Le député camerounais Jean-Michel Nintcheu, allié de l’opposant Maurice Kamto, a récemment déposé deux plaintes devant le tribunal de grande instance de Yaoundé. Ces actions judiciaires visent directement le président Paul Biya et le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh. Ces révélations proviennent du magazine Jeune Afrique, qui rapporte en détail les démarches entreprises par le député.
La première plainte déposée par Jean-Michel Nintcheu vise Paul Biya pour ce qu'il qualifie de "cumul de fonctions". En effet, le député invoque la Constitution camerounaise, qui interdit le cumul de plusieurs mandats électifs. Paul Biya, président du Cameroun depuis 41 ans, occupe également le poste de président du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir depuis sa création en 1985. Cette action soulève des questions sur la conformité de la situation de Paul Biya avec la loi fondamentale du pays.
En plus de la plainte contre Paul Biya, Jean-Michel Nintcheu a également déposé une plainte contre Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, pour "usurpation de fonction". Cette plainte fait suite à l'élévation de Ferdinand Ngoh Ngoh au rang de ministre d'État, lui conférant ainsi une délégation de signature du chef de l’État. Nintcheu estime que cette attribution de pouvoir dépasse les limites légales et octroie à Ngoh Ngoh un contrôle injustifié sur les membres du gouvernement.
Ces actions judiciaires surviennent dans un contexte politique tendu, à l'approche des élections présidentielles de 2025. L'opposition camerounaise est en plein débat sur la désignation d'un candidat unique, et Jean-Michel Nintcheu cherche à se positionner dans cette perspective. Alors que Maurice Kamto, principal opposant, pourrait être affaibli par le boycott de son parti lors des élections précédentes, Nintcheu tente de se faire entendre en contestant ouvertement le statu quo politique.
Les révélations de Jeune Afrique mettent en lumière les luttes de pouvoir et les stratégies en coulisse qui caractérisent la scène politique camerounaise. Alors que Paul Biya envisage toujours de se présenter à sa propre succession en 2025, malgré son âge avancé, et que des spéculations circulent sur une éventuelle relève dynastique avec son fils Franck, l'avenir politique du pays reste incertain et sujet à de vifs débats.