Dans les coulisses du palais présidentiel à Yaoundé, un projet de loi électorale potentiellement explosif prend forme. C'est dans les bureaux de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, que se dessinent les contours d'une réforme qui pourrait bouleverser le paysage politique camerounais.
Selon nos informations, un conseil restreint de stratèges proches du président Paul Biya a récemment tenu une réunion cruciale. Parmi eux figuraient Luc Sindjoun, conseiller spécial du président, Jean Nkuete, secrétaire général du RDPC (parti au pouvoir), et Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale.
Le projet en gestation viserait à modifier profondément le code électoral, avec des implications majeures pour les prochaines échéances. Il envisagerait notamment de repousser les élections législatives et municipales à 2026, après une présidentielle anticipée.
Mais c'est surtout l'instauration de nouvelles conditions pour les candidats à la présidentielle qui fait débat. Le texte prévoirait l'obligation d'être investi par un parti représenté au Parlement ou, pour les candidats indépendants, d'obtenir le parrainage de 300 personnalités réparties dans toutes les régions du pays.
Cette disposition, si elle était adoptée, pourrait disqualifier d'emblée des figures de l'opposition telles que Maurice Kamto, leader du MRC, ou Cabral Libii, député du PCRN. N'ayant pas participé aux dernières élections législatives, Kamto se retrouverait dans l'impossibilité de satisfaire ces nouvelles exigences.
Le projet n'a pas encore été déposé à l'Assemblée nationale, mais son élaboration dans les bureaux de Ferdinand Ngoh Ngoh souligne l'importance stratégique que lui accorde le pouvoir en place. Cette manœuvre en coulisses suscite déjà des inquiétudes quant à l'équité du processus électoral à venir.
Alors que l'opposition demande depuis longtemps une réforme du code électoral, cette initiative unilatérale du pouvoir risque d'attiser les tensions politiques dans un pays déjà marqué par de profondes divisions.