Exclusion : situation explosive à l’Université de Ngaoundere

Université de Ngaoundere

Tue, 13 Dec 2022 Source: L'Oeil du Sahel

UNIVERSITÉ DE NGAOUNDÉRÉ. Exclus par une lettre du recteur le 07 décembre dernier, leurs proches aux abois dénoncent une instrumentalisation du directeur de cette école.

L’exclusion de 03 étudiants de l’Egcim fait des vagues

Les étudiants Landry Ulrich Nga Ekenkele, Kevin Donald Njampou et Merlin Menounga sont exclus «de toutes activités académiques à l’université et particulièrement à l’Ecole de Génie Chimique et des Industries Minérales». C’est la substance d’une décision publiée par le recteur Pr Uphie Chinje le 07 décembre dernier, par lettre d’exclusion. Il leur est reproché la «participation aux activités ayant compromis le bon déroulement des élections des délégués du bureau exécutif de l’Association des étudiants de l’Egcim ; violence à l’endroit de l’équipe de supervision des dites élections ; soulèvement de vos camarades ; intimidation de vos camarades en les empêchant de poser leur candidature aux dites élections. Cette exclusion est à compter de la date de signature de la présente lettre et jusqu’à la signature de la décision du ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, portant votre exclusion temporaire à compter de l’exercice 2022- 2023». Approchée pour avoir plus amples informations, le recteur Uphie Chinje a justifié que ces étudiants de l’Egcim ont été exclus pour des «mesures disciplinaires», en nous orientant vers le directeur de l’Egcim, le Pr Nga Esther dont nous n’avons pu obtenir la version. Néanmoins, le 28 novembre 2022, par communiqué, le directeur de l’Egcim portait à la connaissance des élèves ingénieurs de son école que les renouvellements par des élections des bureaux exécutifs des clubs Génie Chimique, Génie Minéral, Sciences et Techniques de l’Ingénieur et le bureau d’exécutif de l’Association des Étudiants de l’Egcim (AE-Egcim), initialement prévues le 22 novembre 2022 sont reportées au 30 novembre pour les clubs et au 2 décembre de 10h à 14h pour l’AE-Egcim. Le communique de souligner que « par ailleurs, le corps électoral est composé de tous les délégués et délégués-adjoints des niveaux ainsi que des présidents des clubs et du président sortant de l’AEEgcim. Le mode de scrutin est celui de liste. Les dossiers de candidature sont recevables tous les jours ouvrables auprès du service de la Scolarité, de la statistique et de la certification des Diplômes jusqu’au mardi 29 novembre 2022 pour les clubs et au 01 décembre 2022 pour l’AEEgcim». Mais à en croire certaines indiscrétions, des irrégularités se sont invitées au processus de l’élection de l’AE-Egcim. La première étant, selon des proches d’étudiants «exclus», la non tenue d’un conseil de discipline à l’Egcim. Mais bien avant, il est relevé par des sources introduites que l’un des trois étudiants exclus, Nga Ekenkele, était candidat à l’élection du bureau de l’AE-Egcim. Celui-ci était en possession du communiqué du directeur de l’Egcim, tandis que «son concurrent était déjà verbalement sensibilisé sur la constitution du corps électoral. Ce candit aujourd’hui exclu savait que ce sont seulement les délégués qui doivent prendre part au vote ; il a donc battu campagne auprès des délégués. Mais son concurrent, qui savait que ce sont tous les étudiants qui votent, a bien évidemment battu campagne auprès de tous. La veille de l’élection, le 1er décembre, l’étudiant candidat aujourd’hui exclu a donc eu vent de la rumeur et a décidé de retirer sa candidature», relate une source proche.

ABUS DE POUVOIR ?

Un témoin du processus en salle, de décrire que : « Le 02 décembre, quand des dirigeants viennent superviser cette élection, ce candidat lésé tente de montrer la note du directeur de l’Egcim qu’il a dans son téléphone. Il essaie de leur dire que ce qui est fait n’est pas ce qui a été demandé par la note de madame le directeur. Il y a donc eu des éclats de voix et le candidat a décidé de retirer sa candidature. Les superviseurs lui ont dit avoir reçu deux candidatures et qu’ils vont s’en tenir à ce fait ; ils ont donc écrit les noms des deux candidats au tableau. Le candidat qui s’est senti lésé dès le début du processus, a effacé son nom du tableau, dans les deux salles où se tenaient l’élection. Voilà ses fautes, selon les superviseurs». Des témoignages internes disent de manière péremptoire qu’il n’y a jamais eu une quelconque altercation, en dehors du choix fait par le candidat malheureux, d’effacer son nom et de ne plus participer à l’élection pour cause de non-transparence. «La vérité, c’est que toutes ces fautes ont été créées pour nuire à cet enfant. Il y a eu un abus de pouvoir du directeur de l’Egcim qui a soumis la lettre d’exclusion au recteur pour signature. Et ces trois étudiants ont été condamnés, de manière Kafkaenne, sans être jugés. Il n’y a pas eu de conseil de discipline. Le recteur a signé cette lettre le 07 décembre et les enfants ont été notifiés le 09 décembre 2022», indique une source. Un texte du ministère de l’Enseignement supérieur, régissant la discipline des étudiants est cependant clair. Il stipule que : «tout manquement par un étudiant à la discipline, aux règlements régissant le régime des études, aux règles de la bienséance universitaire, toute participation directe ou indirecte aux actes susceptibles de compromettre le bon fonctionnement de l’institution universitaire, tout comportement contraire à la dignité universitaire constituent une infraction disciplinaire. Suivant la gravité de la faute commise, les étudiants peuvent être l’objet des sanctions disciplinaires suivantes : a.Avertissements; b. Blâme qui peut être assorti d’une suspension partielle ou totale de toute forme d’aide ou d’assistance universitaire ; c. Interdiction de se présenter aux examens sanctionnant l’année académique en cours avec suppression de toute aide universitaire ; d. Exclusion temporaire d’une à deux années académiques ; e. Exclusion définitive des établissements des institutions Universitaires nationales. f. En cas de de participation d’un étudiant à des activités susceptibles de compromettre le bon fonctionnement de l’institution universitaire telles que les agression et autres voies de fait contre les étudiants et les personnes de l’université, la destruction des biens, l’organisation délibérée de la non assiduité aux enseignements, la perturbation de activités d’enseignement, de recherche ou d’appui, les manifestations intempestives au sein des campus ou sur la voie publique, les sanctions ci-dessus sont prononcées. Tout étudiant suspect de fraude est immédiatement exclu de la salle d’examen, puis un rapport circonstancié signé de deux surveillants est soumis au chef de l’établissement. Le jury d’examen se réunit et propose la sanction disciplinaire appropriée selon la gravité de la faute».

Source: L'Oeil du Sahel