Exclusif : Issa Tchiroma Bakary obtient une exonération pour ses 4 véhicules avant sa démission

Une révélation de Boris Bertolt embarrassante pour l'ancien ministre de l'Emploi qui avait quitté le gouvernement au nom de "l'impératif moral".

Selon des informations exclusives que nous avons pu recueillir, l'ancien ministre de l'Emploi Issa Tchiroma Bakary aurait sollicité et obtenu du ministre des Finances Louis Paul Motaze une exonération pour dédouaner gratuitement quatre véhicules flambants neufs au port de Kribi, et ce, juste avant d'annoncer sa démission du gouvernement le 24 juin dernier.

Cette révélation jette une lumière nouvelle sur les véritables motivations de celui qui avait justifié sa sortie du gouvernement par "un impératif moral" et la nécessité de "rester fidèle aux engagements pris envers nos citoyens". L'obtention de cette faveur fiscale, d'une valeur estimée à plusieurs millions de francs CFA, interroge sur la sincérité des motivations morales invoquées par l'ancien ministre.

Le timing de cette demande d'exonération soulève de nombreuses questions. Pourquoi Issa Tchiroma Bakary a-t-il jugé nécessaire de faire cette démarche auprès du ministre des Finances juste avant de claquer la porte du gouvernement ? Cette manœuvre suggère-t-elle que sa démission était préméditée depuis longtemps, contrairement à ce qu'il a laissé entendre ?

L'exonération de droits de douane pour l'importation de véhicules constitue un avantage non négligeable, d'autant plus qu'il s'agit de quatre véhicules neufs. Cette pratique, bien que légale lorsqu'elle concerne des membres du gouvernement, devient moralement discutable quand elle est sollicitée par quelqu'un qui s'apprête à quitter ses fonctions au nom de principes éthiques.

Les coulisses d'une démission orchestrée

Cette révélation éclaire d'un jour nouveau l'analyse des coulisses de la démission d'Issa Tchiroma Bakary. Loin d'être un coup de tête motivé par des considérations purement morales, sa sortie du gouvernement apparaît désormais comme une stratégie longuement mûrie.

Dès février 2025, lors du meeting de son parti le FSNC à Maroua, Tchiroma avait envoyé des signaux forts en s'abstenant d'appeler à voter pour Paul Biya. Ses propos devant les milliers de participants - "Je ne peux pas vous appeler à voter pour les gens qui sont à l'origine de vos malheurs" - résonnent aujourd'hui comme les prémices d'une rupture calculée.

Les mois qui ont suivi ont été marqués par une montée en puissance de la rumeur autour de son départ. Issa Tchiroma Bakary a savamment orchestré cette communication, utilisant "lanceurs d'alertes et médias" pour alimenter les spéculations sur sa candidature à la présidentielle d'octobre.

Même l'épisode de la photo avec l'ambassadeur de France, prise lors du Conseil local de développement du 17 juin en présence d'autres ministres, a été instrumentalisé. Plutôt que de démentir les rumeurs d'audience politique, l'ancien ministre a laissé courir l'information erronée qui servait son narratif.

L'analyse des relations entre Tchiroma et le pouvoir central révèle des tensions anciennes. Selon des sources à la présidence, "il n'a plus d'interlocuteur fiable au palais" et "le président ne le reçoit pas ni ne donne suite à ses sollicitations depuis des années".

Ces difficultés s'enracinent dans un "conflit de générations" avec un entourage présidentiel rajeuni, particulièrement avec Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence et de 11 ans son cadet.

Sur le terrain, le parti au pouvoir n'a cessé de grignoter l'influence de Tchiroma. En novembre 2020, le RDPC a débauché 12 des 25 conseillers municipaux du FSNC à Maroua 2e. Les tentatives récentes pour attirer ses lieutenants, notamment Salmana Amadou Ali, ont probablement précipité sa décision.

Attendu dans son fief de Garoua après sa démission, Issa Tchiroma Bakary doit maintenant dévoiler sa stratégie. L'affaire de l'exonération des véhicules ternit cependant l'image de probité qu'il tentait de construire autour de sa sortie du gouvernement.