L’avocat a été enlevé au sortir d’une émission sur Équinoxe TV. Des individus armés et qu’on identifie comme étant des éléments de la Sécurité militaire (Semil) ont obligé le défenseur des droits de l’Homme à les suivre pour des raisons préalablement inconnues. Fabien Kengne a ensuite été libéré et les révélations exclusives sortent déjà.
« Un État voyou est un État où il n'existe plus aucune différence entre le bandit et la police, entre le malfrat et l'homme de loi, entre les forces armées et les forces terroristes. Cela arrive lorsque les méthodes employées par les deux entités commencent dangereusement à se ressembler : kidnappings, agressions, tortures, viols, et amour démesuré pour les opérations nocturnes. Le tout saupoudré d'une effroyable absence de communication sur les motifs d'action.
Sur ce dernier point, on constate même que les terroristes s'en sortent mieux, puisque quand ils vous capturent, vous torturent et vous tuent, ils le revendiquent ensuite publiquement, et ils expliquent de manière claire ce qui les a poussés à agir.
C'est de cette façon qu'on a su qu'Usama Ben Laden était l'instigateur des attentats du 11 septembre 2001, puisqu'il l'a lui-même reconnu dans de multiples vidéos, et ensuite il a expliqué que c'était une riposte au soutien des États-Unis à Israël au détriment de la Palestine.
D'ailleurs, un an avant sa mort (survenue lors de l'opération "Neptune's Spear" conduite au Pakistan sous Obama le 02 mai 2011), le chef d'Al Qaida affirmait encore être "très fier" d'Umar Farouk, jeune nigérian de 25 ans ayant tenté de faire sauter le vol Amsterdam-Detroit, le 25 décembre 2009.
Mais au Cameroun, quand les forces de l'ordre vous capturent, vous torturent et – parfois – vous tuent, ni vous ni votre famille ne savez exactement le pourquoi du comment. Le régime de Yaoundé commet des braquages à main armée et garde le silence radio comme une mafia sicilienne ou une caste lugubre de yakuzas japonais. Je ne sais pas comment vous vous sentez, mais j'ai le corps qui grelotte quand je pense que dans certains domaines, Ben Laden est plus transparent que le gouvernement de mon pays.
Le gang de malfrats. Déjà, comment expliquer que, moins de six mois après l'assassinat aux allures sataniques de Martinez Zogo sous la supervision de la DGRE, les services de l'État soient de nouveau mis à contribution pour enlever un simple homme d'opinion, totalement inoffensif et n'ayant pour seule arme que sa parole ? Les Camerounais semblent être les seuls à avoir été choqués par les méthodes démoniaques employées par les amis de Jean-Pierre Amougou Belinga, tandis que de son côté, l'État censé les rassurer et les protéger continue d'assumer les mêmes pratiques animales.
Dans le cas de Fabien Kengne, c'est le même type de filature que pour Zogo, le même type d'enlèvement, le même type d'intimidation... Il n'aura manqué que la sodomie et la mise à mort (certainement grâce à l'énorme pression populaire qui a émergé dès les premiers instants de ce kidnapping d'État).
Vous comprenez chaque jour un peu plus pourquoi je les appelle "le gang de malfrats". Ce n'est pas qu'un simple sobriquet, mais le résumé d'un constat. Du haut de sa profonde médiocrité sur le plan du bilan socio-économique, il ne reste au cartel d'Étoudi que la menace, l'intimidation et l'instauration d'un climat de terreur, afin de désintéresser les populations à la chose politique et de se garantir les délices du pouvoir pour 40 autres années.
La cerise sur le gâteau étant évidemment la promotion massive et compulsive du tribalisme et de la haine de l'autre. Tous les moyens sont bons pour rester au pouvoir et ils sont prêts à les employer, quitte à perdre leur humanité. Et dans leur cas c'est facile, puisqu'on ne peut pas perdre ce qu'on n'a jamais eu.
Fabien Kengne, simple avocat et militant d'un parti politique, se fait donc ramasser par une escouade de soldats armés jusqu'aux dents, pendant qu'aucun des frères de Paul Biya parmi la horde de voyous tribalistes de Sangmélima n'a été inquiété à ce jour, alors qu'ils ont profité d'un non-sujet pour s'en aller voler de la nourriture dans les boutiques de leurs voisins, tout en menaçant de chasser ces derniers de leur village. C'est cela un gang de malfrats. Dans l'absolu, les méthodes du régime de Yaoundé sont les mêmes que celles employées dans l'Union soviétique de Staline, à l'époque du Goulag […].
Un gang de malfrats sentant sa fin prochaine, fit venir ses agents et leur parla sans témoins : « Gardez-vous, dit-il, d'oublier que le pouvoir est un héritage que laissera notre frère du village. Tuez, fusillez, torturez, ne laissez nulle place où l'opposition ne trépasse ». Voilà ce qui explique qu'au sortir du plateau d'Équinoxe TV ce lundi 29 mai, les agents du gang aient revêtu leurs cagoules de loup-garou pour faire de Kengne leur plateau repas du soir, sous la froide pleine-lune.
La seule bonne nouvelle, c'est qu'un membre ultra zélé du RDPC, Yves Abama, était présent et a observé toute la scène ; s'il n'a toujours pas compris que nul n'est à l'abri et que juste après son ami Massamoh ce sera lui, il comprendra le moment venu », signé Claude Wilfried Ekanga du MRC.