Le politologue David Eboutou fait son analyse de la crise qui secoue la Fédération camerounaise de football et le ministère des sports. Il estime que le ministre Narcisse Mouelle Kombi s’est illégalement ingéré dans les affaires de la Fecafoot et évoque l’impact de ce conflit sur les hautes instructions de Paul Biya.
L'autre enjeu du bras de fer MINSEP-FECAFOOT est à rechercher dans la démystification des " Hautes instructions " de plus en plus contestées par une partie de l'establishment et même de l'opinion.
Depuis les nominations unilatérales et totalement arbitraires du staff des Lions et de la coordination des équipes nationales par le MINSEP, en totale violation des dispositions réglementaires qui octroient ces prérogatives à la FECAFOOT, il se dessinait déjà les méandres d'une crise qui devait à un moment monter en escalade.
Il est connu de tradition que c'est la FECAFOOT, organe faîtière de notre Football qui fait généralement des propositions de nominations du staff technique de notre équipe nationale à la tutelle qui, à son tour les remontent à la Présidence pour validation finale. Ce schéma pour l'occasion a t-il été respecté ? Encore plus, la nomination du Coordonnateur des équipes nationales qui relevait jusque-là de l'exclusivité de la Fédération s'est vue retirer.
En décidant de reconnaître Marc Brys comme sélectionneur national en l'y adjoignant d'autres adjoints autres que ceux désignés par le MINSEP, la FECAFOOT faisait déjà preuve de volonté de conciliation. Le MINSEP aurait pu saisir cette brèche pour inviter le Président de la FECAFOOT à une discussion afin de trouver une voie de sortie honorable, ne ce reste que pour la considération des anciennes gloires nommées par ses soins.
L'immixtion grossière du MINSEP dans le champ réservé à la FECAFOOT est aujourd'hui à la base de cette crise. Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il faudrait reconnaître que Samuel Eto'o a le droit avec lui dans cette bataille. Les escarmouches de Tsinga dans la matinée d'hier sont à lire dans le sens de l'expression d'un homme acculé, humilié mais déterminé à défendre l'honneur d'une institution dont il a assume l'entière responsabilité en sa qualité de premier responsable.
Mais seulement, rendu à ce stade, on est bien obligés de constater qu'aucune partie ne compte reculer. À la veille de deux rencontres importantes de nos Lions, le coach Marc Brys a été suspendu par la FECAFOOT et remplacé par Martin NDTOUNGOU MPILÉ. Même si le MINSEP annonce le maintien du belge, il faut bien rappeler que c'est la FECAFOOT qui traite directement avec la FIFA, organisation faîtière mondiale du Football.
Martin NDTOUNGOU MPILÉ devrait donc conduire les Lions pour les deux prochaines rencontres avec une épée de Damocles à double tranchant qui pourrait trancher les débats. Si nos LIONS sortent victorieux de ces échéances, le MINSEP et Marc Brys se retrouveront en difficulté et la Côte du Président de la FECAFOOT en sortira très remontée et réconfortée. Même certains pourfendeurs de ce dernier pourraient se plier. À l'inverse, si c'est une défaite qui sanctionne les prochaines sorties des LIONS, le MINSEP pourrait en profiter pour continuer la rixe en surfant sur le comportement versatile du public camerounais.
Pour finir, il ne faut surtout pas éluder la question des " Hautes instructions " problématique qui se joue en toile de fond. Depuis le 02 avril dernier, il n'y a plus eu ces " consignes particulières ". Où sont-elles passées pour venir trancher la querelle en cours? Le principal hegemon en Chef est plus que taiseux. Entre-temps, le camp de l'establishment qui doute de plus en plus de la véracité de ces fameuses " Hautes instructions " voit en cette querelle MINSEP-FECAFOOT un excellent tremplin pour démystifier cette vaste de chaîne de directives mystérieuses dont beaucoup commencent à imaginer le profil robot de l'usurpateur qui s'y cache à l'arrière.
La crise MINSEP-FECAFOOT, loin d'être une distraction comme certains pourraient le penser est un donc une crise qui pourrait cacher d'autres crises. Mais comme on le sait, le bienfait des crises réside dans le fait qu'elles finissent par générer des solutions.
J'ai dit !
D.E