Exclusif : La police de Lbarga Nguélé suspectée d’avoir enlevé, torturé et assassiné un activiste politique

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Tue, 21 Jan 2025 Source: www.camerounweb.com

Depuis le 24 décembre 2024, Djoubairou Yerima, activiste politique originaire de l’Adamaoua, a disparu sans laisser de traces. Arrêté par quatre hommes armés à bord d’un véhicule 4x4 non immatriculé, il n’a plus donné signe de vie depuis. Sa famille, qui a multiplié les démarches auprès des services de sécurité (police, gendarmerie, renseignements), n’a obtenu aucune information sur son sort. Aujourd’hui, un document interne daté du 2 janvier 2025, émanant du directeur adjoint des renseignements généraux, jette une lumière inquiétante sur cette affaire.

Dans cette note, il est demandé au délégué régional de la sûreté nationale de l’Adamaoua de « prendre toutes les dispositions » pour empêcher un prétendu incendie des bureaux d’ELECAM, attribué à Djoubairou Yerima. Problème : l’activiste avait déjà été arrêté une semaine avant la rédaction de cette note, le 24 décembre 2024. Cette incohérence temporelle soulève de sérieuses questions sur les motivations réelles derrière cette instruction et sur le sort réservé à Djoubairou Yerima.

Djoubairou Yerima s’était fait connaître en diffusant une vidéo dénonçant des fraudes électorales dans l’Adamaoua. Dans cet enregistrement, il accusait directement Ali Bachir, ancien député et membre du comité central du RDPC, d’être impliqué dans la fabrication de fausses cartes d’électeurs. La vidéo, devenue virale, a visiblement déclenché une réaction violente des autorités.

Le 24 décembre 2024, veille de Noël, Djoubairou Yerima a été enlevé par des hommes armés. Depuis, sa famille est sans nouvelles. « Nous l’avons cherché partout, dans tous les services de sécurité, mais il est introuvable. Nous craignons le pire », confie un proche sous couvert d’anonymat.

La note du 2 janvier 2025, révélée récemment, accuse Djoubairou Yerima de vouloir incendier les bureaux d’ELECAM. Cependant, cette accusation semble contredite par le fait que l’activiste avait déjà disparu depuis plus d’une semaine au moment de la rédaction du document. Pour la famille et les défenseurs des droits de l’homme, cette note est un prétexte pour justifier son arrestation et sa disparition.

« Cette affaire est très inquiétante. Djoubairou Yerima a été enlevé, et maintenant on découvre une note qui le criminalise après coup. Tout cela ressemble à une tentative de dissimuler la vérité », dénonce un avocat spécialisé dans les droits humains.

La famille de Djoubairou Yerima, ainsi que plusieurs organisations de la société civile, réclament une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette disparition. « Nous voulons savoir ce qui est arrivé à Djoubairou. S’il est détenu, qu’on nous le dise. S’il a été assassiné, les responsables doivent être identifiés et traduits en justice », insiste un membre de sa famille.

Cette affaire intervient dans un contexte politique tendu, à moins d’un an de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Les défenseurs des droits de l’homme craignent que cette disparition ne soit qu’un exemple parmi d’autres de la répression contre les voix dissidentes au Cameroun.

En attendant, la famille de Djoubairou Yerima continue de réclamer justice, espérant que la lumière sera faite sur le sort de leur proche, dont la seule faute semble avoir été de dénoncer des irrégularités électorales.

Source: www.camerounweb.com