Dans cette tribune, Aristide Mono soulève des questions fondamentales sur le bilan des 41 ans de règne du président Paul Biya au Cameroun. Il encourage chaque citoyen à évaluer par lui-même l'impact du leadership présidentiel sur leur vie. L'auteur rappelle que le chef de l'État est essentiellement un gestionnaire choisi par les citoyens pour améliorer leur qualité de vie et veiller à leur sécurité.
Aristide Mono énumère plusieurs critères permettant d'évaluer le succès de la présidence de Paul Biya, notamment la sécurité, l'éducation, l'emploi, le coût de la vie, l'infrastructure, les services publics, et la perception d'inégalités sociales.
Il incite chaque individu à réfléchir sur ces aspects pour déterminer si, au cours de ces 41 années de règne, le pays a progressé ou régressé. Il met l'accent sur l'importance de cette évaluation personnelle et encourage chacun à prendre du recul pour considérer l'impact du leadership présidentiel sur leur vie et leur bien-être.
L'auteur soulève ainsi des questions cruciales pour susciter la réflexion et la prise de conscience individuelle, invitant les citoyens à évaluer leur propre réalité et à se forger leur propre opinion sur la gouvernance du président Paul Biya.
Voilà des interrogations qui travaillent certainement la tête des Camerounais politisés ce jour. Chacun se pose certainement ces questions. Et c’est d’ailleurs légitime. Un bon citoyen doit interroger le bilan de celui à qui il a donné le pouvoir de lui procurer le bien être avec les richesses collectives. Surtout, un dirigeant qui n’est pas si loin d’un demi-siècle de pouvoir. Que retenir des 41 ans de règne de l’homme du 6 novembre ? C’est à chacun de faire sa part d’évaluation. Parce que si on se met à égrainer ce que nous savons faire de mieux, on dira qu’on veut déstabiliser la célébration des gens. Mieux observer la scène et appeler chaque camerounais à faire lui-même l’évaluation des 41 ans du renouveau. Déjà pour savoir si le président Paul Biya a bien travaillé depuis 1982, on n’a pas besoin de venir à Yaoundé pour voir ce qu’il a fait. On n’a pas besoin d’un séminaire de formation.
On n’a pas besoin de suivre les gens comme nous qui bavardent chaque dimanche. Pour savoir si les 41 ans du président ont été magnifiques, on n’a pas besoins d’écouter les éditorialistes et les professeurs agrégés du renouveau, on n’a pas besoin d’aller lire les gros livres sur les citations du président ou les livres qui le magnifient la première phrase à la dernière. On n’a pas besoin que quelqu’un nous fasse d’abord le kongossa pour savoir si Ahidjo avait fait le bon choix. Chacun, de là où il se trouve, peut faire son évaluation ; chacun à son petit niveau, même si tu n’as pas le CEP, même si tu n’as pas de télé ni de radio, chacun peut savoir si le président a bien travaillé pendant ces 41 ans.
Nous parlons des premiers 41 ans parce qu’il ne compte pas encore prendre sa retraite ; du coup, il y a de forte chance qu’il fasse encore 40 ans supplémentaires si Dieu lui donne la longévité des Abraham. Pour mieux évaluer, il faut déjà savoir ce que signifient un président de la république, un chef de l’Etat. Pour savoir ce qu’est un chef de l’Etat, il faut considérer l’Etat comme une association une réunion, les populations sont comme les membres, les membres de l’association, les membres de la réunion que sont les populations décident de choisir de mettre sur pied un bureau, ce bureau de l’association s’appelle le gouvernement, ce bureau a pour fonction de gérer l’argent de l’association pour permettre aux membres de vivre mieux. Par élection, ces membres de l’association désignent un parmi eux pour gérer en leur nom leur argent, et d’autres ressources à eux tous pour qu’ils vivent bien. Ils choisissent d’autres pour l’accompagner. Le membre choisi comme président est en réalité leur employé, leurs tâcherons.
Le chef de l’Etat est donc un membre de l’association désigné comme gérant ou président, pour que l’association puisse rayonner et faire rayonner la vie de chaque membre. Alors, aujourd’hui, à chacun de constater que depuis le 6 novembre, l’Etat, l’association dont ils ont confié la direction au président Biya fait rayonner leur vie. Est-ce qu’il conduit les choses de sorte qu’ils se sentent bien ? Est-ce que chacun de nous sent que l’Etat dirigé par Paul Biya fait en sorte qu’ils vivent bien ? Définissons un peu les choses à partir des choses qui permettent de dire que les gens vivent bien afin que chacun dise ce qu’il pense de la tâche qu’il a confiée au président. Est-ce que quand tu marches en route tu te sens en sécurité à n’importe quelle heure et n’importe où ? Là on parle de la sécurité que l’Etat qui est bien dirigé doit garantir à tous. Dans les régions du Nord-ouest, du Sudouest et de l’Extrême Nord, est-ce que toutes les populations de làbas peuvent confirmer que tout va bien pour eux en matière de sécurité ? Chacun de nous dans sa famille doit compter le nombre d’enfants diplômés dans sa famille et voir combien ont un emploi ?
Voir le niveau de vie de ceux qui ont un emploi, si l’argent qu’ils gagnent leur permet de payer un loyer, de payer la pension de leurs enfants, d’amener les enfants dans des hôpitaux, de nourrir convenablement ces enfants. Chacun de nous doit regarder son village ou sa ville voir s’il est fier de l’évolution, s’il est fier de la route, s’il ne se casse pas pour avoir de l’eau à boire, s’il a au moins un robinet. Chacun doit voir le coût des choses au marché et voir si c’est après 41 ans, les choses sont devenues moins chères, la nourriture, le matériau de construction, les choses du salon et de la cuisine.
Chacun de nous doit voir de là où il est si les routes sont bonnes et si le courant est là-bas; s’il y a en a, est-ce qu’il est satisfait de ce courant? Côté école, chacun de nous, à partir de là il vit, doit dire s’il est fier de l’état de l’école où ses enfants fréquentent, s’il trouve la qualité et la quantité des enseignants satisfaisantes 41 ans après. Chacun de nous doit voir si on le reçoit souvent bien quand il part dans un bureau, dans des locaux de la police ou de la gendarmerie, s’il est satisfait, si on ne lui demande pas souvent l’argent pour un service public, pour un concours, s’il n’a pas encore eu l’impression qu’il n’a pas été retenu parce qu’il n’a personne devant ou parce qu’il n’a pas de l’argent.
Chacun doit dire s’il n’a pas l’impression qu’il y a un Cameroun des en haut d’en haut et un Cameroun des en bas d’en bas. Bref, en ce jour que chacun médite, en son âme et conscience pour voir, à partir des points qu’on vient d’énumérer pour voir si le président a arrangé ou gâté le pays. Pas besoin d’écouter quelqu’un ou de regarder la télé pour évaluer soimême.
Dr Aristide Mono