Exclusif : Comment le coup d'État de 1984 a brisé l'amitié entre Paul Biya et son ancien confident Pierre Kwemo

Jeune Afrique révèle les détails inédits de la rupture entre le président camerounais et celui qui fut l'un de ses premiers compagnons politiques

Dans une série de révélations exclusives accordées à Jeune Afrique, Pierre Kwemo, candidat à la présidentielle du 12 octobre, livre pour la première fois les détails intimes de sa rupture avec Paul Biya, son ancien ami devenu adversaire politique.

Selon les révélations exclusives obtenues par Jeune Afrique, la relation entre les deux hommes remonte aux années 1980, lorsque Paul Biya, alors Premier ministre, fréquentait assidûment le café Mimosa, propriété de Pierre Kwemo. "Il s'y rendait souvent le samedi soir, s'installait dans un coin, commandait un thé en attendant la séance au cinéma Capitole", confie un habitué du lieu à Jeune Afrique.

Cette proximité géographique et sociale a tissé les liens d'une amitié qui propulsera Kwemo dans les cercles du pouvoir dès 1982, quand Biya accède à la présidence. Jeune Afrique révèle que l'entrepreneur compte alors parmi les toutes premières personnalités nommées à des postes officiels par le nouveau président.

Dans ses confidences exclusives à Jeune Afrique, Pierre Kwemo identifie avec précision le moment de bascule : la tentative de coup d'État de 1984. "Après cet événement, on aurait dit qu'il en a voulu à tous les Camerounais. Il a commencé à se méfier de tout le monde. Il s'est complètement refermé", révèle-t-il au magazine.

Cette analyse inédite, livrée pour la première fois à Jeune Afrique, éclaire d'un jour nouveau la transformation du style de gouvernance de Paul Biya. Selon Kwemo, c'est à partir de cette période que commence "une anarchie de gestion et un pillage à outrance des finances publiques, au prétexte de créer des champions nationaux".

Jeune Afrique révèle également les sentiments de trahison ressentis par Kwemo face à l'évolution de son ancien ami. "Paul Biya avait donné beaucoup d'espoir avec ses slogans de rigueur, de moralisation et de décentralisation. Mais entre 1984 et 1991, ça ne pouvait que révolter le peuple", confie-t-il exclusivement au magazine.

Cette rupture consommée conduira Kwemo à rejoindre l'opposition en 1991, marquant définitivement la fin d'une amitié qui avait survécu à l'accession au pouvoir mais pas aux transformations qu'elle a engendrées.