen qui compte pas moins de 89 députés, 11 fois un groupe parlementaire. Excusez du peu ! A gauche l’actuel président français devra faire avec le Parti communiste (Pc), la France insoumise (Fi) de Jean Louis MelenchonI, l'Europe écologique les Verts (Ev), La Nouvelle Union populaire écologiste et sociale (Nupes).

LA FORCE DE L'EXPERIENCE

A en croire nos analystes, ce paysage politique est en réalité la conséquence de la politique désastreuse orchestrée par l'omniscient et omnipotent Apollon- Jupiter Macron et rejetée par les Francais. Malgré toutes les apparences, le président français est en réelle minorité. C'est ainsi dans ces conditions qu'il devient vital pour lui de descendre de son nuage et d'apprendre auprès de ceux qui savent. Il n'y a là aucune honte. Nos analystes lui suggèrent humblement de se rapprocher aujourd’hui d'un homme d’Etat respecté à travers la planète, d'un patriarche, d'un sage, d’un géant de l’Histoire qui, depuis près d'une soixantaine d'années exerce dans le champ politique et comme président de la République depuis 40 ans. Cet homme c'est bel et bien le président camerounais Paul Biya. Pour la petite histoire, en 1992, au lendemain des législatives où le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti du président de la République du Cameroun avait été mis en minorité par une opposition montante et galvanisée par son score honorable à la présidentielle organisée la même année, le pays semblait ingouvernable. Pourtant, l'homme Lion, grâce à sa parfaite connaissance des réalités du terrain, grâce à une méthode dont il a seul le secret, grâce à son sens élevé de l'intérêt national, à son humilité et sa tempérance naturelles, avait réussi à déjouer tous les pronostics et à rendre gouvernable son pays. Il avait alors réussi à convaincre, sans contraindre, les partis d'opposition à savoir : le Mouvement pour la Défense de la République (Mdr) de Dakolé Daïssala, l’Union pour la Démocratie et le Progrès de Bello Bouba Maigari, à rentrer dans le gouvernement, tout en accordant aux plus radicaux une place respectable sur l'échiquier politique national. Le président Paul Biya aura travaillé à rechercher sans ar rêt le consensus. Il a ainsi pu mettre en route ses politiques de « Grandes ambitions », « des « Grandes réalisations » et des « Grandes opportunités » dans un contexte très volatile somme toute. Tout ceci a un nom : la force de l'expérience ! Le président français Emmanuel Macron en a grand besoin aujourd’hui. Il est nécessaire, estiment encore nos analystes, qu’il vienne s’abreuver auprès d'un aîné comme « Popol » plutôt que de fricoter avec des désœuvrés, des voyous comme les Calibri Calibro ou Wilfried Ekanga, en mal de sensationnalisme. Ceci, pour tenter ubuesquement de donner des leçons de démocratie au peuple camerounais ou à l'homme Lion à travers des écarts de langage nauséeux. Pour nos mêmes analystes, le président Paul Biya pourrait ainsi apporter à Emmanuel Macron un peu de son savoirfaire en matière politique pour le bien de ses compatriotes. « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut » avait-il lancé à un autre donneur de leçons français, François Hollande, pour ne pas le citer, en mondovision. Une leçon que l'ancien compagnon de Ségolène Royal aura tôt fait d'expérimenter. A ses dépens. Au terme de ces dernières législatives françaises, Emmanuel Macron c’est à la fin l’histoire de l’arroseur arrosé. Devrait-on en rire ou en pleurer ? A chacun sa réponse.

Source: La Nouvelle N° 654