Exclusif - Présidentielle camerounaise : les dessous des négociations secrètes qui redessinent l'opposition

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Tue, 8 Jul 2025 Source: www.camerounweb.com

Révélations sur les tractations en cours entre Kamto, Tchiroma et Bouba Maïgari pour constituer un front anti-Biya

Derrière les déclarations publiques, une intense bataille se joue dans l'ombre. Jeune Afrique révèle les détails des négociations secrètes qui agitent l'opposition camerounaise depuis l'annonce des candidatures d'Issa Tchiroma Bakary et de Bello Bouba Maïgari. Ces tractations, menées dans la plus grande discrétion, pourraient redessiner le paysage politique à quelques mois de la présidentielle.

Le "plan Bouba Maïgari" : un gouvernement de transition en ligne de mire

Selon nos informations exclusives, Bello Bouba Maïgari propose à ses interlocuteurs un scénario inédit : la formation d'un gouvernement de transition qu'il dirigerait en cas de victoire de l'opposition. Ce plan, baptisé officieusement "plan Bouba Maïgari" par ses partisans, prévoit l'organisation d'élections libres et transparentes sous supervision internationale.

"Bouba Maïgari fait valoir son expérience et sa connaissance des rouages de l'État", révèle à Jeune Afrique un négociateur proche du dossier. L'ancien Premier ministre s'appuie sur sa longue carrière politique et ses réseaux dans l'administration pour convaincre ses partenaires potentiels.

Mais cette proposition divise. Jeune Afrique apprend que Maurice Kamto, leader du MRC, a exprimé ses réserves lors d'une réunion secrète organisée récemment à Douala. "Kamto ne veut pas jouer les seconds rôles", confie un participant à ces discussions.

De son côté, Issa Tchiroma Bakary mise tout sur son influence dans les régions du Nord. Nos sources révèlent qu'il a organisé ces dernières semaines des réunions clandestines avec les chefs traditionnels du septentrion, leur promettant une plus grande autonomie en cas de changement de pouvoir.

"Tchiroma sait que qui contrôle le Nord contrôle une part importante du scrutin", analyse un observateur politique interrogé par Jeune Afrique. Cette stratégie lui permet de négocier en position de force avec les autres leaders de l'opposition.

Jeune Afrique révèle que Tchiroma a déjà obtenu le soutien de plusieurs figures influentes du Nord, dont certains cadres du RDPC qui préparent discrètement leur retournement de veste. "Il y a une véritable hémorragie silencieuse au sein du parti au pouvoir dans ces régions", confirme un responsable local.

Le leader du MRC ne reste pas inactif. Selon nos informations, Maurice Kamto a fixé plusieurs conditions non négociables pour accepter toute alliance : la reconnaissance de sa victoire contestée de 2018, un poste de Premier ministre dans un éventuel gouvernement de transition, et la garantie de pouvoir se présenter aux prochaines élections.

Jeune Afrique révèle que Kamto a également exigé le contrôle des ministères de la Justice et de l'Intérieur dans toute coalition qu'il rejoindrait. "Il veut s'assurer que les prochaines élections ne soient pas truquées comme les précédentes", explique un proche du leader du MRC.

Ces exigences compliquent les négociations. Nos sources révèlent que Bello Bouba Maïgari a qualifié ces conditions de "maximales" lors d'une réunion privée, estimant qu'elles risquent de faire échouer toute possibilité d'alliance.

Les négociations révèlent aussi l'importance persistante des équilibres ethniques et régionaux dans la politique camerounaise. Jeune Afrique apprend que les discussions portent également sur la répartition géographique des postes clés en cas de victoire de l'opposition.

"Chaque leader veut s'assurer que sa région sera représentée dans un futur gouvernement", révèle un participant aux négociations. Cette logique de quotas ethniques et régionaux complique considérablement les tractations, chaque camp craignant d'être marginalisé.

Le calendrier électoral impose un rythme effréné aux négociations. Jeune Afrique révèle que les protagonistes se sont fixé une échéance : la fin juillet pour finaliser toute alliance. Au-delà, les démarches administratives pour les candidatures rendraient tout accord difficile à mettre en œuvre.

"Nous entrons dans la phase cruciale", confie un négociateur. Les prochaines semaines s'annoncent décisives pour l'avenir politique du Cameroun. L'opposition saura-t-elle surmonter ses divisions historiques pour présenter un front uni ? La réponse déterminera peut-être l'issue de la présidentielle d'octobre.

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