Exclusif - Cameroun : Ferdinand Ngoh Ngoh, l'homme qui veut sauver Paul Biya malgré lui

Le secrétaire général de la présidence multiplie les initiatives pour maintenir la coalition présidentielle face à l'hémorragie des départs

Alors que Paul Biya reste invisible et que ses plus fidèles alliés claquent la porte, un homme tente de sauver la majorité présidentielle : Ferdinand Ngoh Ngoh. Selon nos informations exclusives, le secrétaire général de la présidence a organisé en urgence une série de réunions secrètes avec les représentants des dix régions du pays, multipliant les promesses et les engagements pour éviter une hémorragie totale.

Jeune Afrique révèle que Ferdinand Ngoh Ngoh a reçu, ces derniers jours, tous les responsables politiques régionaux du RDPC au palais présidentiel. Une démarche inhabituelle qui témoigne de l'urgence de la situation. "Il fallait rassurer les troupes et montrer que le pouvoir était toujours aux commandes", confie un proche du secrétaire général à Jeune Afrique.

Ces réunions, qui se sont tenues dans la plus grande discrétion, ont accordé une attention particulière aux régions du septentrion, désormais en proie aux appétits rivaux d'Issa Tchiroma Bakary et de Bello Bouba Maïgari. Nos sources révèlent que Ngoh Ngoh a multiplié les promesses de postes ministériels et de projets d'infrastructures pour maintenir la fidélité des cadres du Nord.

Mais cette offensive de charme ne fait pas l'unanimité au sein même du RDPC. Selon nos informations, plusieurs caciques du parti au pouvoir dénoncent en privé une "usurpation de fonction" de la part de Ferdinand Ngoh Ngoh. "Il agit comme s'il était le président du parti alors qu'il n'est même pas membre des instances dirigeantes", s'insurge un membre du comité central sous couvert d'anonymat.

Cette situation inédite révèle la profondeur de la crise au sein de l'appareil présidentiel. Jeune Afrique apprend que plusieurs responsables du RDPC ont exigé la tenue d'un congrès extraordinaire du parti, une demande systématiquement rejetée par l'entourage présidentiel qui préfère éviter tout débat interne.

Ferdinand Ngoh Ngoh mise tout sur l'annonce imminente de la candidature de Paul Biya. Nos sources au palais révèlent qu'il a assuré à tous ses interlocuteurs que cette annonce interviendrait "dans les prochains jours", sans pour autant pouvoir garantir une apparition publique du chef de l'État.

Cette stratégie du "tout ou rien" pourrait se retourner contre lui. Jeune Afrique révèle que plusieurs barons du RDPC préparent déjà l'après-Ngoh Ngoh, anticipant un possible échec de sa mission de sauvetage. "Si Paul Biya ne se montre pas bientôt, ce sera lui qui portera le chapeau", prédit un ancien ministre.

Dans cette bataille pour le contrôle de l'appareil présidentiel, Jeune Afrique révèle l'influence croissante du "clan Chantal Biya", l'épouse du président, qui aurait ses propres réseaux et ses propres conseillers. Cette situation crée une double ligne de commandement qui paralyse parfois l'action gouvernementale.

"Ferdinand Ngoh Ngoh doit composer avec différents centres de pouvoir, ce qui complique énormément sa tâche", analyse un observateur politique interrogé par Jeune Afrique. Cette fragmentation du pouvoir pourrait expliquer pourquoi Tchiroma et Bouba Maïgari n'ont pas obtenu l'audience présidentielle qu'ils réclamaient.